« Tch, ça brûle!!!
- Qu-qu'est-ce que...?»
Je m'approche et tends mon bras pour l'aider mais le retire aussitôt. Je ne veux pas que la scène se répète. Il se retient de crier, je le vois bien. Un rai de lumière semble dessiner des arabesques abstraites, avant de disparaître complètement. Un tatouage délicat, magnifiquement détaillé, recouvre désormais le dos de sa main droite et s'étend de la base de ses doigts jusqu'à la naissance de son poignet.
« Bordel, mais c'est quoi ça? gémit-il en regardant sa main tremblante.
- A-Attends, je vais chercher de l'aide, je reviens! »
J'ouvre la porte de la chambre à la volée et me précipite dans les couloirs, faisant sursauter deux gardes qui faisaient leur ronde.
« Vite!!! Un guérisseur!! Arthur est blessé!
- Que dites vous, Monseigneur?
- Mais bougez-vous bon sang! Je vous dis que Arthur est blessé, j'ai besoin d'un guérisseur MAINTENANT!
- Messire Arthur?! »
Affolés, les gardes lâchent leurs armes et partent chercher de l'aide. Pendant ce temps, j'informe quelques servants de l'état des choses et cours à la recherche de mon père. Je le trouve dans la salle de réunion, avec un des membres du conseil. Ils me regardent de travers, je n'aurais pas dû les déranger... Mais c'est une urgence! Je leur explique rapidement. Mes interlocuteurs échangent un regard surpris. Mon père est perplexe.
« Tu dis que sa main est calcinée ? Et qu'un tatouage s'est formé sur sa peau ?
- Oui père, c'est bien cela.
- Et vous n'avez rien fait de...
- Non! l'interromps-je.
- Mais alors... Pourquoi? Ce n'est jamais arrivé auparavant, du moins je n'ai jamais rien entendu de tel! Tout va de travers... Ce n'est pas possible... »
Il se tourne vers le mage noir et échange quelques mots avec lui. Après quelques hochements de tête, la mage sort de la pièce.
« Les guérisseurs vont s'en occuper. Nous allons le placer en observation pendant la nuit.
- Qu'est-ce que vous allez lui faire? demandé-je, méfiant.
- Rien de particulier, nous allons juste nous assurer que ce n'est pas un imposteur...
- Mais...
- Ecoutez, vous me fatiguez. Pourquoi ne pouviez-vous pas être une Héritière normale avec un Elu normal? Nous n'aurions pas autant de problèmes!»
Je baisse la tête. Qu'est-ce que j'en sais moi?! Je n'ai pas choisi cette vie. Je n'en veux pas en plus. J'ai envie de lui foutre mon point dans la figure. Depuis toujours, je ne fais pas les choses assez bien. Depuis toujours j'ai l'impression qu'il me maudit en son fort intérieur. Pire, qu'il me reproche d'être né. Je tourne les talons sans mot dire et claque violemment la porte derrière moi. Je retourne dans ma chambre à grands pas. Arthur ne s'y trouve plus. Il est sûrement déjà parti se faire soigner, et c'est tant mieux. La pièce est très spacieuse, du moins plus que mon ancienne chambre. Pourtant il n'y a qu'un lit aux draps de satin rouge, une armoire en bois et une petite table de chevet où brûle une lampe à huile. Ne sachant pas quoi faire, je m'assieds sur le lit à baldaquin. Je porte ma main à mon front. Brûlant. Je dois avoir de la fièvre. J'entends un discret tapotement sur la porte. Peut-être s'agit-il d'Arthur?
« Oui?
- Tristan? Puis-je entrer? »
Je reconnais la voix de ma domestique Ayline. C'est un peu ma deuxième mère maintenant que la reine est décédée. C'est une brave femme un peu ronde, très attachante. Elle porte toujours un tablier blanc par dessus sa robe vert émeraude de servante. Ses cheveux bruns, coiffés en chignon, sont cachés par une coiffe blanche en tissu fin. Elle s'occupe de moi depuis que je suis tout petit. Elle n'a jamais pu avoir d'enfant, alors elle me traite comme son propre fils. Je l'adore.

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L'Héritier
Teen FictionDans une contrée lointaine et dans un temps lointain, vivait un peuple étrange aux traditions toutes aussi particulières. Chaque nouveau siècle, une jeune fille naissait au sein de la famille royale. Celle-ci était appelée l'Héritière et était préde...