Lorsque nous revenons dans notre monde, rien n'a changé. Comme si seule notre conscience avait voyagé, nos corps, eux, sont restés figés. Nous sommes toujours devant l'autel, les lèvres scellées, le coeur battant.
Le temps ne s'est pas écoulé.
Il y a un moment de flottement, durant lequel nous tentons de reprendre nos esprits, confus par les récents évènements. D'un seul coup, Arthur se retire vivement et tombe à genoux en poussant un cri de souffrance, me faisant complètement revenir à la réalité. Je cligne des yeux plusieurs fois, puis je porte mon regard sur lui. Une étrange lueur entoure son bras droit, qu'il tient en gémissant. J'ai comme une impression de déjà-vu... La surprise passée, je m'empresse de l'aider à retirer son haut afin de mettre le membre blessé à nu. Et ce que je vois me stupéfie. Un long tatouage se dessine à partir de celui déjà existant, entourant cette fois l'entier de son bras et montant jusqu'à son épaule. On dirait des mots, ou du moins une sorte d'écriture aux arabesques compliquées. Après m'être assuré qu'il ne ressentait plus aucune douleur, fasciné, je suis les marques du doigt. C'est alors que monte en moi le même sentiment grisant de tout à l'heure. Une énergie se propage dans mes membres, comme si j'étais irradié par un soleil brûlant, et ma magie explose. Il y a un grand bruit, et une vague de chaleur sous la forme d'une onde dorée se répand dans la salle du trône. Effrayés, les gens hurlent et se jettent sur le sol. Même mon père se protège de son bouclier. Moi, je suis étrangement calme, comme si la scène qui se déroule devant mes yeux provenait d'un rêve et que je savais que je n'avais rien à craindre.
Soudain, un cri s'élève. Mais ce n'est pas un cri de détresse, non. C'est un véritable cri de joie.
« Guéri! Mon fils est guéri! C'est un miracle!»
Les gens se relèvent alors les uns après les autres, indemnes et étonnés. Ils s'observent entre eux et prennent leurs enfants dans leurs bras. La panique passée, ils ont bientôt tous le sourire aux lèvres et les larmes aux yeux. Quelqu'un s'exclame:
« Voyez comme nos vêtements ont été rapiécés, nos maux guéris et nos maladies éradiquée par les sauveurs du peuple! Ils n'avaient pas menti! Prosternez vous devant leur puissance divine!»
Ils hochent la tête et se mettent à genoux en louant nos bienfaits et en nous adressant des prières. Nous nous relevons à notre tour, confus, ne sachant pas comment réagir devant de telles démonstrations de respect et de bonheur. Arthur m'encourage à leur parler.
Embarrassé, je m'approche d'eux.
«Relevez-vous, je vous en prie. Vous devez certainement vous demander ce qu'il se passe... Je dois avouer que je n'en sais pas vraiment plus que vous... »
Ils lèvent la tête vers moi, d'un air interrogateur. Je regarde mes mains, avant de les présenter à la foule.
« ... Mais messire Arthur et moi-même possédons bel et bien le pourvoir de contrôler la magie. Une magie bienfaisante qui permet apparemment de guérir et d'éradiquer les maux. Cependant, rien ne sert de nous vénérer de la sorte, ni de nous craindre d'ailleurs; nous ne sommes pas des dieux, mais de simples humains. Et nous allons tout faire pour mettre nos pouvoirs à votre profit. Nous avons juste besoin de votre confiance. »
À nouveau, nous pouvons entendre des cris d'approbations. Je souris et m'apprête à continuer, mais mon père m'interrompt en grondant:
« Il suffit. Je vais vous demander à tous de quitter la pièce à la suite des mariés, et de bien vouloir rejoindre la salle des festivités. Pour ceux qui ne peuvent malheureusement pas assister à la réception, des gardes vont vous reconduire à l'extérieur. »

VOUS LISEZ
L'Héritier
Teen FictionDans une contrée lointaine et dans un temps lointain, vivait un peuple étrange aux traditions toutes aussi particulières. Chaque nouveau siècle, une jeune fille naissait au sein de la famille royale. Celle-ci était appelée l'Héritière et était préde...