Chapitre II | Nouvelle rencontre

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L'agitation était à son paroxysme, rythmée par un mutisme insaisissable. Seules les piailleries des escortes au sol du général Yun brisaient ce silence absolu. Tous les souffles étaient retenus, et tous les regards étaient braqués sur les trois rétifs. De la stupéfaction, des sourcils froncés, ainsi que des réflexions indécises s'emparaient des faciès du peuple. Sur le terrain, la foule voyait les siens. Leur catégorie. Des rebelles qui se hasardaient à se dresser contre l'autorité. Des factieux qui parlaient pour beaucoup d'autres, à travers de simples gestes de révolte. La population venait de redécouvrir l'espérance ; ce petit halo de conviction qui reprenait du service à travers leurs soupirs de soulagement, quelques minutes plus tard.

Ziwei Xia (紫薇 夏) et Suying (素莹) ne bougeaient pas d'un pouce, comme figées face à l'événement vis-à-vis de ces minutes inattendues. Ce fut un râlement irascible qui sortit les paysans de leurs inerties. Aussitôt, les cerveaux de la princesse et de son amie se reconnectèrent, prises par un brusque affolement. La confidente se releva directement, empoignant le bras de Son Altesse Royal sans piper mots, avant de la conduire jusqu'à la grande foule, afin de s'y dissimuler. La princesse se laissa guider, la force ayant quitté son organisme suite à ses diverses émotions ressenties en cet instant actuel. Elles parvinrent à se camoufler derrière la première rangée de paysans, jetant des œillades discrètes à cet esclandre nullement terminée.

Le général Yun dégagea, avec plus de hargne, le voile couvrant la chaise de Sedan, laissant ainsi découvrir son courroux sans appel. Se maintenant sur une épaisse barre en bois massif, parfaitement bien sculptée, qui lui permettait de se tenir debout sans pour autant retrouver pieds sur terre, il examina la foule tout entière d'un œil inquisiteur, tranchant entre l'envie de tous les éliminer, et le contrôle qu'il se devait de garder. Son regard se posa sur les trois indisciplinés, avant de tonner d'une voix ferme :


— Misérables vermines, cracha-t-il à leur encontre, est-ce une manie chez vous, chiens de la basse société, de se sentir pousser des ailes en vous montrant en spectacle, tout en ayant pleinement conscience des représailles qui vous attendront ?


Personne ne rétorqua aux insultantes paroles du général, partagée entre la peur et la colère. Comment osait-il nous traiter de cette manière ? fut la pensée première de certains. Bien que sidérée par son manque de respect, la population ne se permettrait pas d'intervenir, ou d'objecter, connaissant pertinemment les conséquences qui s'ensuivront. La mort n'arrivait qu'une fois, tout comme la vie. Jamais le peuple n'irait entraver le chemin de l'autorité ; ce serait comme se jeter dans la gueule du loup, sans échappatoire pour se sauver.

Exceptée XiaoYanZi (小燕子). Elle n'était pas le peuple, mais plutôt leur voix. Celle qui clamait l'injustice et l'intolérance. Celle qui irait jusqu'au bout pour défendre les valeurs de la communauté. Elle ne détenait, certes, pas une assez grande puissance contre Yun, mais elle possédait le respect d'autrui ; chose que le pouvoir ne connaissait guère. Malgré le fait qu'aucun n'ait élevée la voix, celle du protagoniste principal reprit derechef le spectacle, avec une assurance impénétrable :


— De la part d'un général, on se demande qui est le chien dans l'histoire, fit-elle d'un sourire amusé.


Le silence quitta le lieu, très vite remplacé par un brouhaha de stupéfaction, voire d'abasourdissement. Nul ne s'attendait à une telle attaque. Seuls les deux acolytes accompagnant XiaoYanZi hochèrent de la tête, riant au nez du général Yun. Ce dernier crut sentir, pendant un instant, son cœur s'arrêter de battre, tant le choc l'avait cloué sur place. Jamais personne n'avait eu l'audace de lui tenir tête, pas même les plus hardis. En cet instant, il oublia son amour-propre, son objectif ne se figeant que sur la sombre idiote face à lui. D'un rugissement animal, il ordonna avec dédain :

Bataillons sanguinairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant