douze

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OLIVER


                   il y a trois ans



Le temps s'épanchait entre les draps.

Je regardais le ciel ouvrir ses yeux fatigués. Le rose et l'orangé, puis l'azur, ou le gris brumeux.

Je le regardais s'endormir paisiblement, s'éclipser derrière son voile nocturne et étoilé.


Roman, Alice et Salomon passaient souvent me voir. Je leur souriais. Je les redécouvrais à chaque fois. Entre temps, j'oubliais leurs voix et ce qu'ils représentaient pour moi. Je n'avais plus d'admiration aveuglée pour Roman, plus de pure amitié pour Alice, plus de fausse haine pour Salomon. Je me réjouissais simplement que certaines personnes me rendent visite pour s'assurer que j'étais encore vivant.

Je leur demandais où est Calixte?  Leurs regards se croisaient. Ils ne savaient jamais quoi répondre. Alice passait sa main sur ma joue rugueuse de barbe. Ils me disaient, la gorge nouée, on ne sait pas ; elle est partie. Je le savais. Je l'avais senti. Je continuais de sourire. Je n'étais pas triste. Elle avait même harponné tous mes chagrins.




Les semaines s'écoulaient. Je ne bougeais pas de mon lit. J'aurais bien voulu, pourtant, mais mes os m'avaient quitté. Mon corps n'était plus que de la chair flottante, gorgée de coton. Il y avait des émeraudes dans mon cœur, enfouis parmi des couches vertes de pourriture. Je restais dans la chaleur de mes draps, face au ciel, face aux entrevues de mes amis, à leurs questions, leurs airs tristes, leurs non-dits. Je n'arrêtais pas de sourire. Je ne pleurais pas. Je crois que ça les effrayait. Ils auraient préféré que j'explose tous les murs entre mes mains saillantes, entendre les éclats brisés et les crevasses de ma voix.




Un soir, Alice m'a réveillé. Elle s'est assise sur la couette et m'a caressé les cheveux, comme une mère.

Oliver, elle a chuchoté d'une voix aussi douce que ses doigts, il y a une fête ce soir. Ça nous ferait plaisir que tu viennes avec nous. Mais si tu ne veux pas, on ne t'en voudra pas, mon petit chéri. Je pourrais même rester avec toi, si tu veux. On pourrait regarder Le Château ambulant, tous les deux, comme ça.

braises de satinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant