trente-trois

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DEUXIÈME ANNÉE

suite

ADÈLE

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ADÈLE


À mes côtés, Oliver était plus beau que jamais.

Les néons et les étoiles se reflétaient dans l'émeraude liquide de ses yeux. Ses cheveux en bataille, ses vêtements, les cernes longeant ses paupières cramoisies ; tout était noir. Des oiseaux gris clair étaient cousus sur sa chemise, chatoyant lentement sous les lumières.

Il tenait un verre de rhum. Ses phalanges n'étaient plus abîmées, ni rouges. Il n'avait rien cogné depuis des mois. Des fois, ça le démangeait ; je le voyais, je le sentais. Mais il résistait. Il avait toujours été un grand guerrier.

Au milieu de la foule, des bars de la rue aux portes grandes ouvertes, du vent d'automne, il avait l'air absent, tellement lointain. Et pourtant, il paraissait, parallèlement, tout distinguer et tout entendre.

J'ai regardé au loin. On attendait les autres.

Déjà, un peu de peur tirait mes veines.



C'est Roman qui nous a annoncé que Calixte était revenue. D'abord à moi, quand il était sûr qu'Oliver ne pouvait pas nous entendre, ni se douter de quelque chose. Il l'avait dit en chuchotant. Je voyais qu'il était nerveux. Oh, j'avais répondu. Oh, j'avais pensé. C'était tout. C'était rien.

Je m'étais remémorée le soir de l'anniversaire de Salomon, il y avait plus de deux ans, déjà. Elle m'avait aidée, ce soir là. Elle avait été mon ange gardien. Depuis, je n'avais pas pu la détester.

Oh, j'avais pensé. Oh. Comme si je me disais, ça y est, c'est le moment.

Ça y est, elle revient ; et Oliver va partir. Ça y est. Comme si je le savais depuis toujours. Comme si c'était écrit. Comme si j'acceptais cette fatalité. Comme si c'était destiné, et qu'on ne pouvait rien, absolument rien, faire contre ça.

Comme on passe des années à s'équiper, se protéger, se parer face à l'approche d'une catastrophe naturelle ; et quand elle arrive, tout s'envole en fumée, en vent, en particules invisibles, en rien ; et on laisse faire, on laisse couler, on laisse partir, on laisse mourir.

Oh.



Roman l'avait dit à Oliver quelques jours plus tard. Sa voix avait été si calme, si douce ; d'une tendresse à en fondre sur place. Pourtant, je savais qu'au fond de lui, il tremblait de peur. Moi je ne regardais qu'Oliver. Je le regardais, je le regardais, je le regardais.

braises de satinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant