treize

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tu sais que je t'ai dédié tous les mots du monde

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tu sais que je t'ai dédié tous les mots du monde

chaque chanson, chaque poème

et rien n'avait de saveur sans la chaleur de ta voix.

tu sais que les pétales des roses ont toujours eu la même sensation que ta peau

et que toutes les fleurs s'épanouissaient dans mon regard

quand mes iris se suspendaient à ta présence.

tu sais que j'ai vécu une saison en enfer

et pourtant je ne voyais que l'espoir du printemps

que j'entendais dans tes rires.

tu sais que je t'ai aimé plus que j'ai aimé la vie.

tu sais que



Adèle?   

Je me suis retourné. Ma belle-mère me tendait une cigarette. J'ai secoué la tête avec un geste poli de la main.

Je ne fume plus.

Elle s'est emparé de mon poignet et a forcé la cigarette entre mes doigts. Je n'ai pas protesté. Je l'ai laissé approcher son briquet.

J'ai lutté pour ne pas cracher mes poumons. Je retrouvais cette saveur douce et déchirante qui m'avait manqué ; et avec, tant de souvenirs fourvoyés.


Je me suis de nouveau tourné vers la fenêtre. Mon regard s'est égaré vers le jardin, où Oliver et son père marchaient entre les magnolias. Mon amoureux avait les mains dans les poches et l'air pensif ; son géniteur le regard levé vers le soleil. Je me suis demandé le sujet de leur conversation. Je me suis dit que j'aurais aimé que Salomon et Alice soient là. Peut-être que la violente fumée de ma cigarette n'était pas la seule raison des larmes qui pesaient au bord de mes paupières.



Avant, Salomon et Oliver ne venaient pas séparément. Et puis, leurs parents avaient jugé que c'était préférable pour tout le monde. La mère finissait toujours en larmes, le père par gueuler sur n'importe qui à propos de n'importe quoi, et Oliver les deux à la fois. J'allais m'éclipser dans le jardin, tandis que Salomon partait s'isoler le plus loin possible, à l'autre bout de la rue quand le chagrin lui faisait serrer les poings ; et Alice restait pour s'occuper des pots cassés. C'était à ces moments là, éperdue entre les magnolias, que je détestais le plus Oliver. Je m'agrippais aux brins d'herbe pour ne pas courir me jeter sur lui et le secouer de toutes mes forces. 

braises de satinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant