Sixteenth

271 15 3
                                    

À peine arrivée chez moi, je m'écroule sur le lit et sombre dans un profond sommeil. Sur le plan émotionnel, l'entrevue avec Julianne m'a épuisée.

À mon réveil, je me sens déjà plus légère. C'est fou comme,soudain, je parviens à me remettre de mon approbation - ou en tout cas de mon consentement - aux desseins de Sara.

Ai-je perdu la tête en acceptant cela sans avoir conscience des conséquences qu'une telle entreprise peut engendrer ?

J'aimerais appeler Hayden pour lui en parler. J'aimerais appeler Justin,passer mes mains derrière sa nuque et le laisser me réconforter comme il sait si bien le faire. J'aimerais prendre Andrew dans mes bras et effacer les seize mois qui viennent de s'écouler.

Mais rien de tout cela n'est possible. Justin est je-ne-sais-où, sans doute de retour chez lui à Los Angeles. Hayden me forcerait à l'appeler et, même si je donnerais tout pour être dans ses bras,je ne suis pas sûre d'être capable de partager sa vie.

J'ai enfin réussi à parler à Julianne, mais je doute que cela change quoi que ce soit entre Justin et moi.

Andrew me manque plus que jamais. Cela fait trop longtemps que je ne suis pas allée lui parler. Je ne me suis pas recueillie sur sa tombe depuis mon retour de tournée ; je ne savais pas quoi lui dire, ce qui est idiot, en réalité. Enfin, je m'extirpe de mon lit et pars dans la salle de bains me coiffer et arranger mon maquillage qui a coulé sur tout mon visage.

Devant mon reflet dans le miroir, je fronce les sourcils. J'ai le teint cireux et les yeux vitreux. Mon mascara laisse des traînées noires sur mes joues et mes cheveux se sont emmêlés pendant ma sieste improvisée. Je les brosse d'un geste vif, me démaquille etre passe un peu de blush sur mes pommettes. C'est idiot. À quoi bon me maquiller, j'aurai une mine plus décomposée encore en revenant du cimetière.

Dans la cuisine, la sonnerie attribuée à Hayden retentit et je vais répondre. Je marmonne d'un ton grave :

— Salut.

Il y a des jours comme ça.

— Qu'est-ce qui ne va pas ?

Évidemment,rien ne lui échappe.

— Rien... J'allais sortir, tu as quelque chose à me dire ?

Je ne lui dis pas où j'ai l'intention de me rendre.

Après l'enterrement, j'ai passé tant de temps au cimetière que mes parents et Hayden ont commencé à compter mes allers et retours, sachant que, si je ne pleurais pas chez moi, je pleurais là-bas. Les mois ont passé et j'ai commencé à aller mieux, alors je ne m'y suis plus rendue qu'une fois par semaine. Mais, aujourd'hui,c'est différent. Je ne veux pas en parler à Hayden.

En reprenant la parole, elle articule ses mots avec un maximum de précautions.

— Tu as oublié quelque chose dans le bus. Chase me l'a envoyé.

Je fouille aussitôt dans ma mémoire à la recherche d'un objet que j'aurais cherché depuis mon retour. Rien ne me manque, ce ne doit pas être important.

— Ça ne peut pas attendre ?
— Non, c'est urgent. On se retrouve en bas de chez toi dans cinq minutes, OK ?

Elle raccroche sans me laisser le temps de répondre. Je tue le temps en enfilant au ralenti mes bottes, mon écharpe et mon anorak. Le mois de novembre est bien entamé et le froid automnal est glacial, à croire qu'il pourrait neiger à tout moment. Mais je me fiche bien de la température : j'ai besoin de les voir, un point c'est tout.

En sortant dans le hall, un cri m'échappe en voyant Hayden. Derrière elle, je l'aperçois, grand et séduisant comme à son habitude avec sa casquette de base-ball enfilée à l'envers, sa veste en cuir et son jean troué.

Just A Song | JB (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant