shades of personality [z.m] ✓

Chapitre Dix ✓

Bay Masterson

Des filets de lumière arrivent à mes faibles paupières parfumées de fatigue, puis louchent vers mes yeux pendant deux bonnes minutes avant que je réalise tout ce que j'aurai à faire aujourd'hui. J'ai envie de rester ici, de ne pas paraître gentille aux yeux de Zayn, de foutre de la merde à Adam, de faire patienter les petits enfants qui veulent apprendre à bien jouer au tennis. La journée d'hier est comme un lointain souvenir ; comme j'essaie de m'en rappeler, des détails s'amusent à se volatiliser.

C'est exactement ce qui explique mon état boudeur matinal. Pendant toute la nuit, mes doutes entourant ce que je vis en ce moment s'était gentiment dissipés. Mais maintenant, des innombrables questions hantent ma pauvre tête, me donnant aucune pause pour penser à tout avec une bonne couverture chaude et un bouillant chocolat chaud. J'avoue, j'ai peut-être été trop dure avec Sierra, à ce que j'ai pensé de son message. J'avoue, j'aurai pu accepter avec plus de joie la demande d'une rencontre avec l'Équipe de Shawn. J'avoue, je n'aurai pas dû croire à prime abord Nash me disant que c'est Zayn qui lui a confié mon numéro. Mais, eux, n'auraient-ils pas pu savoir que j'ai eu une grosse journée ? Non, bien sûr, ce n'est pas écrit sur mon front...

Les marches de bois franc craquent sur mes pas, m'enlevant la subtilité qui avait prit hôte de mon esprit, puis je me raidis aux sombres bruits. Rendue à la cuisine, j'allume la lumière jaunâtre située au dessus de l'îlot, créant un contraste entre la forte obscurité de dehors. Je me sers hâtivement un bol de Cheerios natures en regardant avec mes yeux encore collés l'écran de mon Nokia. Aucun nouveau message. Après mon déjeuner passé dans un silence effrayant, je me dirige de nouveau vers ma chambre pour enfiler mes vêtements pour la journée et prend mon sac de sport ainsi que mon sac Babolat rouge de tennis. Malgré l'heure matinale, je suis déjà prête pour affronter cette nouvelle étape de ma vie, que j'ai soigneusement appelée « Infâme Samedi Matin de Février ».

J'attend quelques minutes - qui s'avère être une heure - pour afin quitter la maison familiale en compagnie de mon père vers le Centre Sportif. Je demeure d'humeur assez bête, en regardant défiler les propriétés des Fitzgerald, des Talevski et des Malik. Devrais-je toujours lui rendre un service ? Mes ongles griffonnent la pellicule de plastique qui recouvre mon manuel d'espagnol. Il est encore sept heures et demie, j'ai toujours le temps de changer d'idée. En revanche, Zayn aurait pu me laisser en plan à la pâtisserie, hier, alors... c'est comme s'il le méritait ? Je grommelle en maudissant ma malchance, celle qui aime bien se pointer quand je suffoque quasiment. J'ai passé les derniers jours à penser à mon avenir, dans une moue désemparée ; est-il en danger ? Est-ce que mes projets d'étudier dans une bonne université, monter dans le grade du Women's Tennis Association et d'avoir une belle vie sans trop d'anicroches avec une famille heureuse tiennent toujours ? Cela, je ne le sais pas.

Mon père me toise, avec un petit sourire en coin, puis retourne sa tête vers l'obscurité de plus en plus mourante que les phares lumineux illumine.

"Est-ce que tout va bien ? Il me semble que tu n'es pas trop jasante depuis que nous sommes partis de la maison." Demande mon géniteur en se stationnant dans la section « tennis » du parking.

Je hausse brièvement la tête en lui offrant un petit sourire forcé.

"Oui. Il faut que je me dépêche, je dois faire mon jogging avant le cours que je donne. Bye."