Chapitre 15 : " Nous avons voyagé à travers les terres et les mers."

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Un anonyme a laissé à ce monde une bien jolie phrase : "Il fallait bien qu'un visage réponde à tous les noms du monde. "




- Joyeux anniversaire, commencèrent à chanter en coeur la soixantaine d'étudiants dans le bus nous conduisant à ce fameux centre-commercial que je redoutais tant.



Matthew n'était qu'à quelques rangs de moi, et je voyais son énorme sourire illuminer la journée de tout le monde. Il fêtait ses dix-huit ans et nous avait confié la veille, juste avant que nous rentrions dans nos chambres, qu'il n'aurait pu espérer meilleure compagnie pour cet événement. Bien sûr, il ne parlait pas de moi, ou de la foule d'inconnu qui l'entourait, mais de sa bande d'amis à qui il tenait particulièrement. Et je ne pouvais fuir ce sentiment de bien-être que je ressentais chaque fois que j'observais leurs petites attention, comme si j'étais chanceuse de voir une relation aussi magique dans un monde aussi triste.

Emeraude, assise à mes côtés, profita du bruit pour me murmurer à l'oreille :



- Tu veux quoi pour ton anniversaire ?



Je grimaçai instantanément. Nous étions le 7 juillet, et je fêterais également mes dix-huit ans le 9, soit lundi. Je n'en avais parlé à personne, et j'avais tenu à ce que ma meilleure amie en fasse de même. Je priais intérieurement qu'aucun des moniteurs n'est épluché nos dossiers d'inscription pour apprendre la date de mon anniversaire, parce que je n'étais pas certaine d'avoir envie de le fêter.

Je ne me souvenais pas réellement de la dernière année où je l'avais fêter d'ailleurs. Peut-être que cela remontait à mes quatorze ans, peut-être même qu'à cette époque, je m'étais déjà faite à l'idée de ne plus fêter cette journée. J'aurais aimé avoir une histoire tragique à raconter pour expliquer cette absence totale d'engouement pour cette fête, mais je n'avais rien d'autre qu'une triste vérité.



- Un brownie, ai-je répondu sérieusement.



Emeraude était la seule à se battre pour continuer à faire de cette journée quelque chose de spéciale, et si je m'étais révoltée les premières années, j'avais fini par comprendre que ça ne servait à rien. Elle me rapportait toujours un paquet bien emballé qui contenait un objet souvent très cher qui me gênait toujours autant. Pour mes dix-sept ans, elle m'avait offert une robe d'une marque très connue mais qui ne m'avait jamais dit quoi que ce soit, et je ne l'avais porté qu'à une seule occasion : le bal de mon lycée.



- Je ne suis pas en train de rigoler Noah, me sermona-t-elle suite à ma réponse qu'elle estimait pathétique.

- Moi non plus, ai-je rétorqué avec un grand sourire.



Ma meilleure amie a toujours vécu baigné dans l'argent. Pour elle, c'est une banalité comme une autre que de dépenser ses économies pour dessiner quelques sourires sur les lèvres des personnes qui comptaient pour elle. Mais ce n'était pas mon cas. Surtout cette dernière année où les seules rentrées d'argent que nous pouvions recevoir du salaire de mon frère se retrouvait immédiatement dépensées dans les soins dont ma mère avait besoin.

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