CHAPITRE UN : LE DEPART ~ #5 : Extrait d'une prière

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Un homme en costume - le chauffeur - descendit du véhicule. Il ne me salua pas, sous aucune forme, et me demanda avec son accent : « Jayce ? ».

Je ne savais pas si je devais répondre en français ou en anglais.

« O-... Yeah ? » finis-je par dire.

L'homme se retourna et déverrouilla la portière arrière de la voiture. Par un signe de la main, il m'invita à entrer.

Le trajet fut long et silencieux. Entre nous deux c'était silence radio. Pas même un regard dans le rétroviseur pour m'observer. Nous traversions les souterrains de la ville et, après avoir franchis plusieurs barrages militaires, nous arrivions aux sous-sols du palais royal. Une fois le véhicule à l'arrêt, on m'ouvrit la porte. Les gardes royaux m'accompagnèrent jusqu'à un premier sas, puis un second. Je vous épargne les détails des nombreuses fouilles que j'ai subi avant d'entrer dans le palais.

Alors que deux autres hommes me conduisirent vers la salle du trône, ils s'arrêtèrent brusquement au son intense d'une cloche. Ils s'agenouillèrent et m'ordonnèrent de faire de même. Les yeux fermés, le visage en direction du sol et les mains qui suppliaient le ciel, les soldats se mirent à dicter une prière - en anglais bien sûr. Pendant plus d'une minute ils chuchotaient et le carillon raisonnait de manière incessante. Du coin de l'œil, je les regardais et je tentai de tirer les mots de leur bouche, mais je n'en eu qu'un extrait :

« ... sauveur de notre monde en chaos ; gardes ton ... aigle protecteur sur nos ... danger ; Nous t'obéissons, ô ... clefs, comme nous obéissons à ta ... fille Meredith, à ta petite fille Elizabeth ; nous prions pour toi chaque jour ... tu es le cœur qui nous fait battre, nous sommes le sang qui te compose ... vivants. Amen. »

Ils se relevèrent et m'empoignèrent par les bras pour me relever. « Hurry up ! » déclara l'un des deux.

*

- Tout est prêt ma Reine : l'avion, l'équipage, l'équipement...

- Où est-il ?

L'homme s'arrêta de parler un instant et avala sa salive.

- Pardon ?

- Je ne vais pas me répéter.

Il baissa les yeux, puis répondit :

- Lui ? Il n'attend que vous.

La Reine sourit.

- Faites le entrer. C'est moi qui l'attends depuis si longtemps.

*

Les portes s'ouvrirent. On m'ordonna de m'avancer sur le tapis rouge. Je marchais, tête baissée, dans sa direction. Je m'arrêtais et m'inclinais à quelques mètres d'elle.

- Bonjour, ma Reine.

- Bonjour, Jayce.

Elle devait avoir une cinquantaine d'années. Elle ressemblait tellement à sa fille, Elizabeth. Les bijoux et les vêtements d'or étaient, pour elle aussi, également au rendez-vous. Il y avait un ton amer dans sa voix, mais à la fois une douceur dans sa diction française.

- Comme tu le sais, il y a très longtemps, nous avons perdu tous contacts avec nos chers cousins américains. La Terre s'est mise en mouvement, a déclenchée des tremblements, a créé un virus... Mais aujourd'hui, nous ne savons pas ce dont il reste de l'Amérique. Nous avons besoin d'experts, comme toi, pour répondre à toutes ces questions. Nous avons réuni une équipe avec des soldats et ingénieurs pour cette mission. Mais il nous faut un scientifique, plus particulièrement un géologue, et tu es la personne idéale pour cette expérience inédite. Es-tu prêt à nous aider pour retrouver les origines des catastrophes de notre monde perdu ?

Je hochai la tête.

- Très bien, lança-t-elle avec un sourire, bienvenu parmi l'équipage de la mission HADET.

UN CŒUR TAILLÉ DANS LA PIERRE | Science-FictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant