Chapitre 1

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 Nous sommes en fin septembre. Les cours ont déjà commencé, pourtant mon premier jour ne se fera que demain dans mon nouveau lycée. Je m'appelle Appoline, j'ai 16 ans et je viens d'emménager dans une petite ville avec mes parents et mon frère Luke de 15 ans.

Inutile de vous dire que je ne me sens pas du tout prête à l'idée d'intégrer un nouveau lycée 1 mois après la rentrée, et où je ne connais absolument personne. D'autant plus que ma timidité ne m'aidait guère. Là où j'étais avant, j'avais seulement quelques amis qui m'avaient facilement acceptée dans leur groupe, et je m'étais vite attachée à eux. Ils étaient drôles, gentils, et aimaient faire la fête. Des jeunes normaux quoi. Nous étions 5 : Laure, Elise, Grég, et Arnaud. J'étais d'ailleurs sortie quelques mois avec ce dernier. Un garçon très gentil et respectueux, bien que je n'étais pas amoureuse de lui. Mais rassurez-vous je ne le lui avais jamais caché ! S'il y a une chose sur laquelle j'ai horreur de mentir c'est bien les sentiments. Je ne comprends pas les gens qui arrivent à mentir sur ça. Je veux dire, comment peut-on affirmer à quelqu'un que l'on est amoureux de lui droit dans les yeux, sachant que tu n'es pas sincère ?

Bref, j'avais quand même été assez heureuse avec lui, et cela m'avait fait beaucoup de peine de le quitter pour venir ici, mais j'avoue que c'était moins difficile que je ne l'aurais imaginé.

Ce matin est le jour de ma rentrée, et évidemment j'étais en retard. J'étais encore dans la salle de bain à me coiffer, je n'avais toujours pas déjeuné et on devait partir dans 10 minutes.

- Appo, dépêche-toi tu vas être en retard pour ton premier jour !

- J'arrive maman !

Ce n'était quand même pas ma faute si ma chevelure brune était toute emmêlée ce matin. Je me passai quelques légers traits d'eye-liner faisant ressortir mes yeux gris, puis un peu de mascara, et rejoignis la cuisine. J'avalai en vitesse mon bol de céréales tandis que mon frère était toujours à moitié endormi devant ses tartines.

- Hé, tu es au courant que toi aussi t'as cours dans 20 minutes ? lui lançai-je en lui ébouriffant sa tignasse en bataille.

Il marmonna quelque chose d'incompréhensible et je filai dans la voiture pour que maman me dépose au lycée.

Arrivée enfin à destination, je contemplai tous les jeunes devant le portail. Tous étaient déjà en groupe et rigolaient. Je sentis alors mes paumes devenir moites. Rien que de devoir traverser la cour devant tout ce monde inconnu me donnait la nausée. J'avais horreur de passer devant des gens toute seule, j'avais toujours l'impression que toutes les paires d'yeux étaient tournées vers moi, me scrutant pour voir si j'allai tomber la tête la première sur le béton.

J'embrassai ma mère qui m'intima que tout allait bien se passer et descendis de la voiture. Je respirai à fond et me décidai à avancer vers l'entrée, en faisant attention de ne pas aller trop vite ni trop lentement. Déjà que je détestais les rentrées normales, mais là j'avais vraiment le sentiment que tout allait s'écrouler alors que la journée ne faisait que commencer.

Pour ce jour il faisait gris et plutôt frais. J'avais opté pour une tenue décontractée, mais restant classe, pour ne pas que ça fasse trop. Je portais un blouson et un pantalon slim tout deux en (faux) cuir noir, ainsi que des tennis rouge bordeaux. Bon d'accord, tout ceci en plus de mes cheveux ça faisait vraiment la fille qui allait à un enterrement. Mais en même temps c'était à peu près ça.

Je lis les panneaux dans le hall et trouvai enfin la vie scolaire. Une jolie jeune femme blonde d'environ vingt-deux ans m'accueillit chaleureusement et me conduisit à ma salle de cours. Elle essaya de me déstresser mais en vain. Je me sentais déjà transpirer. Génial. Des dizaines de paires d'yeux allaient être focalisés sur moi pendant au moins une minute. J'avais horreur d'être au centre de l'attention...

Arrivées au fond d'un long couloir aux murs en pierres, la surveillante frappa à la porte puis entra après qu'une voix rauque masculine lui indiqua d'entrer. Elle alla parler au professeur quelques secondes et me fit entrer. L'homme en question d'une quarantaine d'années aux cheveux courts et bien coiffés, me présenta évidemment à la classe (merci). Heureusement il n'y passa pas des heures.

- Voici Appoline Duval, elle vient d'arriver aujourd'hui dans votre classe. Je compte sur vous pour lui réserver un bon accueil.

Je perçus quelques rires et sourires en coin, d'autres m'ignoraient totalement et préféraient être sur leur portable. Le professeur de littérature m'indiqua une place à côté d'une fille aux cheveux chatains arrivant aux épaules. Elle me salua en souriant et se décala pour me faire de la place. Je lui rendis un faible sourire, gênée. Super, je devais vraiment passer pour une pauvre idiote totalement coincée. Ma voisine en question était plutôt jolie avec des yeux marron clair, un visage fin, et une frange légère.

- Moi c'est Alice, se présenta la fille.

Ne sachant quoi répondre, je lui répondis:

- Enchantée, moi c'est Appoline.

- Oui je sais, le prof vient de le dire, pouffa t-elle.

Je rougis. Mais quelle imbécile ! Je baissai alors les yeux et sortis mes affaires sans décrocher un mot jusqu'à la fin du cours. Je me sentais vraiment mourir intérieurement.

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