Everything has changed

Chapitre 17

Lauren et moi marchions le long de la mer, les vagues allant et venant caresser nos pieds. Le ciel était couvert, menaçant, et la plage quasiment vide. Les vagues étaient agitées et se battaient entre elles, comme pour être la première à atteindre le rivage. Il n'y avait aucun bateau au large, et des cris d'enfants se mêlaient au loin à ceux des mouettes. Emmitouflée dans mon anorak, bras dessus bras dessous avec Lauren, je luttai contre le vent.

Elle nous avait emmenées pour un week-end à la mer, dans un studio juste à deux pas qu'elle avait loué. J'avais prétexté à ma mère un week end de révisions chez une amie, et bizarrement elle n'avait posé aucune question. Sûrement trop préoccupée par son boulot.

Lauren avait voulu que je m'éloigne un peu de tout "ça". Le chantage, les photos... Elle n'avait même pas été en colère que je ne lui ai rien dit, juste inquiète pour moi. Elle m'avait promis qu'on trouverait qui est derrière tout ça, et que de toute façon elle s'en fichait que tout le monde sache pour nous. Mais pour ça, j'avais du mal à la croire. Quand elle en avait parlé, bien qu'elle ai fait mine que tout allait bien, j'avais lu dans ses yeux qu'elle était effrayée.

Lauren me bouscula alors qu'une petite vague vint s'écraser sur nos jambes, puis s'enfuit en courant. Je la poursuivis et réussi à l'éclabousser bien plus que je n'avais été mouillée par sa faute.

Après avoir marcher un long moment côte à côté, elle aborda enfin le sujet.

- Ecoute, j'ai demandé à un pote doué en informatique d'essayer de tracer les sms qu'on t'avait envoyé. Il s'y est mis il y a 2-3 jours déjà, et normalement il doit m'appeler aujourd'hui pour me dire ce qu'il en est.

- Et tu crois que c'est possible qu'il retrouve l'expéditeur ?

Elle haussa les épaules, contemplant l'horizon, le bruit du ressac à nos pieds.

- C'est pas sur. Mais sinon on trouvera un autre moyen.

Je la regardai. Elle ne le remarqua pas, pas avant un moment. Elle était soucieuse, ses yeux se perdaient dans l'océan. Puis elle tourna enfin la tête et croisa mon regard, et je ne pu m'empêcher de sourire malgré moi.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda t-elle.

Je détournai le regard  et avançai plus rapidement. Cette fille me rendait dingue.

Après la promenade, nous nous rendîmes dans un café, à l'abri du froid. Je pris un chocolat chaud, elle un café. La télé était allumée sur une chaine d'infos, la radio allumée, et des passants se pressaient de marcher. Je sentis sa jambe s'entrelacer entre les miennes, mais tentai de l'ignorer et bu une gorgée.

Je ne savais même plus ce que nous étions. Amies, petites-amies. Ce que je savais c'est qu'elle était et voulait être là pour m'aider à trouver ce cingler qui nous harceler pour une raison inconnue. J'avais pensé plusieurs fois à la police, mais il était hors de question que ma mère soit au courant de tout ça.

C'était une des choses que j'aimais quand j'étais avec Lauren : on pouvait se contempler les yeux dans les yeux pendant des heures sans rien dire, et sans que cela soit gênant. Parfois on se souriait simplement, et puis on reprenait notre conversation par le regard. Peu m'importait ce qu'elle ait fait auparavant : ce dont j'étais sûre, c'est que cette fille était juste une personne incroyable, gentille et attentionnée. C'était quelqu'un de bien, malgré son caractère.

Puis je vis que sa main se rapprocha de la mienne doucement, je ne bougeai pas. Quand elle arriva enfin sur la mienne, elle me la caressa délicatement et se mis à jouer avec mes doigts. Je remarquai alors l'homme au bar qui nous épiait d'un mauvais oeil. Lauren le vit aussi, et bien que je pensais qu'elle allait le remettre à sa place, la connaissant ; elle retira aussi sa main de la mienne et détourna le regard dehors, se tortillant sur sa chaise.