Everything has changed

Chapitre 8

Lorsque je revins dans ma chambre avec une tasse de chocolat chaud fumante, elle était assise en tailleur sur le bord du lit. Elle avait séché ses larmes et ses yeux verts étincelants étaient maintenant rouges et bouffis. Lauren me regarda et je lui tendis le mug qu'elle pris, avant que je prenne place à côté d'elle. Elle me remercia timidement et bu une gorgée. Pour être honnête, je n'osai vraiment rien dire. C'était la première fois que je la voyais dans cet état là. Je découvrais une nouvelle facette de l'impressionnante, mystérieuse et charismatique Lauren, et bien que j'appréhendais ce qu'elle allait m'apprendre, je ne pus m'empêcher de ressentir de l'excitation. Lauren était une fille solitaire, et le fait que je puisse être, sans doute, la première personne à qui elle elle se confie me rendait heureuse.

 Mes deux colocataires passaient la soirée chez deux autres amies, à quelques chambres de là. Nous étions donc tranquille pour un moment afin de parler.

 Je fixai le parquet, entendant des éclats de rire au loin. Mon interlocutrice finit par se racler la gorge, s'essuyant les yeux. Pendant un moment je pensai à la prendre dans mes bras mais j'y renonçai rapidement. Je voulais la laisser prendre son temps. C'était sans doute déjà un grand pas pour elle de se confier à quelqu'un.

Elle reposa la tasse sur la table de chevet et tripota l'ourlet de sa manche, toujours sans croiser mon regard.

- C'était il y a plusieurs mois, quand j'étais dans mon ancien lycée, commença-t-elle. J'avais plein d'amis, et même un copain parfait. Il était galant, drôle, et amoureux... Enfin, ce que je croyais.

 Lauren marqua une pause et plongea enfin ses yeux dans les miens. Pour la première fois, je ne détournai pas le regard. Je souris, même. Sans trop savoir comment ce que je ressentais à ce moment là était arrivé en moi, je me sentis enfin à l'aise aux côtés de cette jeune fille. Elle regarda mes lèvres quelques secondes, esquissa aussi un léger sourire, et poursuivit son récit.

- Bref, j'avais même de super notes en cours. Mon copain de l'époque et moi sommes sortis ensemble pendant plusieurs mois, et un jour il m'a invitée à l'une de ses fêtes, l'une des plus grosses de l'année, avec quasiment tout le bahut d'invité.

 Je continuai d'écouter attentivement, redoutant la suite.

- On s'amusait vraiment bien, y'avait de l'ambiance et tout. Puis on a décidé de faire un jeu.

 Là, je déglutis. Je savais comment pouvait se terminer les fêtes trop arrosées. Le visage de Lauren se durcit.

- On a commencé à jouer au jeu de action ou vérité, et pour être honnête j'avais pas mal bu. Mon copain a choisi action, et bien sur ses amis lui ont donné comme défi de... de le faire avec moi.

 Nouvelle pause. Cette fois, je lui pris la main et la lui caressa doucement.

- Lauren, dis-je calmement, tu n'es pas obligée de me...

- Alors il m'a entrainée dans sa chambre, me coupa-t-elle comme si je n'avais rien dit. Quand il s'est allongé sur moi sur le lit, j'ai commencé à réaliser ce qui était en train de se passer et je lui demandé d'arrêter. J'entendis les rires de ses potes derrière la porte.

Elle serra plus fermement ma main. Je me rapprochai d'elle.

 - Alors, comme il continuait je me suis débattu comme j'ai pu. J'ai fini par lui donner un coup de pied dans ses parties et je me suis ruée vers la porte, mais il m'a rattrapée. J'ai attrapé son rasoir qui était sur sa commode et... et je l'ai planté dans le cou.

Elle craqua et se remis à pleurer. Je l'entourai de mes bras, comme si mon étreinte pouvait sécher ses larmes instantanément. Mes yeux étaient aussi maintenant humides, mais je m'efforçai de ne rien montrer.

Alors que je pensais qu'elle avait tout oublié de l'épisode de la douche, Lauren cessa de pleurer et m'embrassa. Surprise, je m'écartai et l'admirai. Malgré ses yeux rouges et son air dévasté, je ne l'avais jamais vue aussi belle. Je découvrais enfin son âme à travers cette histoire.

Alors que Lauren cru que je la repoussai, je vis ses yeux se remplir de colère, effaçant toute trace de tristesse. Elle commença à se lever mais j'agrippai son bras pour prendre son doux visage entre mes mains, et l'embrasser délicatement. Ce baiser me sembla durer des heures. Ressentir sa peau chaude contre la mienne me remplie d'une joie intense. C'était la première fois que je me sentais de la sorte, avec une espèce d'harmonie ancrée en moi. Je me sentis sourire tandis que ses lèvres pulpeuses au parfum fruits des bois accélérèrent le mouvement. La tendresse laissa place à la passion. Notre respiration et nos soupirs se firent plus bruyants. Puis je me sentie envahie d'un désir que je ne connaissais pas. Tout ce que je savais, c'était qu'à ce moment-même je la voulais elle. J'avais envie de tout son corps nu sur le mien. Je voulais qu'elle continue de me faire ressentir tout cela pendant encore des heures.

 Mais je mis fin à ces envies en m'écartai de ma belle.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? me demanda-t-elle tout en remettant une de mes mèches derrière mon oreille.

- Je voudrais qu'on aille doucement...

 Je pensai, la connaissant mieux maintenant, qu'elle aurait été impatiente et qu'elle aurait quitté la pièce agacée. Mais elle sourit. Oui, elle me sourit, à moi. Ce sourire étincelant et sincère que je n'avais que rarement pu voir. Je sentis comme si mon coeur allait exploser à battre aussi vite, et je ne pus m'empêcher d'allonger mes lèvres aussi.

Lauren m'embrassa tendrement et longuement sur la joue en chuchotant :

- On prendra le temps qu'il faudra. Un mois ou un an, tout ce que je veux c'est que tu sois prête.

Alors c'était ça, l'amour ? Un sentiment et des émotions inexplicables que te fait ressentir une personne ? Une joie immense et incontrôlable quand tu ne fais qu'apercevoir son visage ? Un sentiment de sécurité lorsque tu es auprès d'elle ? Un désir de la sentir physiquement contre toi à chaque instant ? Une envie puissante de la protéger du monde entier ?

 Seulement... J'oubliais un élément essentiel, bien qu'évident. Cet être qui me faisait ressentir toute la joie que jamais j'aurais pu croire ressentir un jour dans ma vie, était une fille. Je n'avais jamais été attirée par quelqu'un du même sexe que moi, je n'y avais même jamais pensé. Alors comment allais-je vivre tout ça ? A qui en parler d'abord ? Mes parents, mon frère, mes amis? Et comment allaient-ils réagir ?

Je n'avais sur le moment aucune idée de comment allaient évoluer les choses, mais j'étais certaine de deux choses : je voulais à tout prix vivre et surtout protéger mon amour pour Lauren. Je voulais ressentir ce que j'avais ressentis aujourd'hui tous les jours.

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