Le lendemain matin, Alice me réveilla violemment en me balançant un oreiller à la figure. Moi qui n'étais pas du matin (en même temps, qui l'était?), je râlai tout en marmonnant quelque chose que moi-même je ne compris pas. Mon amie éclata de rire et lança :
- Allez, réveille-toi ! On doit se préparer pour la randonnée.
Puis elle vint s'asseoir à côté de moi, toujours sourire aux lèvres. Comment diable faisait-elle pour toujours être de bonne humeur dès le matin ? Je décidai enfin de me redresser sur mon lit, mon éternelle tignasse brune en bataille.
- Wow, plus sexy que toi le matin, ça n'existe pas, commenta-t-elle.
Je ris puis la bousculai gentiment, faisant mine de bouder.
Je me frottai les yeux en baillant, et je me remémorai la journée d'hier. Plus particulièrement mes moments avec Lauren. Elle m'avait embrassée. Et j'avais fais de même. Pourquoi avais-je fait cela ? Soudain, je fut prise de panique, je n'avais plus aucune idée de ce que je ressentais en ce moment-même. Peut-être l'avais-je embrassée car je ne m'étais jamais sentie aussi désirée ? Je ne savais plus, j'étais noyée dans mes propres pensées.
- Alors, vous avait fait quoi hier avec Lauren ? fit Alice, me sortant de mes idées abstraites.
Voyant mon air perplexe, elle s'expliqua :
- Je l'ai vue sortir de notre chambre.
- Oh. Rien de spécial, on a parlé.
- Et depuis quand vous êtes meilleures amies ?
Son ton devint soudain lourd de reproches. J'avais bien saisi qu'elle ne pouvait pas l'encadrer, cependant j'avais le droit de fréquenter qui je voulais.
Je repris alors sur le même ton :- On n'est pas meilleures amies. Et puis de toute façon quand bien même ce serait le cas, je vois pas où serait le problème.
Alice baissa les yeux et se leva. J'aperçus alors son regard rempli de tristesse.
- Allez viens, dit-elle doucement. On va bientôt partir.
Après m'être préparée et avoir déjeuné, j'avais rejoins mes amis. Nous étions maintenant en marche dans la montagne qui nous entourait depuis notre arrivée. On marchait depuis déjà presque 1h, et des élèves se plaignaient des montées, des ampoules qu'ils avaient aux pieds. Les professeurs ne manquèrent pas cette occasion pour se moquer amicalement d'eux.
Le ciel était couvert mais il ne faisait pas vraiment froid, la marche nous réchauffant. Nous étions à présent sur un étroit sentier en hauteur, à plusieurs mètres d'altitudes, avec à notre gauche le vide et la forêt, et à notre droite... Encore la forêt. Le sentier était étroit mais assez large pour ne pas être très dangereux lorsqu'on marchait, bien qu'il y avait des petites embuches et des petits cailloux qui jonchaient le sol. Le paysage était somptueux. Il y avait tellement de sapins qu'ils semblaient se battre entre eux. Au loin, on pouvait apercevoir un lac, où d'ici paraissait minuscule. Avec ce ciel gris et ses nuages clairs, la luminosité était parfaite.
Je m'arrêtai quelques instants pour admirer la vue, et à la fois me poser des questions sur mes sentiments envers Lauren.
- C'est magnifique, déclara Léane qui m'avait rejointe. J'étais jamais allée à la montagne, et franchement c'est grave beau. Toi par contre tu gâches un peu avec ta tête d'enterrement. Qu'est-ce que tu as ?
Léane avait l'habitude de toujours enchaîner ses idées sans faire de pauses même quand il n'y avait pas de rapport entre elles, et de manquer de tact. Mais ça me plaisait assez. Je souris.
- T'en fais pas, rien de grave. Je pense un peu à tout en ce moment, mais ça va passer.
Elle acquiesça en posant sa main sur mon épaule et me dit qu'elle était là si j'avais besoin. Je la remerciai. Peut-être que je devrais lui parler de tout ça. Lauren, mon père. Léane était quelqu'un de très ouvert d'esprit et surtout elle me conseillerait honnêtement, sans hypocrisie.
Soudain, alors que les élèves me dépassaient, je cherchai Lauren du regard. M'avait-elle dépassée ? Sans m'adresser la parole ? Je devais avouer que j'avais sans doute fait une bourde ce matin...
Tandis qu'elle était venue me voir quand j'étais avec mes amis (qui l'avaient bien jetée du regard), je ne lui avais pas vraiment prêtée attention, je l'avais peut-être même ignorée. Elle avait fait demi-tour et j'avais perçu tellement de haine dans ses yeux pétillants que j'en avais eu mal au coeur. Je ne savais pas pourquoi j'avais fait cela. J'avais sans doute eu peur de la réaction de mes amis.
Je plongeai mon regard au loin, à la tête de marche des élèves qui marchaient mais je ne pu la voir. Je l'avais peut-être manquée. J'allai me remettre en route car j'étais maintenant la dernière, mais sans savoir pourquoi je rebroussai chemin. Après quelques mètres effectuaient en direction opposée, je vis Lauren assise sur un gros rochet, la tête en avant, les mains sur ses genoux. Je m'approchai d'elle et m'accroupis à sa hauteur. Elle releva la tête et ses cheveux s'écartèrent pour me laisser découvrir à nouveau son magnifique visage angélique. Mais alors que je rangeai délicatement une de ses mèches derrière son oreille, je m'aperçus qu'elle tremblait, et qu'elle suffoquait. Elle transpirait et me dévisagea. Prise de panique, je pris sa main dans la mienne et lui demandai :
- Lauren, qu'est-ce qui se passe ?
Ma voix se brisa. J'attendis sa réponse, mais elle respira de plus en plus fort et de plus en plus rapidement. Crise de panique ? Puis elle réussi enfin à articuler un mot.
- Vertige...
Je compris. Nous étions à quelques mètres du grand vide, une falaise où en bas c'était extrêmement rocailleux. Il était vrai que si on n'était pas assez attentif, ou trop maladroit, on pouvait glisser.
Notre groupe n'avait visiblement toujours pas remarqué que nous nous étions arrêtées, car personne ne vint à notre rencontre.
- Respire doucement, lui chuchotai-je calmement. Tout va bien, Lauren. Fais-le avec moi, inspire, et expire. Voilà, doucement.
Ce qu'elle fit. Elle me regarda droit dans les yeux à ce moment là, et pressa si fort sa main dans la mienne que je sentis ma main engourdie. Mais peu importait. Elle aurait pu me la briser ça m'était bien égal.
Je l'aidai à se relever lentement, ma main entourant sa taille parfaitement dessinée. Un frisson me parcouru le dos. Nous nous mîmes à avancer lentement sur le sentier étroit, prenant garde à me mettre du côté de la falaise. Je devais avouer que la vue était impressionnante, mais pas question de me dégonfler devant Lauren. Celle-ci arrivait petit à petit à reprendre son souffle, fermant de temps à autre les yeux.
J'ignorai comment nous allions rattraper les autres à cette allure. Mais honnêtement, tant que j'étais avec Lauren, tout allait bien. C'était la deuxième fois en quelques heures que je la voyais craquer, enlever son masque de grosse dure pour laisser place à une petite fille qui avait elle aussi des craintes. Mon coeur se mis à battre la chamade alors que j'osai enfin regarder Lauren. Elle fixait le sol, la bouche légèrement entrouverte. Malgré cette situation, je souris. Je souris car elle me faisait ressentir quelque chose de totalement nouveau, mais tellement bon. Ma main au contact de sa peau me réchauffa d'autant plus.
Puis, un orage gronda. Quelques secondes plus tard des trombes d'eau s'abattirent sur nous. Nous jurâmes ensemble entre nos dents puis nous éclatâmes de rire. Nous nous mîmes à courir dans la forêt et nous réfugiâmes dans une petite grotte. Nous étions maintenant à l'abri. Quelle poisse, je sentis que nous allions être perdues, je ne savais pas pourquoi.
Après notre éclat de rire, nous nous regardâmes et son sourire avait disparu. Son visage dur était revenu, et j'avais le pressentiment qu'elle allait régler ses comptes au sujet de ce matin.
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Everything has changed
RomanceJe suis arrivée dans un nouveau lycée. Une nouvelle vie commence, tout est à refaire. Est-ce que cette nouvelle existence me permettra de fuir ma précédente et ses problèmes ? Puis elle m'est apparue.