Chapitre 14

2K 160 58
                                    


1er septembre 1939

Ma division, la 1re Panzerdivision SS Leibstandarte-SS-Adolf Hitler, commandée par le général Sepp Dietrich, a été intégrée à la 17e division d'infanterie du XIIIe corps d'armée et nous faisons partie du Heeresgruppe Süd dirigé par le Generalfeldmarschall Karl Rudolf Gerd von Rundstedt.

Nos objectifs nous ont été révélés seulement hier soir : le but ultime est de rejoindre Warszawa mais avant cela, nous devons prendre la région que les allemands nomment Schlesien, Śląsk pour moi, puis Łódź.

Je suis presque soulagé que la prise de Kraków est dévolue à la 14ème armée car leur route passera immanquablement par Katowice ma ville natale et je crois que je n'aurais pas supporté de m'y battre.

Lorsque j'entends les membres de notre division écorcher le nom des villes de mon pays ou leur donner leur affreuse appellation allemande, je dois prendre sur moi pour ne pas les corriger systématiquement.

Nous devons pénétrer en Pologne à 4h45 précises et malgré une nuit blanche, aucun soldat ne montre de signe de fatigue : tous semblent surexcités à l'idée de faire enfin leurs preuves sur le terrain et je remarque que les membres de la division SS, réputés pour leur cruauté et leur intransigeance, paraissent plus impatients encore que les hommes de la Wehrmacht.

Je dois certainement être le seul à ne pas être enthousiaste et à redouter plus que tout cette première confrontation avec une armée ennemie.

Nous avons consacré notre journée d'hier à vérifier notre matériel et notre uniforme, nos officiers nous ont mainte fois répéter les consignes et, évidemment, je suis versé dans la section contrôlée par Mark, Jürgen et Frank.

Nous progressions lentement sur une petite route de campagne et nous arrivons bientôt en vue d'un minuscule poste frontière : je suis étonné de ne voir aucun soldat à l'extérieur alors que les tensions sont vives entre l'Allemagne et mon pays natal depuis quelques mois.

Mes compatriotes ont peut-être concentré tous les efforts pour protéger Dantzig et son fameux corridor si cher au Führer en laissant le reste du pays à la merci d'une invasion ennemie. Naturellement, si c'est effectivement ce que les dirigeants polonais ont décidé, je doute fort qu'ils puissent éviter un rattachement à l'Allemagne.

Malgré moi, je suis impressionné par le nombre d'hommes mobilisés par Hitler pour parvenir à ses fins : hier nous avons eu un bref aperçu du déroulement des opérations tel qu'imaginé par les dirigeants nazis et j'ai pu comprendre que l'ensemble des divisions allemandes étaient réparties sur la totalité de la frontière polonaise du nord du pays vers le sud.

Nos officiers nous demandent de stopper notre marche conquérante à moins de cent mètre de notre première cible. Une dizaine d'hommes, je soupire de soulagement en voyant que je ne suis pas choisi, sont désignés pour partir en éclaireurs.

Très vite, un échange de tirs se produit entre ces derniers et cinq soldats polonais mais le combat est inégal : les allemands éliminent sans grande difficulté leurs adversaires.

L'un de nos soldats fait alors un signe dans notre direction pour indiquer que la voie est libre. Je suis choqué : comment, alors que l'Allemagne a clairement menacé la Pologne, comment est-ce possible de laisser les voies d'accès au pays aussi vulnérables ?

Si tout le pays se trouve dans le même état, je ne doute pas que nous serons à Warszawa dans moins d'une semaine.

Avant de me remettre en marche, je suis surpris par le comportement que mes camarades adoptent : ils se ruent littéralement sur la modeste barrière qui empêche les voitures de continuer leur chemin, ils la secouent pour finalement l'arracher totalement du sol et permettre le passage de nos propres véhicules sous le regard hilare de nos supérieurs.

Les sentiers de l'espérance {publié aux éditions Poussière de Lune}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant