Chapitre 8

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1er février 1939

Je me réveille avec un mal de tête épouvantable et avec l'horrible sensation de me trouver sur un bateau perdu en pleine tempête.

J'ouvre difficilement les yeux et je les referme aussi vite tant la luminosité m'est insoutenable : j'ai du mal à comprendre ce qu'il se passe. Je ne suis manifestement plus en cellule car je suis couché dans un lit, un vrai lit. Je frissonne, je n'ai absolument pas le souvenir d'être sorti de ma prison. En fait,...je ne me rappelle...de rien.

Je ressens de fortes douleurs dans tout le corps et surtout au niveau de la cage thoracique. Je me rends compte que j'ai beaucoup de mal à respirer et que les battements de mon cœur sont nettement plus rapides qu'habituellement.

Que m'est-il arrivé ?

J'entends du bruit près de moi et j'essaie une nouvelle fois d'ouvrir les yeux : cette fois je me force à maintenir mes paupières ouvertes bien que ma vue reste en partie brouillée.

Je distingue vaguement une silhouette qui s'avance vers moi :

- Vous voilà enfin réveillé Monsieur Heydrich von Wegener ! Nous commencions réellement à nous inquiéter. Je dois cependant vous informer que vous allez encore rester en notre compagnie quelques jours car nous devons nous assurer que vous êtes totalement guéri.

Guéri ? Mais de quoi ? Je voudrais poser des questions, interpeller la personne qui vient de me rendre visite mais je suis trop faible et, de toute façon, je crois qu'elle a quitté la pièce où je me trouve car je n'entends plus rien.

J'ai manifestement été malade, vraiment très malade.

Je tente de me redresser dans mon lit et je suis pris d'une violente quinte de toux : je crache pendant quelques minutes d'importantes sécrétions jaunâtres striées de sang qui tâchent les draps blancs qui me recouvrent le corps.

Je finis par m'habituer complètement à la lumière crue de ma chambre : comme je ne reconnais pas l'endroit, je suppose que je suis dans une sorte d'infirmerie à l'intérieur du camp.

Je prends peur en constatant que je n'arrive toujours pas à me rappeler comment je suis arrivé ici : les seuls souvenirs qui me restent sont ceux de la cellule.

Je peux encore entendre le rire mauvais de Georg, je peux encore ressentir le sang couler le long de mon dos et le froid terrible qui avait engourdi petit à petit chacun de mes membres. Je me rappelle aussi que j'avais commencé à tousser par intermittence puis ensuite presque sans discontinuer.

Ensuite,... c'est le trou noir.

Je n'ai rien eu à manger pendant mon passage en cellule : je peux donc exclure une tentative d'empoisonnement. Alors, quoi ?

Je fixe un instant le mur face à moi et ma tête recommence à tourner : la transition est trop brusque entre la pénombre du cachot et cette pièce. Tout est blanc autour de moi : les draps, le mur, le sol et même la longue chemise que je porte.

Je n'ai pas le temps de réfléchir plus longtemps à ce qui m'est arrivé car mon corps est de nouveau secoué par une quinte de toux encore plus virulente que la première.

Je pose mes mains sur mon torse tant la douleur que je ressens est atroce : j'ai presque envie de me retenir de respirer car chaque inspiration s'apparente à un véritable calvaire.

Malgré la chaleur qui règne dans la pièce je grelotte et je frissonne entraînant ainsi une troisième quinte de toux : la porte de ma chambre s'ouvre brusquement et je vois apparaître devant moi un homme vêtu d'une blouse, blanche elle aussi, au-dessus d'un uniforme d'officier SS.

Les sentiers de l'espérance {publié aux éditions Poussière de Lune}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant