Chapitre cinq

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-Tu ne manges pas ? s'inquiète Noémie, en regardant mon plateau où j'ai seulement avalé un yaourt nature.

-Non, j'ai pas faim. je mens.

Évidemment que j'ai faim, mais non je n'ai pas le droit. Il faut que je pense à mon régime. Même si à vrai dire j'y pense tout le temps depuis quelque temps. Je n'ai pas mangé un "vrai" repas depuis plus d'une semaine. Tout est trop pour moi, trop pour mon régime, trop pour mon ventre, mes bras, mes cuisses. Mais ça, je suis sûre que Noémie ne le comprend pas. Elle pense tellement que c'est en continuant de manger qu'elle va perdre du poids, mais elle se trompe. Je l'ai lu sur des sites, notamment ceux écrits par des dîtes ProAna.

-Mais tu n'as rien mangé, Spence'. Tu m'inquiètes là. Tu vas finir comme ces filles, anorexiques.

Et je tique aussitôt qu'elle finit sa phrase :

-Je ne fais qu'améliorer mes chances pour perdre du poids. Tu devrais faire pareil. En plus, à deux, on serait plus motivées.

Noémie semble dubitative et sort :

-Je ne pense pas que se soit le bon chemin à prendre.

-C'est pas toi qui as toujours rêvé de rentrer dans du 36 ? De te mettre en maillot de bain sans complexes ? De contrôler toutes ces choses que d'autres ne peuvent pas ?

-Arrête Spence', c'est pas très cool...

Je sens qu'elle est sur le point de craquer, alors je termine :

-Tu n'as jamais eu envie d'avoir un copain ? D'être admirée par les autres ? Ne te mens pas à toi-même.

-T'es chiante, sourit-elle de toutes ses dents. C'est ça que je veux et pas être comme je suis actuellement.

Et je souris, comme une idiote. Le début d'une nouvelle aire commence.

*

Je suis en train de faire des exercices de sport lorsque mon téléphone sonne. "Noémie " s'affiche sur l'écran et je décroche en souriant :

-Hey, on s'est vues il y a une heure je te ferais dire.

-Spencer.

Et mon coeur se brise en même tant que sa voix se brise.

-Qu'est-ce qu'il se passe, Mimi ? je m'inquiète.

-Tu, tu peux venir, s'il te plaît ?

Sa voix tremble et elle est secouée de spasmes ce qui ne fait qu'augmenter mon inquiétude pour elle. Je n'attends pas une seconde de plus et fonce jusque chez elle en courant, après l'avoir assurée de mon arrivée imminente. Je toque comme une folle chez elle. Noémie ne pleure jamais, ce n'est pas normal. Et elle m'ouvre, en pleure, du sang sur les mains. Je la regarde, pétrifiée sur place, m'attendant au pire. Je prie intérieurement pour qu'elle ne se soit pas ouvert les veines, mais je me rassure en pensant qu'il y aurait sûrement plus de sang. Je la prends dans mes bras, sans hésiter et elle s'accroche désespérément à moi, telle une bouée de sauvetage.

-Je suis tellement désolée, Spencer, tellement désolée. pleure-t-elle.

-Mais pourquoi ?

Je dois pouvoir voler✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant