Chapitre douze

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Comment décrire comment je me sens ? Anéantie, ne serait pas suffisant ni détruite. Alors je préfère dire que je ne ressens rien. Accepter la morte de Noémie a été la chose la plus dure que j'ai eu à faire de ma vie. Pourtant, ça m'a pris seulement un jour. Aujourd'hui, c'est son enterrement. Ça peut paraître bizarre, mais j'ai mis une robe blanche. Celle qu'on avait achetée ensemble il y a pas longtemps. Si je l'ai mise, c'est parce que je sais que je ne pourrais plus jamais la porter sans que je ne pense à elle et culpabilise. Parce que le plus douloureux, c'est la culpabilité. Je la ressens de la tête aux pieds. Et on ne peut pas dire le contraire, c'est de ma faute si elle n'est plus là aujourd'hui. Si elle ne peut plus rire ni sourire ni parler ni penser. Toutes ces belles choses qu'elle si faisait bien et que j'admire et aime chez elle. Elle n'a pas souffert. Elle s'est endormie et ne s'est jamais réveillée, comme les vieux. Tout simplement parce qu'elle était dans le même état qu'eux : près de la mort. Sauf qu'elle n'avait que quinze ans. Son corps était à bout. Elle avait la peau sur les os et ne pesait plus que trente cinq kilos. Elle était "anorexique" à ce qu'on dit. Je déteste ce mot, je ne peux plus l'entendre.

Je m'attache les cheveux, mets des Tropeziennes et ne prends même pas la peine de mettre du fond de teint sur mon visage plus pale qu'un zombie. J'ai passé la pire semaine de ma vie. Je n'ai rien pu avaler mis à part de l'eau et j'arrive encore à me demander comment je fais pour tenir. Je m'assois au bord de mon lit et, même si je sais pertinemment que je vais me faire encore plus mal, je regarde des photos de Noémie et moi. Ça me pète à la gueule ; notre changement commun. Je fais rapidement un photo collage de nous avant, puis après et c'est incroyable. Au moins, elle sera morte belle et fière. Mais elle restera morte, tout de même. Je continue de faire défiler les photos, le cœur serré et au bord de l'explosion.

-On va y aller.

Je relève la tête vers ma mère et hoche doucement la tête. Nous sortons de la maison et le soleil brille sur ma peau. C'est un très beau jour pour un mois de Juillet. Le temps ne devait pas être d'accord avec le fait qu'une personne de quinze ans meurt, il devrait être triste aussi. Je me glisse dans la voiture et nous nous rendons au cimetière, là où a lieu la cérémonie. Évidement, je suis la seule en blanc. Il y a beaucoup de monde. Beaucoup du collège, même de primaire et aussi sa famille. La mère de Noémie vient vers nous et me prend dans ses bras. Je n'arrive pas à lui lancer un typique "toutes mes condoléances", mais je crois qu'elle s'en fiche un peu. Nous prenons place parmi la foule et la cérémonie commence une vingtaine de minutes plus tard. Les discours s'enchaînent, puis la musique d'Ed Sheeran passe et je souris en pleurant. J'ai demandé à ce qu'on la mette car Noémie et moi sommes fans de cet artiste. Sa chanson préférée était "Give Me Love". Je chante pour moi, mais tremble en même tant.

Give me a little time to me to burn this out
Donne-moi un peu de temps pour m'en remettre

Ceci est l'avant dernier chapitre avant le dernier. En espérant que l'histoire vous plaise toujours autant malgré cette mort tragique. Je ne voulais pas un "Happy End", parce que je n'arrive tout simplement pas à en trouver dans mon histoire des Troubles du Comportement Alimentaire(TCA). Je vous souhaite une bonne journée/soirée et à dans quatre jours <3❤️.

Je dois pouvoir voler✅Où les histoires vivent. Découvrez maintenant