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Je marche dans les ruelles sombre de Londres comme chaque soir pour éviter tout contact avec ma famille. Capuche sur la tête, les mains dans les poches. Je me dirige comme à chaque fois vers ce pont suspendue en me demandant si un jour j'oserais. L'eau si clair en bas me donne envie, mais le vent frais me paralyse. Alors je passe mes pieds par dessus la rembarre et m'assois, regardant le large.

Derrière moi les voitures défilent à vive allure ne faisant aucunement attention à ce que je fais. Les heures passent et les minutes, elles, se font longue et patiente me rappelant ma douleur chaque seconde.

Dans ma tête j'entend encore les cris, ceux de mon père hurlant à ma mère qu'elle ne sert à rien et qu'elle devrait mourir. Les chuchotements de ma mère qui me promet qu'un jour tout cela cessera et qu'elle aura enfin le courage de le quitter. J'entend aussi ses bruits d'éclat de verre, ceux des bouteilles d'alcool de mon père éclaté au sol chaque soir quand il rentre du boulot.

J'ai peur.

J'ai peur de jusqu'où il serait prêt à aller pour nous faire souffrir, pour nous briser en milles morceaux et nous emmener encore plus bas que terre. Oui, mon père me fait peur et j'ai honte de l'avouer. Mon père est l'incarnation du diable alors que ma mère, elle, est tout le contraire. Elle a la peau blanche de l'ange et des paroles pleines de sagesse qui réussissent à m'apaiser, mais peut-être plus assez.

Je lève enfin la tête vers le ciel étoilés et essaie d'y repérer quelques lueur d'espoir, en vain. Et si j'avais déjà fait le tour de la question, de ma vie? Devrais-je sauter ou patienter encore que mes vœux se réalisent?

J'allume une cigarette et inspire enfin la nicotine qui vient apaiser mes tremblements et mes envies de pleurer. De toute façon, je n'en ai même plus la force, je ne sais même plus les sensations qu'on peux ressentir quand on pleure ou que l'on rigole. Je ne sais même pas ce qu'est le sentiment d'aimer une personne au point d'être prêt à tout pour celle-ci. J'ai peur de tout ce que je ressens, j'ai peur de mon future.

Je me retourne ensuite pour attraper pour petit sac à dos par terre que j'emmène partout avec moi pour prendre mon journal intime et écrire.

Écrire me fais du bien. Même si tenir un journal tout trouve ça cliché, puéril, j'aime quand même l'idée que si je mourais, il reste quelque chose de moi. Enfin je ne voudrais pas qu'on le lise vu tout ce que je mets dedans, mais ça reste une preuve de ma présence sur terre. Et puis, ce n'est pas si facile que ça d'écrire sa propre vie. Il faut trouver les mots, il faut se rappeler et se ressasser des souvenirs qu'on voudrait oublier et analyser nos propres erreurs. Ça me fais du bien d'écrire ce que je pense, certains trucs que je ne peux pas dire ici parce que c'est trop personnel. J'ai l'impression d'être retomber bien plus bas que je ne le pensais. J'ai l'impression de m'enfoncer plus profondément que d'habitude, et j'ai peur de ne plus pouvoir me relever. J'ai tellement peur de tout ça. Je crois que je ne vais pas y arriver cette fois ci...

Peut-être qu'il est temps pour moi de sauter...

Jump?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant