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- Un autre s'il vous plaît.

Elle était accoudée à ce bar mal fréquenté et avait laissé tomber tous ses kilos de chagrin en trop sur le comptoir. Elle n'était pas belle à voir, avec ses épaules échouées comme des navires abandonnés et son corps complètement ivre à cause de l'alcool, ainsi que ses larmes qui coulaient à flots sans que personne à part moi ne les remarquent. J'avais envie d'aller la voir, de lui parler et de la réconforter mais je ne pouvais pas, j'en avais presque l'interdiction formelle. Ses mains tremblantes me montrait encore plus qu'elle n'allait pas bien.  J'aurais aimé la faire sourire parce qu'elle en est plus vraiment capable par elle-même et que mes mains brûlantes répandent de la chaleur dans ce bar, parce qu'il faisait vraiment froid pour un mois de Mai aussi dérisoire. 

Les yeux vitreux,  elle souriait désormais dans le vide mais s'étouffait en toussant, les poumons et le cœur sûrement détruit. Je commence à regarder autour de moi les gens de ce bar, il n'y avait que des gamins déjà vieux ici, plus bourré les uns que les autres et sales mais elle n'avait pas l'air d'avoir peur, elle avait l'air d'être ailleurs, même pas présente dans le monde réel. 

Le barman s'approche d'elle et l'analyse comme je le fait actuellement. Il a l'air assez curieux alors que je commence à sentir les battements de mon cœur s'alourdir.

- Comment se fait-il qu'une aussi jolie fille traîne dans un bar aussi désastreux que celui-là?
- Il est tout aussi désastreux que ma vie. Elle sourit.

Je regarde la scène, assis sur un des billard alors que cet homme continu de la regarder avec empathie. Je n'avais envie qu'à cet instant de la tirer de force à l'extérieure et l'emmener aussi loin que possible d'ici. Ce n'est pas un endroit pour elle, je le sais, je la connais depuis tellement de temps mais elle, elle ne se souvient de rien, ni même de moi. 

Quand je tourne mon regard de nouveau vers elle, elle tente de remettre sur pied comme elle peux avant de saluer le barman et de marcher en direction de la sortie. Je la suis ne voulant pas la perdre de vue. 

Le sol était jonché de feuilles mortes qui traînaient dans les flaques d'eau de pluie éclairée par la lumière réconfortante de la lune qui réapparaissaient derrière les derniers nuages gris que le léger courant d'air qui restait n'avait pas encore fait disparaître. Le courant d'air qui, si il était léger, ne l'était pas quelques heures plus tôt tant elle arrachait avec fougue et vigueur les arbres et habitations. Seule la pluie demeurait là, silencieuse et pourtant bien présente.  Elle marchait au milieu de l'avenue, ses cheveux portés par la douce et légère brise qui flottaient autour d'elle. Les rares passants, trop pressés, ne faisant pas attention à son merveilleux visages où des larmes coulaient de ses yeux rougis passant inaperçu avec les gouttes de pluie.Ils ne peuvent donc pas être témoin de l'acte qu'elle allait s'apprêter à faire, je le savais et je n'arrivais pas à rester serin je savais ce qu'elle allait faire et il fallait que je l'arrête. Elle leva les yeux au ciel en souriant avant de vite baisser de nouveau le visage et se laisser tomber assise par terre contre ce muret. Mon cœur se faisait plus lourd qu'à l'habitude à la vue de ma belle brune si misérable.

- Comment je peux faire ça ? Je ne suis qu'une imbécile.

Des traces noirs s'échappaient de ses yeux mouillés, son maquillages coulaient, celui qu'elle avait mit pour faire croire que son apparence lui tenait à cœur.  Malgré tout, elle restait la plus belle pour moi et je ne pouvais plus supporter la voir comme cela. Je m'approche d'elle doucement et peux voir son regard se lever vers le mien. 

- Encore toi ? Quand vas-tu me lâcher ?
- Quand tu ne penseras qu'à des choses joyeuses Aze.

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