Chapitre 9 ( James)

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James

La peur au ventre, j'ouvre toutes les pièces que je trouve pour apercevoir Adrina. C'est la rage qui me guide, je broie du noir. Je continue de parcourir les étages de l'hôpital à vitesse vampirique, mon humeur est bestiale, elle ne peut pas mourir... Je ne pourrai pas le supporter. Je tourne en rond, je me consume de l'intérieur, Liliane m'a enlevé ma précieuse Adrina, qui s'éteint à petit feu. J'ai envie de tuer tout le monde, mon humanité se perd... Il ne me reste que très peu de temps pour la retrouver.

Je ferai de la mort de Liliane le pire des enfers.

Je vais l'éventrer et je porterai ses entrailles en écharpe, elle subira les souffrances les plus extrêmes et les plus douloureuses, j'arracherai ses doigts les uns après les autres, la mutilerai jusqu'à ce que son corps soit entièrement ensanglanté, puis je la soignerai pour mieux recommencer encore et encore...

Les minutes s'écoulent et pour la première fois de ma vie, je ressens un mal qui me ronge au plus profond de mon âme. La peur qu'il ne soit trop tard me foudroie.

Il ne me reste alors qu'une seule option, obtenir l'aide des sorcières. La dernière fois que je les ai vues, c'était pour ma sœur, mais leur soutien m'avait été refusé. Pourtant les sorcières sont contre les gouverneurs, à l'époque elles n'avaient peur de rien, maintenant c'est la discrétion qui prime, elles se cachent retranchées dans leurs pépinières réaménagées.

Je sors de l'hôpital, laissant ma voiture sur place, celle-ci n'irait pas assez vite, l'appréhension me submerge à cet instant, Adrina hante mon esprit, son si doux visage ne peut pas m'être enlevé à tout jamais, j'ai peur que les sorcières ne me viennent pas en renfort. Je dois courir le plus vite possible, je traverse les États sans reprendre une seule fois mon souffle, la Caroline du Nord n'est pas la porte à côté, il faut que je me dépêche, un trajet qui aurait dû me prendre plus de huit heures en voiture me prend à peine une heure en courant.

Je m'en doutais, ma venue est perçue comme une menace, je vais devoir me montrer convaincant pour espérer avoir une faveur. Arrivé à l'entrée de l'exploitation, je suis catapulté : une barrière invisible m'empêche d'accéder à l'enceinte de la pépinière.

Mon corps s'est affaibli, la course m'a épuisé, je souffre quelques instants avant de pouvoir cicatriser.

Je vois deux femmes aux longs manteaux noirs, une capuche recouvrant leurs visages, approcher la tête baissée

– Sors d'ici vampire. Tu n'es pas le bienvenu, disent-elles d'une voix de stentor.

Je n'aime pas qu'on me parle de cette façon.

– Je veux voir l'intendante tout de suite.

Les deux femmes se mettent à rire.

– Tu viens nous importuner et, en plus, exiger des souhaits ? Retourne d'où tu viens abomination !

– Je vous en supplie... je suis prêt à tout.

Elles me tournent le dos et repartent, je fonce sur l'entrée, forçant le barrage qui ne faiblit pas. Je suis un peu plus blessé à chaque fois que je tente de le traverser, je ne veux pas croire qu'il est trop tard... Cela m'est impossible. Je dois la retrouver...

– OUVREZ-MOI !!! dis-je en hurlant.

Je m'épuise jusqu'à ne plus pouvoir cicatriser, mes côtes se brisent une à une, mon sang s'écoule de mes plaies par litres.

– Je vous en supplie...

Un bruit strident me perce les tympans. La barrière vient de se lever.

Une troisième femme vient à mon encontre. Elle pose sa main sur la mienne et répète plusieurs fois le même mot, la cicatrisation reprend immédiatement.

– Un vampire n'a pourtant pas de cœur, pourquoi tant de peine dans ta voix James ?

– J'ai besoin de ton aide intendante. Tu es mon dernier espoir.

Je la suis dans une grange en mauvais état, tout le monde chuchote en regardant dans ma direction. J'entre dans cette vieille bâtisse qui tombe en ruine, autrefois les sorcières ne vivaient pas dans de telles conditions, elles avaient la richesse, le respect et n'étaient pas si méfiantes...

– Tu voulais me parler ? Alors, parlons.

Je ne me sens pas en confiance, l'endroit est sombre et j'ai l'impression d'être observé de partout.

– J'ai besoin d'un service, j'ai besoin que tu localises une personne, je veux juste savoir si elle est en vie ou pas. En échange, je te donnerai ce que tu voudras.

Elle croise les bras.

– Tu ne peux pas me donner ce que je veux.

– Ne me sous-estime pas, j'ai aidé ton arrière-grand-mère et crois-moi elle ne l'a pas regretté ! dis-je d'un air sérieux.

Elle me fait signe de m'asseoir sur une chaise couverte de terre.

– Il me faut un effet personnel de cette personne ou quelque chose qu'elle ait touché.

Je retire alors mon t-shirt et le pose sur mes genoux.

– Je n'ai aucun effet personnel. Mais nous avons... Enfin ses mains ont été posées sur moi... S'il te plaît, dis-moi que c'est suffisant.

Elle hoche la tête positivement.

– Je vais voir ce que je peux faire, je ne te garantis rien, par contre je reviens sur ce que j'ai dit, il me faut un service en échange.

– Tout ce que tu voudras, répondis-je impatient.

Je crains le verdict. Elle se positionne derrière moi et pose ses deux mains sur mes épaules. Elle commence par chuchoter un sort dans un charabia incompréhensible en parlant de plus en plus fort.

– Elle est dans un véhicule. Je ne perçois pas où, mais elle est en vie, son cœur bat très fort. Je ne sens aucun danger... la femme que tu cherches va bien.

Je plonge alors ma tête dans mes mains, c'est un soulagement immense, la plus belle nouvelle que je pouvais entendre. Je dois partir sur-le-champ la retrouver, il faut que je lui explique tout.

– Que veux-tu en échange intendante ?

Elle sort une photo de sa poche. Je suis surpris...

– Cette jeune fille a disparu. Elle s'appelle Céliane elle doit être sacrifiée, la dernière fois que nous l'avons localisée elle était très proche de ta ville, trouve-la moi.

Liliane... Tout devient clair, cette fille n'est rien d'autre qu'une sorcière qui se planque sous une fausse identité et je comprends maintenant pourquoi. Comment ai-je pu passer à côté de cela.

– C'est comme si c'était fait, je sais que tu as besoin de son cœur.

La sorcière me tend un sachet contenant une poudre étrange.

– Jette-lui le contenu quand tu l'auras sous la main. Elle ne pourra pas retourner sa magie contre toi. Elle sera plus maniable...

Je prends le sachet et le range dans ma poche.

– Je t'ai rendu service James, ne me trahis pas. Il me la faut.

Elle vient de m'offrir le plus beau des cadeaux en m'annonçant qu'Adrina respirait, je vais m'abstenir d'arracher la tête de Céliane. Il est grand temps pour moi de regarder les vidéos de la ville, je me déplace rapidement : comment peuvent-elles penser m'échapper ? 

Jamais sang-mêléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant