Prologue

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Quelques cinquante ans après la chute de Sauron, dans le flanc de l'un des monts d'Orocarni, dans les terres reculées de la Terre du Milieu, loin après la mer de Rhûn.

Dans une explosion assourdissante, pierre et glace volèrent en éclats, arrachant sur leur passage un pan entier de la montagne. Éventrée, elle sembla tout à coup mugir sous d'imprévisibles assauts du vent. Son impétuosité soudaine ne pouvait être liée qu'au phénomène. Et l'origine de l'explosion continuait de vibrer au creux du mont déchiqueté, ne laissant aucun répit aux éléments alentours, leur soutirant toujours plus de cris de géhenne.

Un globe de glace se présenta alors dans le trou béant, à travers la fumée de particules rocheuses. Nimbé d'un halo pâle de lumière azurée, il s'approchait du vide en roulant. Petit à petit. Inlassablement. Lorsqu'enfin la coque s'élança vers le sol dans un dernier mouvement désespéré, un hurlement morbide déchira le silence. De grave, il devint si cristallin, si aigu, qu'un être humain en aurait perdu l'ouïe instantanément.

Un nouvel éclat au sol souleva terre et roc, fit frémir la montagne Orocarni. Le vagissement animal parut se suspendre dans l'air, comme par manque d'oxygène, puis s'évanouit peu à peu. Dans le cratère créé par la chute de l'œuf glacé gisait maintenant le corps frêle d'une humanoïde aux cheveux de sang. Un doux sourire chatouillait son visage impassible ; ses yeux clos ne tremblaient pas, ne tremblaient plus.

Elle avait vaincu.

~ Naur ~

Le magicien se stoppa net à la vue du désastre. Nombre de cailloux continuaient encore de se déverser en cascade grisâtre hors de la montagne. L'odeur âcre qui lui était parvenu au survol de la zone prit plus d'ampleur encore ; il dut masquer son nez dans l'une de ses longues manches pour ne pas étouffer.

Après avoir gravis les blocs de roche autour des éclats de glace, son cœur fut saisi d'un violent soubresaut devant la scène figée sous ses yeux. Jamais encore il ne l'avait vue dans cet état, aurait même sans doute préféré la savoir morte.

Doucement il siffla, et sa monture ailée s'éleva au-dessus de lui. Prenant de l'élan, elle s'élança plus loin sans un regard en arrière, déterminée. Le mage s'approcha à pas lents et méticuleux, l'air grave. Enfin, les premiers éclats de glace craquèrent sous ses bottes de cuir. Le son sembla lui percer les tympans. La vision qui s'offrait à lui était une véritable torture pour les sens. Le corps féminin, nu, bariolé de rais vermeil, se soulevait à peine au rythme d'une respiration bien trop sporadique. Comment pouvait-elle même être encore en vie ? Ses quatre membres formaient des angles inhumains et deux de ses côtes droites perforaient sa peau si nettement qu'il en eût un haut-le-cœur. Avec une extraordinaire minutie, il glissa le bout de son sceptre sur le corps ensanglanté. L'objet vibra un instant, et l'homme ne put retenir une grimace.

Dans le creux de sa manche, il se saisit d'une bourse, l'ouvrit. Ses doigts noueux, tremblants, saisirent quelques feuilles qu'il positionna dans la paume de sa main. Paupières close, il souffla sur les végétaux, qui crépitèrent un instant. Puis sans attendre, le magicien répandit les cendres obtenues sur les chairs ensanglantés.

Le cri d'un aigle détourna soudainement son attention : sa monture était revenue, emprisonnant dans ses serres un amas de chaudes couvertures. Le mage ne put faire autrement que de traîner le corps de la jeune femme jusque sur les draps, aggravant ses principales blessures sans pouvoir rien y faire. Il se mit ensuite en selle, savourant l'odeur enivrante, la douceur des plumes de l'oiseau, et prit finalement son envol, ramenant l'être meurtri avec lui.

 ~ Naur ~

Des semaines qu'elle était alitée sans aucune évolution. La plupart de ses blessures s'étaient cicatrisées et à force d'onguents, de rituels, d'herbes, de prières et d'un soupçon de magie, ils avaient évité toute infection. Il fallait seulement qu'elle se réveille. L'escouade d'elfes en poste aux frontières de la Terre du Milieu veillait sur elle depuis le début, connaissait son histoire, savait qui elle était. Chacun rêvait de la voir enfin ouvrir un œil. Retrouver la jeune femme était si insensé que même le mage avait refusé de repartir avant son éveil, se contentant de la faire transférer au sein des Monts Brumeux pour lui faire bénéficier des meilleurs soins possibles. Il soulevait peu d'espoir, mais au moins se donnait-il encore quelques mois avant de baisser totalement les bras.

~ Naur ~

« Gandalf ! Gandalf ! C'est un miracle, elle a... »

Le magicien ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase. Il quitta la pièce en un éclair, abandonnant sa communication magique en cours.

« Excusez-moi, Dame Galadriel, mais elle s'est réveillée.

— J'ai entendu », sourit-elle avant de disparaître dans une brume étincellante.

Une lumière crue pénétrait par les fenêtres de la chambre, inondant la pièce d'un halo doré. L'éclatante blancheur des draps semblaient boire l'or, comme pour s'en imprégner à jamais, laissant la pièce au plus pur silence.

Qui fut réduit à néant lorsque la porte d'entrée fut ouverte sans ménagement et alla s'écraser contre la pierre dans un craquement sourd. L'ombre du mage fit s'effiler les rideaux d'or, et sa stupeur engloutit la quiétude de la pièce.

« Je n'arrive pas à y croire... »

Son murmure s'évanouit tandis qu'il s'approchait de la jeune femme. Son regard n'avait pas changé, et ses yeux noirs comme la nuit le dévisageait avec un air mutin, comme autrefois.

« Je l'ai eu Gandalf, je l'ai eu. Je ne sais pas combien de temps cela a pris, mais je l'ai eu. »

Le mage la couvrit d'un sourire intense, soulagé qu'il était de constater qu'elle n'avait pas perdu une once de fougue, de détermination. Comme si le temps passé sous la montagne ne l'avait pas transformée, ne l'avait pas altérée ; comme si ce maudit dragon n'était jamais venu déranger la quiétude de la Rhovanion, menaçant du même coup Mirkwood. Elle aurait pu se contenter de le coincer dans les Montagnes Rouges, de l'y laisser croupir à jamais, mais...

« Je l'ai eu, soupira-t-elle une dernière fois avant de se rendormir.

— Allez lui préparer un plateau de vos meilleurs fruits, s'il vous plaît. »

L'elfe dans l'encadrement de la porte acquiesça et disparut aussi silencieusement qu'il était arrivée. Gandalf se leva difficilement, une main sur le dos, et s'approcha des fenêtres. Une fine cascade jaillissait de la roche sur le versant opposé, reflétant chacune des nuances du soleil, toujours bien haut dans le ciel. Sous ses pieds, la vallée sylvestre de Fondcombe miroitait de richesse et de prospérité. Pure beauté.Puisse la jeune femme le pardonner de l'avoir ramenée ici en premier lieu. 

Premier blabla de l'auteur ! Sortez le champagne

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Premier blabla de l'auteur ! Sortez le champagne.

Non, pardon. Alors, ça n'est qu'un prologue, mais j'imagine qu'on voit à peu près l'ambiance, un début d'enjeu, même si Thranduil chou n'est pas encore de la partie. En même temps je vous offre le retour de Gandalf en Arda, keumême, je peux pas tout faire. ;)

Et puis c'était le chapitre : découvrons l'héroïne qui va s'en prendre plein la gueule parce que... bah, c'est l'héroïne, pardi. Donnez-moi vos premières impressions, si vous le voulez bien, que ce soit sur elle ou sur ce début. Où pensez-vous que se situe Thranduil dans tout ça (traduction : où il est, ce fourbe ?) ?

N'hésitez pas à voter et commenter, en tous les cas, je ne mords pas. Et j'espère à bientôt pour la suite. 

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Némésis | Fanfiction LOTR & Hobbit | TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant