Chapitre 18 - Partie 1

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L'éfrit se dressa, loin et pourtant si proche. Les flammes enrobaient les ailes sombres à tel point que l'on ne percevait plus que le brasier ; le même que celui léchant les orbites incandescentes. Dans la nuit, la silhouette luisait comme en contre-jour, dessinant les cornes irrégulières, les pattes griffues, la gueule béante, les muscles imposants de ses jambes.

Un frisson parcourut l'assemblée, malgré la température toujours plus élevée.

Si grand qu'il aurait pu prendre appui contre le flanc de montagne, Ereagoth s'érigeait là, au milieu de la roche. Il les toisait d'un air cruel et triomphant et attendait, bien au chaud, que l'effroi filât pour les voir enfin s'agiter en tous sens, petits êtres rongés par la panique. Les Ñoldor finiraient broyés sous lui, bien sûr, mais il prendrait également un malin plaisir à déchiqueter le magicien qui avait fait tomber l'un de ses frères, quelques temps plus tôt. Le Balrog réduirait ensuite l'humaine en cendre ; après cela, il se gargariserait devant Arien de ses vains efforts pour le contrer.

Sous son regard millénaire, la troupe reprit soudain du poil de la bête. Une lignée d'elfes se posta au-devant des magiciens qui, eux, se rapprochèrent sensiblement. Ils préparaient un mauvais coup et, à son grand désarroi, ne paraissaient pas si défaits que ça. Lui avait-on fournit de mauvais renseignements, au cours du temps ?

« Hey, l'inutile machin de feu ! Amène-toi. »

C'était imprévu.

Le démon pivota sa lourde tête vers l'être qui avait osé l'interpeler ainsi. La Rouge. Bien sûr. Étrangement, certains archers de la troupe l'observèrent avec un air qu'il ne comprit pas. Peu importe. L'éfrit marcha vers eux, faisant vibrer ses immenses ailes de cuir derrière lui. La montagne s'emplit de braises qui vinrent mourir contre la pierre fraîche. Le panorama s'empruntait de milliers de scintillement, comme une neige chaude. En d'autres temps, cela aurait été magnifique.

Si le sol trembla de nouveau sous les pas du géant, les elfes ne bougèrent pas d'un pouce. Arcs bandés, ils attendaient le signal d'Elrohir, qui combattait également. À ses côtés, son frère et Thranduil, concentrés sur leurs tirs à venir, priaient tous les dieux pour que chacun en réchappât.

Lorsque le Balrog ne fut plus qu'à une centaine de mètres, les rais filèrent dans la nuit sans qu'un seul ne manquât sa cible. La seconde salve quitta la ligne elfique avant même que la bête pût riposter. Cinq lancées plus tard, elle vacilla, chuta en arrière. La huitième attaque se contenta de la fatiguer un peu plus alors qu'elle se relevait déjà.

La ligne se fendit pour laisser place aux trois magiciens. Les soldats restèrent tout de même à leurs côtés, tandis qu'Elladan, Elrohir et Thranduil s'éloignaient, sur ordre d'une Leilith furibonde. Sans plus se concerter, ils se postèrent en formation triangulaire, l'humaine à l'arrière. L'elfe et le Blanc libérèrent ensemble leur plus lumineux pouvoir avant de le concentrer en une unique force entre leurs deux poings serrés. Derrière eux, la survivante laissa doucement la puissance de feu courir dans tous ses membres. L'odeur de fournaise émanant du Balrog s'évanouit tandis qu'elle gouttait au parfum de sa propre énergie.

Peu impressionné, Ereagoth dégagea les flèches qui lui ceignaient le corps d'un coup de patte imprécis. Les têtes toujours plantées dans sa chaire se consumèrent la seconde suivante. S'il avait pu, le monstre aurait ri. À défaut, il se contenta de les héler de sa voix si ancienne que lui-même semblait avoir du mal à prononcer chaque syllabe :

« Gandalf le Blanc. Tu ne m'auras pas, moi. Sois-en certain. Quant à toi. Leilith. La Rouge. Je ferai payer à Arien. L'affront du don qu'elle t'a offert. »

Némésis | Fanfiction LOTR & Hobbit | TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant