Chapitre 14 - Partie 2

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[ Le sous-entendu fit à l'elfe l'effet d'un coup de poing. Il posa sur elle un regard interrogatif et perdu, comme dans l'attente d'une confirmation. Seul un sourire mutin lui répondit, pourtant, et il dut se contenter de ça, alors qu'elle partait de son côté de la table, l'air satisfait. ]

~ Naur ~

Leilith avait l'impression de revivre une de ses nombreuses nuits passées à Mirkwood. Et son cœur fit une embardé lorsqu'un garde à la traîne passa au coin de l'intersection devant elle. La rescapée se colla contre un mur, tremblant sous la peur soudaine. Puis, une fois le contrecoup de la frayeur passé, elle reprit son chemin, rasant les murs en silence. Ici ou là, il lui sembla entendre le pas léger d'un elfe insomniaque, et chaque fois, il lui fallut toute sa concentration pour ne pas sursauter ou retenir un ridicule cri d'effroi.

Enfin, elle atterrit du côté de la garnison ; ou du moins du côté des appartements des soldats de la Forêt Noire. Donc près de la chambre de leur roi. Un sourire vint chatouiller ses lèvres, et tout en prenant toujours garde de ses gestes, elle traversa les derniers couloirs telle une ombre avant de s'arrêter devant une lourde porte boisée. Une bonne chose qu'il ait refusé qu'on lui poste des gardiens dans le palais de Fondcombe. Histoire de n'alerter personne, pourtant, la jeune femme préféra gratter que toquer. En attendant, elle profita des effluves frais et sylvestres de cette partie à demi souterraine du domaine. Pourtant, très vite, comme si le souverain était à l'affut de ce signal, le battant s'ouvrit. Un bras recouvert d'une étoffe argentée moirée l'attrapa par le poignet pour la tirer à l'intérieur.

Après un baiser profond dans l'entrée des appartements du roi – un baiser nécessaire et empli d'un besoin commun de se retrouver corps et âme –, Thranduil conduisit Leilith vers un somptueux divan face à l'unique baie vitrée filante de la pièce. La douce lumière de la lune les accueillit tous d'eux lorsqu'ils prirent place sur le meuble.

Ils avaient des choses à se dire, à s'avouer, à se confier, avant d'imaginer ne serait-ce que de laisser courir leurs mains plus loin que le col de leurs robes de chambre soyeuses. Il leur manquait bien plus que le simple contact peau à peau. Pour autant, l'un comme l'autre ne savaient pas par où commencer, et alors, dans un premier temps, le roi se contenta d'attirer la jeune femme un peu plus près de lui afin de discerner plus encore tout ce qu'il se tramait dans son regard, pour y chercher un point de départ.

Ce fut toutefois elle qui engagea la conversation :

« Je me souviens... en me faisant tes adieux, lorsque j'ai quitté Mirkwood, tu m'as tutoyée. »

Le souverain ouvrit de grands yeux, surpris par l'entrée en matière. Il retint maladroitement un sourire avant de répondre :

« Je n'en ai aucun souvenir.

— Me pique pas mon rôle Thranduil, ça serait malvenu.

— J'arrête, promis.

— En revanche, pour l'autre chose, tu peux recommencer.

— Ce n'est pas aussi simple que ça a pu sembler l'être.

— Mais si, mais si, tu me regardes dans les yeux et tu me dis « pourquoi est-ce que tu te moques de moi avec Gandalf ? ».

— Que... tu te moques de moi avec Gandalf ?!

— Tu vois que c'était facile.

— Dame Leilith !

— Juste Leilith.

— Leilith !

— Oh, ça va hein. Il se moque de moi aussi. De nous, à vrai dire.

Némésis | Fanfiction LOTR & Hobbit | TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant