Chapitre 32

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Ses bras sont en sang, des entailles plus ou moins profondes et des cicatrices. Ce n'est pas la première fois qu'elle le fait. Je vois cette lame ensanglantée, j'ai aussi demander de l'aide à cette lame auparavant, je replonge dans tout mes souvenirs... Il faut que je l'aide !

J'ouvre l'armoire à pharmacie et prend des bandages et du désinfectant, j'ai les larmes aux yeux.

Moi : Attention ça va piquer un peu.

Karine : Pourquoi Sarah ?

Moi : Pourquoi quoi ?

Karine : Pourquoi tu m'aides ? Aïe !

Moi : Désolée.

Karine : Faut pas, après tout je t'ai traité comme du poisson pourri...

Moi : Ne pense pas à ça, je ne t'en veux pas. Si tu l'as fait c'est qu'il y a une raison. Et puis toute personne mérité d'être aidé.

Karine : Merci...

Je passe le coton sur ses plaies, et les bande. Tout me revient tel un flash back, toutes mes conneries et mes pleurs. Je suis sortie de là aujourd'hui et je ne supporte pas de voir quelqu'un souffrir de cette manière. Je vais tout faire pour la remonter à la surface ! Quitter l'automutilation, AM ou Cat pour les intimes... Certains se demandent comment une telle barbarie peut faire du bien, mais quand vous êtes seuls, entre ces quatre murs, et que personne n'entend votre peine ça devient une solution de facilité. Quand vous sentez cette lame dans votre bras et que vous voyez le sang couler vous vous libérez, juste un instant... Mais ce n'est pas une solution ! Loin de là ! Cela ne fait qu'empirer les choses !

Moi : Karine pourquoi tu fais ça ?

Karine : Je... J'y arrive pas.

Moi : Karine regarde !

Je remonte ma manche, cela fait maintenant un an que j'ai quitter la lame mais les marques resteront. Je veux qu'elle ait le déclic.

Karine : Toi aussi ?

Moi : Oui, mais je m'en suis sortie et je ferai la même chose pour toi.

Karine : Bill le sait ?

Moi : Non... Je lui dirai plus tard et puis c'est une longue histoire.

Karine : Raconte moi...

Je baisse la tête, j'ai un peu peur de tout dire. De livrer la partie la plus sombre de ma vie, une spirale infernale dont il est difficile de sortir... Non ! Elle doit savoir, peut-être que je réussirai à lui ouvrir les yeux.

Moi : Viens on va s'assoir et je te dirai tout...

Je l'aide à se lever et l'assoit sur le lit. Je tremble un peu, non ! Tu dois lui dire avec sérieux, reprend toi ! Je respire...

Moi : Alors voilà, tout d'abord tu dois savoir que l'automutilation n'était pas le point de départ.

Karine : Lequel c'était.

Moi : Quelque chose d'idiot. J'étais la seule de mes amies à ne jamais avoir eue de petits copain et je me suis donc remise en question : "Tu es moche alors ? Qu'est ce qui ne va pas chez moi ?"  J'ai donc fait l'erreur de me comparer aux mannequins et là la réponse fut évidente, j'étais trop grosse ! 41 kilos pour un mètre soixante, c'est un poids normal mais pour moi une horreur...

Karine : Mais tu es pas grosse.

Moi : Je me trouvais... J'ai commencé à me peser plus de trois fois par jours. Avant et après la douche, en me levant et en allant me coucher... Et j'ai commencer à réduire toujours plus les qualités de nourriture. Je regardais mon corps en me disant que je me rapprochait petit à petit de la perfection. Que si on voyait mes os je serai enfin belle... Je suis donc descendue à 35 kilos...

Karine : Tu as perdu 6 kilos !

Moi : Ouais mais je me trouvais toujours grosse. Mes amies, inquiètes, me forçaient à manger. C'était une horreur ! Je reprenais un peu de poids mais je gardais un objectif, ou plutôt une limite. Ne jamais dépasser les 40 kilos !

Karine : Mon dieu...

Moi : Ouais, puis avec des problèmes de famille grandissant et en voyant que la personne que j'aimais en aimait une autre et que je n'étais qu'une simple merde à ses yeux j'ai commencer à me mutiler... Un trait, deux, trois, huit, plus ! Toujours plus, ce n'est qu'un jeu, un jeu avec mon compas et mon cutter...

Karine : Je vois de quoi tu parles...

Moi : Oui mais j'en suis sortie et je ne lâcherai pas ! Je t'aiderai à t'en sortir !

Karine : Comment ?

Feel It AllWhere stories live. Discover now