Shuhei Yomi

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Hm ? Oui, les enfants ? Vous voulez que je vous raconte une histoire ? Hum, l'histoire de ma vie ? Ye vois ye vois... Bon bah j'essaierai de faire court hein... Bah ouais ! J'ai une vie trop passionnante weiss !

Passionnante, certes, mais pas forcément tordante hein... Déjà faut savoir que je suis un accident. Enfin, plutôt, ma mère a été violée, donc elle a été mise enceinte, et tout... Mais elle m'a gardée, et ça c'est plutôt sympathique de sa part ! Et peu de temps après ce petit incident elle s'est mariée, j'étais pas encore né... Elle s'était mariée à un yakuza hyper respectée à ce que l'on m'a dit... Peu après cet heureux évènement encore, je suis né... L'accouchement s'est bien passé, mis à part le fait que je sois albinos, mais ça au pire c'est pas grave, c'est même une marque de fierté, vu que mon tuteur l'était aussi ! Tuteur que j'ai toujours considéré comme père d'ailleurs... Biologique ou pas, je m'en foutais ! Et puis, ce sont ma mère et lui qui m'ont élevé... Enfin, ce jusqu'à mes trois ans.

Oui oui, trois ans. En plus c'était le lendemain de mon anniversaire... Autant vous dire que non c'était pas cool ! Les risques du métier ont fini par les rattraper... J'avais trois ans... Et je m'en souviens comme si c'était hier... J'étais dans mon berceau, fait de bois dans le salon, avec mon père qui regardait la télé et jouant de temps à autre avec moi... Et ma mère était dans la cuisine. La cuisine... Soudainement, une grosse explosion en retentit. Une grande « lumière » en sortit. Plusieurs ustensiles de cuisine furent projetés en dehors la pièce et une odeur de brûlé se répandit instantanément. Mon père sursauta d'abord, mais regagna vite son sang-froid resta immobile, tendant l'oreille. Puis de petits éclats de voix, voire des murmures se firent entendre. Ni une ni deux, mon père eut immédiatement le réflexe de prendre une petite mitrailleuse dans un tiroir secret et s'engagea dans la cuisine. De mon berceau, je n'entendis que le son des balles et des armes. Mais j'avais compris. Je restai d'abord immobile pendant dix bonnes minutes, attendant de ne vraiment plus rien entendre. Puis, je me hissai hors de mon berceau et me dirigeai vers la cuisine. Un gros tas de gravats semblait reboucher un trou dans le mur. Il n'y avait plus d'ampoule, la seule source de lumière était celle du jour, qui arrivait par un petit trou dans les gravats La poussière était partout. Les meubles et installations de la cuisine étaient carbonisés. Et au milieu de toute cette ambiance sombre où tout semblait avoir été grisé par la poussière...

« Papa... »

Mon père était étendu sur le sol, le corps totalement recourt d'un liquide rouge. Même ses cheveux semblaient avoir été teints. Je me rapprochai doucement de lui... J'avais peur. J'étais vraiment effrayé. Pourquoi il était tout rouge ? Pourquoi il bougeait plus ? C'était quoi, tout ça ? Un jeu ? De la confiture ? Du ketchup ? Non... Je me rapprochai encore du corps... Et u plongeai mes mains. Cette sensation... Aucun doute. Je l'avais reconnu. Je l'avais reconnu, ce liquide rouge que ramenait souvent mon père de son boulot. Sur sa tête, ses mains, ses bras, ses jambes. Ce liquide rouge qui lui faisait mal lorsque j'appuyais ne serait-ce qu'un peu dessus... Je venais d'y plonger mes mains. Il n'avait pas réagi. Aucune réaction... Ce sang-là le faisait souffrir en temps normal. Alors ce n'est pas un temps normal. Le temps normal c'est lorsqu'il est debout et qu'il sourit. Quand il est debout... Quand il respire... Il ne respirait plus. A cette pensée, mon cœur fit le plus grand bond que je n'aie jamais fait.

« Maman... »

Je ne la voyais pas. Elle n'était nulle part. Nulle part dans mon champ de vision. Il n'y avait que moi, mon père, cette cuisine poussiéreuse et ce tas de gravats. Ce tas de décombres... Je compris également. C'est à ce moment-ci que j'entendis des pas dans la maison. Je m'en foutais. Je m'en foutais ! Je savais qu'il y avait des chances que la mort vienne me cueillir à son tour. Mais je m'en foutais. Rien n'avait d'importance à ce moment-là. De plus je n'étais pas en état de faire quoi que ce soit. Trois ans. Je n'avais que trois ans. Les pas se rapprochaient lentement. Malgré moi, je tombai sur mes fesses. Mes jambes ne me soutenaient plus. Mes forces m'abandonnaient. Autant physiques que morales. Que vouliez-vous réellement que je fasse ? Faible, j'étais faible. Je voulus être fort, à ce moment précis. Mais être le plus fort. Parce que je le savais, mon père était fort. Mais il est tombé sur quelqu'un de plus fort. Alors que le plus fort est le meilleur, point. Il ne peut être battu. Ou tué. Je voulus être le plus fort. Mais j'étais faible. Insignifiant. Je n'avais que trois ans. Et j'étais sur le point de mourir. Sans que personne n'en sache rien. Les faibles sont voués à mourir sans que personne ne se souvienne d'eux.

« Petit. »

Je relevai doucement la tête, totalement vidé. C'était un homme à la carrure assez costaude qui se tenait devant moi. Et il avait l'air... Immensément fort.

« Alors... Tu es le petit Shuhei... Fils de Sheer Khan le yakuza... Un très grand homme. »

Il s'agenouilla devant le cadavre et ferma les yeux un moment. Moi, je continuai de regarder cet inconnu ? Il se semblait pas hostile, mais qui était-ce ? Un ami de mon père ? Sûrement. Probable. Il se releva, et je pus apercevoir une lueur de vengeance dans ses yeux. Une lueur magnifiquement terrifiante... Que je me décidai d'adopter plus tard. Il me regarda alors droit dans les yeux.

« Tu veux savoir qui a fait ça à ton père ? Ce sont les hommes. Les gens. Le monde. »

Les hommes. Les gens. Le monde. Ils sont tous autant qu'ils sont pareils... Alors ce sont eux , mes cibles, mes ennemis.. Je dois tous les dépasser. Tous les avoir.

Six mois plus tard... Ce qui m'est arrivé pendant cette ellipse ? Eh bien... L'homme qui m'a trouvé cette nuit particulière m'a recueilli et était également yakuza. Un bon ami de mon père... Il ne savait pas trop où me placer, voulant garder un œil sur moi... Alors il m'a gardé au QG du gang. Et j'y ai vécu six mois, en voyant donc les têtes de quasiment tous les mafieux du gang. Et puis un jour, il a décidé de me ramener chez lui. Cela ne me dérangea pas, je considérais presque cet homme comme mon second père. Je dis bien presque, j'aurais pu le considérer totalement comme tel si je n'avais pas perdu toute foi en l'humanité et tout goût à la vie avant. Je savais qu'il y aurait bien un jour où je, fort de mes observations et d'un suprême entraînement, je me « réveillerais » et montrerais l'étendue de ma force à tout le monde. Et je les écraserais. J'écraserai absolument qui je veux. Pourquoi ne pas clamer ses convictions haut et fort alors qu'elles étaient si bien classées dans ma tête de trois ans seulement ? Il n'y avait pas réellement d'intérêt. Des adultes, je n'attiserais que des moqueries et des gens de mon âge n'y comprendraient goutte. Personne dans ce monde n'était capable de me comprendre. Mon second père me ramena chez lui, et... Je le vis. Lui. Moi. Son regard. Mon regard. Son air. Mon air. Sa pensée sur le monde. La mienne. Le titre de plus fort du monde... Sans attendre quatre secondes, je me jetai sur lui et il fit de même comme attendu. Une baston entre nous qui en annonçait bien d'autres. Notre père fut d'abord surpris, mais bien amusé par la suite. C'est ainsi que je fis la connaissance de mon frère, Ryu.

Nous avons grandi élevés par notre père, nos fights, les fights extérieurs... Et certainement pas l'école. Le simple fait que nous ayons réussi à passer une année entière dans un seul collège relevait du miracle. Entre les exclusions définitives incessantes, les déménagements... Ca s'accumulait pas mal. Et finalement, mon frère a trouvé un certain internat... Pensionnat Lumen je crois... Je l'y ai rejoint d'une part, parce que c'était le seul établissement à bien vouloir nous accepter, d'autre part parce que j'avais besoin d'un coin frais pour la baston, et enfin parce qu'il me fallait ma dose quotidienne de fights avec mon frère... Trop simple sinon !


21 mars 2014.

Vieux parcheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant