Vieux parchemins

Drake Tyron Matthew Anderson

Et voilà que maintenant vous voulez connaître un peu mon passé. De vrais policiers. Mais enfin. Ça ne me coûte rien, de toute façon, je n'en ai pas honte, ou quoi, j'veux dire, c'est mon passé quoi. Devrait-on réussir à se détacher de son passé. Je crois que j'ai trouvé mon troisième prétexte pour coller un élève...

Et donc ! Ce que vous voulez savoir, c'est... Hum, commençons par le commencement, du coup. Ça aussi, c'est une phrase bien conne d'ailleurs. Au début, j'étais dans le ventre de ma maman, c'était cool, j'étais nourri, logé, blanchi, sans aucun risque d'expulsion ou de devenir SDF... Le seul souci, c'est que tout ça je devais le partager. Eh oui, j'ai donc une jumelle. Le jour où elle est sortie, j'ai cru être enfin tranquille, mais il s'est avéré que je me suis fait expulser aussi... Quatre minutes plus tard. Quelle façon de traiter sa progéniture... Enfin. Ma sœur jumelle et moi, nous sortîmes du ventre de notre mère et... Enfin, voilà, quoi ! C'est l'histoire d'une naissance presque banale ! Oui, presque, parce que déjà, bah on est jumeaux... Ensuite... Faut savoir que j'ai ouvert les yeux à 18 heures ! Sachant que normalement, on ne les ouvre qu'après deux jours... Ca annonçait déjà une précocité ! Mais ma sœur les avait ouvert à 14 heures... Vous l'aurez pas deviné, ça, mais une rivalité est rapidement née... Elle était là depuis le début en fait ! Et ça, vous l'avez deviné par contre, à cet âge-là déjà, on avait clairement vu qui sera « supérieur » à l'autre... Oui, j'avoue, ma sœur, sur tous les plans, m'a toujours battu, ça a toujours été ainsi et je me suis rendu à l'évidence, ce le sera toujours. Juste... Regardez un peu : j'ai commencé à marcher et à parler très tôt pour mon âge... Mais quiiiiiii l'a fait encore plus tôt ? Bingo, encore ma jumelle !

Vous comprenez donc que j'ai toujours été dans l'ombre de celle-ci... Enfin, ça ne me dérangeait pas tant que ça. Je me rappelle qu'à cet âge-là, je m'étais déjà affirmé hautain envers les autres. Attitude de noble, que voulez-vous. Je vous l'ai dit, nous deux avons été éduqué dans la manière des nobles British les plus British possibles. A savoir : on nous a appris à danser la valse, à se comporter parfaitement, à avoir une tenue vestimentaire soignée, à encaisser les coups de canne qu'on se prenait quand on faisait pas parfaitement bien tout ça et surtout, SURTOUT, on nous a implantés cette délicieuse manie de la « cup of tea ». Nous en connaissons encore aujourd'hui toutes les heures selon les jours. M'enfin, passons. Vous voyez, on a été élevés à la dure. Et ça se répercutait un peu partout... Pour ma part en tout cas. Quoique, pour elle aussi.

Et ce surtout à l'école, car, voyez-vous à l'école, comment dire... On était des cheatos ! Des cracks ! Des intellos ! Enfin, tout ce que vous voulez quoi ! On apprenait et retenait les choses plus vite qu'un black à qui on a promis un KFC gratuit ! Pour reprendre les mots de notre professeur à quatre ans –car nous étions dans la même classe-, « c'en était presque effrayant » et « on a encore jamais vu ça » ! A tel point que, c'était prévisible oui, nous avons sauté une classe. Simple, clair, net précis... Voilà ! Je vivais ma scolarité tranquille hein, même après ce saut de classe, j'arrivais à suivre tout à fait normalement la classe, ça ne me posait pas de réel souci... Ou presque... Parce que, devinez qui était ENCORE devant moi ? Ouiiiii ! Ma très chère sœur ! Alors j'avais beau être surdoué... On parlait toujours de ma sœur avant ! Mais je ne vais pas être de mauvaise foi, je n'étais pas toujours laissé en reste. Ainsi, la rivalité se prolongea. Et ce jusqu'à l'âge de 7 ans... Où elle resauta une classe. Oui, encore ! Et là, j'étais resté à mon niveau, ne la suivant pas... Cela ne fit qu'amplifier mon désir de la dépasser, et rendait la rivalité de plus en plus intense !

Et puis, une petite période de ma vie me marqua tout particulièrement. Etant un peu trop pleine d'énergie – soit un peu plus que moi -, mes parents décidèrent de l'inscrire à un club de taekwondo. A 12 ans, voilà quatre ans qu'elle en faisait. A cette époque, notre rivalité nous amena à nous battre. Vraiment. Enfin, j'veux dire, c'était une baston d'enfants quoi. Mais sévère quand même. Sévère pour moi surtout, en fait. Ayant plus d'aptitudes au combat que moi... Hum... Comment dire. Je me suis fait totalement humilier. Autant à ses yeux qu'aux miens. Donc, vous voyez... Je l'avais un peu mal ! Et j'avais la haine aussi ! Alors, comme les grandes vacances approchaient... Je me suis enfui chez mes grands-parents. Je les aimais bien mes grands-parents... Ils étaient super gentils et surtout, j'étais un peu leur préféré... Forcément qu'ils étaient plus rassurants !