Warren Kisuke ver. 2

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[CONTEXTE PARTICULIER. Ce personnage a été créé pour un lycée accueillant des gens avec des pouvoirs. Le sien lui permet de repousser toute chose, physique comme abstraite.]


« Voici ton enfant, ma chère. »

Un homme d'une assez grande taille tendit à une jeune femme sur un canapé qui semblait extenué un petit être, enveloppé de couvertures. Elle le prit, et l'observa longuement, une expression neutre sur son visage.

« Je... J'ignore si...
- Grandir sans sa mère est très éprouvant, coupa de suite l'homme, se lavant les mains dans un lavabo se trouvant juste au-dessous d'un grand miroir. Tu ne lui ferais tout de même pas subir cela ? Sachant en plus qu'il sera sûrement de la même... Nature que toi ?
- J'ai vécu sans père, et je m'en suis très bien sortie ! protesta la mère. Puis cet enfant, il... Il...
- Est sorti de tes entrailles. Peu importe la faute à qui, peu importe que son père n'aie que peu de chances de réapparaître. Tu ne peux pas me le laisser. »

La mère fixa son enfant une nouvelle fois, soupira, puis le serra tendrement contre elle.

« Bienvenue dans ce monde... Ton prénom sera Warren. »

Deux longs soupirs se firent alors entendre, et résonnèrent dans ce salon de luxe. La jeune dame, couchée sur un canapé en cuir, recouvert par un certain nombre de couvertures, reprenait lentement son souffle. Quant à l'homme, il s'était maintenant adossé au lavabo. Bien étrange, un lavabo dans le salon, mais que voulez-vous, quand on a de l'argent à dépenser...

Hélas, bien souvent, trop souvent, les mots ne sont que des mots. Ephémères.

« Tonton Emilio ? Où elle est partie, maman ?
- Loin, Warren... Très loin, Warren.
- Et elle revient quand, maman ?
- Je ne sais pas, Warren... Je ne sais pas. Tiens, regarde. Tu as une prise. »

Le petit garçon, en short, au bord d'un lac, une canne à pêche à la main, essaya de remonter le fil, mais il avait manifestement attrapé un poisson vigoureux. Le grand homme, assez barbu et costaud, se leva promptement alors, et lui prit la canne des mains, commençant à remonter la ligne avec bien plus de facilité.

« Merci, tonton Emilio ! fit l'enfant avec un sourire jusqu'aux oreilles.
- De rien. Tiens, je te laisse le mettre dans le seau. »

Warren prit le poisson encore gigotant sans hésiter, puis d'un coup, ce dernier fut expédié dans le seau sans que le petit garçon ne fasse le moindre mouvement pour. Son tuteur le regarda faire, avec un peu d'inquiétude dans le regard.

« Je t'ai déjà dit de ne pas faire usage de tes dons en public... Tu pourrais nous attirer des ennuis.
- Désolé... répondit l'enfant en baissant la tête. Mais, je suis habitué à la maison...
- J'espère que tu n'en fais usage à l'école, au moins.
- Non...
- Tant mieux, soupira l'adulte. Il ne manquerait plus que ça. »

Il reprit sa propre canne à pêche, et se remit patiemment à attendre. Warren, lui, regarda un instant ses mains mouillées, puis jeta un coup d'œil au poisson dans le seau. Il était mort.

Certains mots ne sont qu'éphémères, mais d'autres valent la peine d'être entendus.

« Tonton Emilio ! Pourquoi on est obligés de partir ? C'est pas si grave, si je les ai utilisés qu'une seule fois ! On s'en va pas pour ça, hein ?
- Warren ! »

En plein bouclage de valise, le tuteur de l'enfant s'interrompit, pour s'agenouiller juste au niveau de l'enfant.

« Dis-moi, tu as quel âge ?
- Neuf ans...
- Tu es donc assez grand pour comprendre, quand je te dis « N'utilise PAS tes dons », tu ne dois PAS les utiliser ! Tu ignores dans quel pétrin tu nous mets ! On est obligés de s'enfuir d'ici !
- Mais... Je ne l'ai même pas fait exprès... Ils voulaient me taper ! Je me suis défendu comme je pouvais ! C'est sorti tout seul, pour de vrai ! »

Vieux parcheminsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant