Chapitre 9: Rules

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Je ne pense pas que nous sommes les seuls maîtres de nos destins. Non, je ne pense pas que l'on ait toujours le choix et je ne pense pas non plus que nous pouvons régir nos sentiments. Mais ce dont je suis certaine, c'est qu'on peut changer les choses. Peut-être pas arranger ou effacer les erreurs de notre passé mais s'il y a bien une chose dont je ne peux douter c'est que l'on peut changer, guider, manier notre vie à partir du moment où l'on se rend compte de ce dont nous sommes capables.

Je ne pense pas que nous sommes les seuls maîtres de nos destins. Non, je ne pense pas que l'on a toujours le choix mais lorsque j'ai laissé Enzo entrer dans ma vie, je savais qu'au fond, j'avais le choix. Je pouvais refuser, je pouvais simplement dire Non, je pouvais m'en aller sans jamais me retourner. Je pouvais l'oublier.

Mais je ne l'ai pas fait.

Alors je me retrouvais ici, quelques semaines après avoir signé ce stupide contrat, à choisir une robe de mariage. Les frères d'Enzo, Dante et Adriàn, étaient venus passer l'après-midi à la maison. Et oui, par "maison" j'insinue que j'avais emménagé avec Enzo il y a quelques jours.

Adriàn était venu accompagné de sa femme Natalià, qui m'aidait à choisir quel voile commander avec ma robe. Alfredo DeParfiolo était aussi venu avec sa compagne Francesca, qui devait avoir la trentaine.

Alfredo commençait à apprécier Enzo, ça se voyait, ils passaient de plus en plus de temps ensemble et il nous a même invité à passer le week-end sur son yacht. Mais ce n'était pas suffisant, DeParfiolo n'était toujours pas prêt à se confier à Enzo.

Alors le fameux Vescovi a pensé que ce serait une bonne idée de me rapprocher de sa femme-

"Et celui là ?" demanda Natalià toute excitée

"Tu sais que rien de cela n'est réel, pas vrai ?" chuchotais-je pour qu'elle puisse être la seule à m'entendre

"Je sais mais ça reste ton mariage" sourit-elle

"De quoi vous parlez ?" demanda Francesca

"Oh j'hésitais simplement entre le saumon et les crevettes pour les entrées. Qu'est-ce que t'en penses ?" rétorquais je

"Saumon. Sans hésiter" répondit-elle avec un sourire dessiné sur le visage, je l'aimais bien en fait

Je me levai pour aller au salon et les filles me suivirent. Les garçons étaient en train de jouer au billard et de boire de l'alcool fort.

Enzo leva les yeux et son regard croisa le mien, je vis ses lèvres bouger, il avait probablement dit quelque chose d'important mais je n'écoutais pas. J'étais captivée par ses yeux. Je remarquai alors que tous les regards étaient dirigés vers moi, une expression confuse était dessinée sur chacun de leurs visages.

"Um, pardon ?" demandais-je

"Je t'ai demandé si tu voulais faire une partie avec nous, ma chérie" répondit Enzo en insistant sur le 'chérie' pour que je puisse bien déceler l'ironie

Cela me prit un instant pour réaliser que je n'avais toujours pas répondu alors je me contentai de me placer au coin de la table et de dire d'un air arrogant :

"D'accord. Mais ne pleure pas quand je t'aurais battu"

"Toi et moi savons très bien que ça n'arrivera pas. Je ne subis jamais la défaite" répondit mon 'fiancé' avec son fameux sourire tracé aux coins des lèvres

"Il y a une première fois à tout" dis-je avec un ton tout aussi provocateur 

****

Après avoir dîné, tout le monde s'en alla. Je me retrouvais alors seule avec Enzo dans cette grande maison. Mon appartement me manquait, Sara me manquait.

J'allumai la radio pendant que je rangeais le salon, je ne sais même pas où est Enzo mais il a intérêt à venir m'aider...

Il entra dans la salle à manger et je m'apprêtais à lui crier dessus mais il me devança en demandant :

"Puis-je avoir une danse ?"

"Pardon ?" demandais-je, clairement surprise

"Voulez-vous m'accorder une danse, my lady ?" dit-il en imitant parfaitement un accent anglais

Je pris sa main et nous dansâmes. Nous nous regardions dans les yeux pendant tout le temps, son regard était captivant et son odeur envoûtante.

"Comment avance l'affaire ?" demandais-je

"Il n'a toujours pas dit un mot. Mais ça viendra, soyons patients" répondit-il, serein. Je me contentais d'hocher la tête.

La chanson toucha à sa fin et il fit un de ces pas de danses que l'on voit seulement dans les films ou dans les compétitions de danse. Il me bascula vers l'arrière, ma tête se retrouva suspendue à quelques centimètres du sol.

Il me releva lentement sans jamais me quitter des yeux, nos lèvres se frôlèrent. Et quand je fus enfin sur mes deux jambes, l'envie de l'embrasser me déchirait de l'intérieur. Je m'apprêtai à céder à mes tentations quand il prit la parole :

"Avalon ?"

"Oui ?" répondis-je la voix tremblante

"Peux-tu me rappeler la première règle du contrat ?" demanda-t-il

Je réfléchis un moment puis je m'en souvins soudainement :

"Règle #1 : Ne pas tomber amoureux."

"Exact" répondit-il

Je le regardais de manière confuse, les sourcils froncés, les yeux scrutant ses moindres gestes.

Il s'approcha de moi, mit ses mains sur mes joues, nos lèvres se rapprochaient de plus en plus et au moment où je fermai les yeux, je sentis un doux baiser sur mon front. Merde.

"Ne brisons pas les règles, amore mio"

Ouch.

On dirait bien que notre petit jeu de vengeance a reprit. Mais il ne sait pas que j'ai appris à connaître toutes ses faiblesses... Apprête toi à être ruiné, Vescovi.

CalamitàOù les histoires vivent. Découvrez maintenant