Épilogue

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J'ouvris les yeux.

Des oiseaux chantaient au loin, mais j'avais l'impression qu'ils étaient juste à côté de ma tête. Le vent soufflant entre les arbres me donnaient l'impression d'avoir une forêt grandissant dans mes oreilles. Je pouvais voir des particules de poussières et de pollen flotter dans les air au-dessus de moi et haut dans le ciel je pouvais voir un vautour décrivant des cercles. L'herbe sur laquelle j'étais couchée chatouillait ma peau nue. Des bêtes se déplaçaient dans l'herbe et au loin, leurs mouvements me faisaient parvenir par flottement leurs odeurs à travers l'air froid du matin. Même après avoir été connectée à Louis et avoir gagné quelques uns de ses sens sur-développés, rien ne m'était parvenu de façon si claire.

Je me redressai. La demeure de Tom surplombait la pelouse qui scintillaient grâce à la gelée matinale. J'étais restée allongée au fond de son jardin, après les crucifix permanents et près du bout de la forêt qui bordait son terrain. C'était le milieu de la matinée, probablement vers midi, selon la position du soleil. Tout semblait différent.

Je passai ma langue sur mes dents. Deux crocs pointus sortaient de ma gencive à l'endroit où il n'y en avait pas eu auparavant. Lorsque je levai les bras, ma peau scintilla au soleil. J'avais de légères brûlures rouges autour de mes poignets, même si elles commençaient à s'estomper.

J'étais une statue en marbre poli vivante. J'étais une rôdeuse de la nuit.

Pourquoi étais-je donc toujours vivante en plein jour ?

Je me levai, trébuchant presque à cause de ma vitesse améliorée. J'entendis une fenêtre s'ouvrir à l'autre bout du vaste jardin. Du même endroit me parvint une odeur de viande, de sang qui me fit saliver. Des humains.

Mes jambes avancèrent seules vers la direction de la demeure avant même que j'ai compris ce qu'il se passait. Au plus profond de moi-même se trouvait une bête féroce, affamée de sang. Je courus jusqu'à la croix la plus proche de la maison, me cachant derrière elle. Je pouvais voir la fenêtre que l'on avait ouverte, au-dessus de l'évier de la cuisine dans le quartier des humains et je pouvais voir l'humaine, une jeune fille, se déplaçant dans la pièce.

Elle ouvrit la porte, me faisant parvenir une autre dose de la divine odeur et m'offrant une ouverture.

Je me précipitai à la porte, plus vite que possible, et je m'arrêtai en dérapant dans la cuisine, poussant la fille contre le comptoir. Elle s'était figée à mon contact et je me jetai sur sa gorge, enfonçant mes crocs dans sa veine jugulaire qui palpitait sous sa peau. Je pouvais sentir le sang se presser dans ses veines jusqu'à son cœur.

Son sang coula directement dans ma bouche, mouillant mes lèvres. C'était la meilleure chose à laquelle je n'ai jamais goûté; riche et complet, charnu, avec un léger goût d'adrénaline. Je me nourris sur elle de façon incontrôlable, jusqu'à ce qu'elle s'évanouisse dans mes bras.

Je la jetai au sol. Son cœur battait faiblement, même si je savais qu'elle n'allait pas s'en sortir. La marque que mes crocs avait laissée sur sa gorge tâchée de sang rejoignait une collection de cicatrices qui s'y trouvaient déjà. On l'avait utilisée comme on l'avait fait avec moi, comme une source de plaisir et de nourriture.

Je passai mes mains sur ma propre gorge. De petits points étaient plus froids que le reste de ma peau, des fantômes de cicatrices. Juste devant, mes doigts touchèrent deux endroits où ma peau était beaucoup plus rugueuse que le reste de ma gorge. Ils me faisaient mal lorsque je les touchais. Les marques de la morsure que Tom avait laissées.

C'était la maison de Tom. Ces esclaves étaient ses esclaves, cette fille lui avait appartenue. Il n'y avait aucun doute à avoir sur le fait qu'il pensait que j'étais morte, ou mourante, et m'avait laissée dehors pour pourrir au soleil ou être mise en morceaux par des animaux sauvages. Mais j'étais vivante, et je pouvais marcher au soleil.

Tous les rôdeurs dans la maison étaient morts, mais si l'un des esclaves me voyait il le dirait à Tom dès son réveil. Je devais partir d'ici, et rapidement. Mes rôdeurs étaient piégés dans cette maison, mais je savais qu'ils étaient eux aussi morts, et je ne pouvais rien faire pour les aider avant que la nuit ne tombe, lorsqu'il serait bien trop risqué de tenter quoique ce soit.

J'ouvris le robinet, remplissant d'au l'évier de la cuisine Si je me baladais avec du sang sur mon visage on saurait que je suis une rôdeuse presque immédiatement. Si j'étais propre, il y avait moins de chance que quelqu'un sache ce que je suis. Je lavai mon visage et frottai tout mon corps avec la petite serviette se trouvant à côté de l'évier. Mon reflet me fixa, peu familier à mes yeux. Je reconnus la forme de mon visage et les cheveux qui lui tombaient dessus, mais mes lèvres s'écartèrent pour révéler de nouvelles dents. Mes yeux étaient dorés.

J'entendis des bruits de pas descendant les escaliers. Me déplaçant rapidement, je déshabillai l'esclave humaine et mis ses vêtements. Ils étaient éclaboussés de sang et le jean était un peu trop long mais le t-shirt m'allait. Je passai la porte et me trouvait à l'autre bout du jardin avant que quiconque ne puisse entrer dans la cuisine.

Je m'arrêtai dans la forêt lorsque j'entendis le cri. Un humain courait dans la cuisine, appelant à l'aide. La bête affamée grogna en moi mais je l'ignorai, me tournant pour regarder la maison. J'avais pris la vie de quelqu'un, je l'avais utilisé et laissé mourir nu au sol. Je lui avais même volé ses vêtements tâchées de sang. J'étais une rôdeuse de la nuit. J'étais un monstre.

Mes rôdeurs étaient toujours à l'intérieur. Ils avaient été condamné à cette vie depuis bien plus longtemps que moi et n'avaient plus aucune raison de rester avec moi puisque je ne pouvais plus les nourrir, mais je voulais qu'on me les rende.

J'allais les reprendre.

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