NightWalkers

Chapitre 28

La salle à manger était déserte. Louis se trouvait dans la pièce qui respirait la solitude, sans aucune ambiance festive. Le vide complet commençait à affecter Louis, pourtant il ne pouvait pas partir. Il avait été enchaîné avec de l'argent à une croix de Saint-André fixée au mur, laissé exposé et sa peau brûlait à tous les endroits que touchait le métal précieux. Le collier lui piquait toujours la gorge mais l'accessoire en cuir avait légèrement été desserré et ne le dérangeait pas autant que les chaînes serrées autour de ses poignets, de ses chevilles et de sa taille.

Louis appuya sa tête contre le mur derrière lui. Il commençait à fatiguer. Le soleil était levé, rayonnant à travers les persiennes du mur opposé mais à cause de l'argent il ne pouvait pas dormir. La douleur causée par l'argent le gardait éveillé. Lorsque le soleil serait plus haut dans le ciel, les rayons de soleil passeraient à travers la fine fenêtre et se projetteraient sur le mur où Louis était attaché, passant éventuellement sur sa peau par la même occasion. Il serait gravement brûlé mais ce ne serait pas assez pour le tuer. Louis arrivait au point où, après des milliers d'années sur Terre, il souhaitait mourir.

Les traces roses étincelantes marquaient ses côtes. Tom l'avait profondément coupé avec une lame en argent. C'était une autre forme de torture mais qui avait aussi un but particulier : Louis avait été obligé de prendre l'énergie de Tess. Il avait ressenti sa douleur lorsque Tom lui avait fait du mal, la forçant à se nourrir sur Louis. C'était le deuxième rituel, le partage de l'énergie psychique et cela voulait dire que Louis avait eu juste dans le van. Tom essayait de transformer Tess, même si le résultat serait le même qu'elle soit humaine ou rôdeuse.

Louis s'affaissa un petit peu plus sur la croix, les chaînes le serrant et le brûlant. Le soleil se dirigeait lentement vers le mur. Dans quelques heures il l'atteindrait. D'ici là, il devait rester suspendu dans la douleur. Personne ne viendrait l'apaiser, pas même l'humilier, tous les rôdeurs de Tom devaient être morts. Louis ferma les yeux, mais sa mort de marbre à laquelle il était habitué ne vint pas. Son corps se rigidifiait, même si cela était dû à tout ce à qu'il avait du endurer, plutôt qu'au soleil.

Les quatre autres rôdeurs étaient enfermés dans la cellule. Ils étaient accrochés par les poignets avec des menottes en argent, hissés si haut que seul le bout de leurs orteils touchait le sol. Ils avaient tous un plug anal en eux, l'appareil de torture tant aimé de Tom et ils étaient suspendus de manière à ce qu'ils puissent tous se voir sans se toucher. Les plugs anaux avaient été douloureux au début mais maintenant la sensation de brûlure s'était apaisée, sauf lorsqu'un des rôdeurs se mettait à bouger.

Liam tendit la jambe, essayant de toucher Zayn. Le mouvement le fit s'enrouler autour des chaînes, le faisant hurler quand le plug bougea en lui. Zayn le fit rapidement taire, la dernière fois où l'un d'entre eux avait fait trop de bruit, un des esclaves humains de Tom était descendu et les avait fouetté jusqu'au sang.

"Liam, pose ton pied, arrête de tourner" dit Zayn d'une voix étouffée mais de façon toujours audible pour les autres rôdeurs. "Tout ce qui tu vas gagner si tu continues c'est de souffrir davantage."

Liam réussit à ralentir ses tournoiements, s'arrêtant pour faire face à Zayn. Sa lèvre inférieure tremblait et il avait les larmes aux yeux. Zayn bougea comme pour se rapprocher de lui mais il s'arrêta lorsque la douleur commença à se propager en lui.

"Je veux renter à la maison" marmonna Liam.

"Nous voulons tous rentrer, Li" dit Zayn pour le calmer. "Nous allons tous devoir travailler en équipe si on veut sortir de là, ok ?"

"Comment ?" demanda sèchement Harry. "Nous sommes tous enchaînés au plafond, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, et dès que l'un d'entre nous bouge il souffre atrocement. Et même si on réussissait miraculeusement à sortir, où irions-nous pendant que le soleil est levé ?"

"Eh bien, je sais qui ne viendra pas avec nous lorsque nous nous échapperons" répondit Zayn, fixant Harry. "Ce n'est pas comme si Tom allait te tuer de toute façon, pas vrai ? Tu lui appartiens à moitié."

"Ce n'est pas de ma faute ! Comment étais-je censé être au courant alors que vous m'avez tous menti ?"

"Nous t'avons menti pour te protéger !" Zayn hurlait désormais, se fichant d'être puni pour cela. "Louis avait peur que tu découvres ce qui s'était réellement passé et que tu le quittes."

"Pourquoi je ferais ça ?"

"Parce que Louis t'a laissé souffrir ! Tu ne t'en souviens parce que tu as commencé à rejeter le venin. Nous étions à une fête et tu es sorti pour prendre un peu l'air. Quand Louis est sorti pour partir à ta recherche, tu étais inconscient dans une ruelle. Tu avais été violé et poignardé, Harry. Tu étais presque mort. Niall ne pouvait pas te guérir, alors Louis était obligé de te transformer sur-le-champ. C'est de cette manière que Tom a pu t'approcher."

Harry fixa Zayn du regard n'y croyant pas un mot. "Non. J'accepte pas ça."

"Acceptes ce que tu veux. C'est ce qui s'est passé."

Le plus jeune des rôdeurs regarda Niall qui évitait son regard. "Est-ce que c'est vrai ?"

Niall leva les yeux avant de détourner à nouveau le regard. Il hocha la tête. Harry baissa les yeux, les yeux écarquillés, tandis qu'il essayait d'encaisser ce qu'on venait de lui dire. Louis lui avait toujours dit que pour être transformé en rôdeur, un humain devait être en train de mourir. Il a toujours dit qu'ils étaient allés un petit peu trop loin dans le donjon. Mais maintenant Tom était impliqué ?

"C'est pour ça qu'il te veut", continua Zayn, plus silencieusement. "Tom pense que tu lui appartiens. Il t'utilise pour faire du mal à Louis parce que Louis t'aime."

"Il aime Tess", dit Harry, mais même à lui sa réponse sembla automatique et creuse.

"Nous avons déjà parlé de ça : il pense seulement qu'il aime Tess car il croit que son père va l'apprécier davantage. Il t'aime, crois-moi."

Le silence prit place dans la cellule, chacun des rôdeurs évitant le regard des autres. Ils savaient tous que le soleil allait se lever et ils se demandaient tous ce qu'étaient en train d'endurer Tess et Louis. Leurs suppositions sur le tourment de Louis étaient plutôt correctes et lorsqu'ils partagèrent leurs pensées ils se rendirent compte qu'ils pensaient à peu près tous à la même punition, mais aucun d'entre eux n'était d'accord sur ce que pouvait être en train de subir Tess.

"Zayn", dit Niall puis laissa le silence reprendre place. "Comment as-tu rencontré Louis ?"

"C'était il y a des centaines et des centaines années", répondit Zayn. "Je suis quasiment sûr de te l'avoir déjà raconté."

"Oui mais je veux que tu me le racontes encore."

Il haussa les épaules. "D'accord. Je vivais dans un village en Angleterre qui était assez ennuyeux et un jour Louis a fait son apparition. Il a emménagé dans la maison juste à la périphérie du village. L'ancien propriétaire venait tout juste de mourir et tout le monde pensait que Louis était son fils caché ou quelque chose dans le genre, parce que c'est à lui que revenait la maison dans le testament du propriétaire. En fait Louis avait tué le fils et s'était approprié la maison, mais je n'ai découvert cela que longtemps après avoir été transformé.

J'avais vingt et un ans lorsqu'il est arrivé. Il ne sortait jamais pendant la journée et il ne se rendait qu'aux meilleures fêtes. Ma famille faisait plutôt partie de la haute société, donc nous assistions aux mêmes fêtes. Je le voyais tout le temps sur son trente et un. À cette époque les fêtes étaient ennuyeuses à mourir alors je sortais discrètement dehors et laissais mes parents essayer de me trouver une femme. J'étais un peu une bizarrerie du fait que je n'étais toujours pas marié à vingt et un ans.

Louis est sorti tandis que j'attendais pour partir. Je ne l'ai pas du tout entendu s'approcher derrière moi, il a juste fait son truc où il est soudainement là. Nous avons un peu parlé et il a mentionné le fait qu'il n'était pas marié. Je lui ai dit que je ne voulais pas être marié parce que c'était ce qu'on attendait de moi; j'attendais quelqu'un de spécial." Zayn regarda Liam et sourit. "Louis était d'accord avec moi sur ce point là. Il a commencé à dire des trucs vraiment bizarres, que nous pouvions nous enfuir ensemble et tout ça et j'ai inventé une excuse puis je suis retourné à l'intérieur.

Je crois que je n'étais même pas à la porte d'entrée quand il m'a attrapé. Au début Louis n'était pas aussi tendre qu'il l'est maintenant, il ne savait donc pas vraiment quoi faire d'autre. Il me voulait et il me voulait tout de suite. Il m'a assommé et m'a aussi mordu, je crois.

Je me suis réveillé le soir suivant et j'étais enchaîné au lit. Il m'avait emmené à la maison dans laquelle il vivait, où il avait recouvert toutes les vitres pour que la lumière ne puisse pas passer. Mes mains et mes pieds étaient attachés et il m'avait déshabillé. Je ne pouvais pas voir grand chose quand je me suis réveillé, à l'époque il n'y avait que les bougies pour s'éclairer et la pièce était sombre, mais je savais qu'il était là. J'avais ce sentiment horrible qu'un prédateur se trouvait près de moi.

Il était devant la porte, me regardant. Lorsqu'il a vu que j'étais éveillé, il a grimpé sur le lit et s'est assis à côté de moi. Il était aussi nu, je crois, ou alors il s'est déshabillé très rapidement. Il ne faisait que répéter que nous étions faits pour être ensemble pour l'éternité et que j'allais m'habituer à être avec lui. J'étais terrifié; c'était comme si un fou m'avait pris en otage.

Il m'a baisé sur le lit. Ma première fois et je crois que c'était aussi sa première fois avec un homme. Il ne semblait pas savoir ce qu'il faisait. Juste après qu'on eut fini, il m'a transformé. Tout de suite après. En plus je ne lui avais presque rien dit depuis mon réveil.

J'étais tout le temps enchaîné après ça. Il y a une raison au fait qu'il n'ait pris personne pendant des centaines années après que je l'ai rejoint : il devait s'assurer que je ne fuis pas. Soit j'avais mes mains attachées dans le dos, une corde autour de mon cou, ou les deux. Nous voyagions et voyagions. Une fois qu'il fut sûr que toute ma famille était morte et que je n'avais nulle part où aller, il a commencé à me détacher mais seulement lorsque nous étions dans un endroit où je pouvais pas m'échapper."

Zayn soupira. "Tu es content ? Tu connais la suite, c'est quand Liam est arrivé."

Niall hocha lentement la tête. "Est-ce que tu lui as pardonné ?"

"De m'avoir transformé, oui. De m'avoir violé, non. Mais il s'occupait de moi et il n'a pas insisté pour que je me marrie comme l'a fait ma famille. Il était mieux qu'eux. Je regrette juste qu'il ne m'ait pas laissé le choix comme il vous l'a laissé."

"Je n'ai pas eu le choix", marmonna Niall.

"Il t'a demandé si tu voulais être transformé et tu as accepté. Je n'ai pas eu ça. Tess ne va pas avoir le choix avec Tom. Mais il va la tuer de toute façon, pas vrai ? Donc son choix n'a pas vraiment d'importance. Il ne lui reste qu'un jour à vivre."

C'était en plein milieu de l'hiver, les jours étaient donc courts. Dans la salle à manger, Louis souffrait en silence tandis que le soleil lui brûlait la peau. Tom avait sans aucun doute installée une caméra quelque part pour filmer sa torture mais Louis n'allait pas lui donner satisfaction. Il garda la tête appuyée contre le mur derrière lui, même si cela exposait au soleil la peau de son cou qui n'était pas couverte par le collier, et resta silencieux jusqu'à ce que le soleil se déplace vers le bas de son corps. Il était brûlé et souffrait, il était donc épuisé mais réussit à survivre toute la journée.

Lorsque le soleil se coucha, il se sentit physiquement soulagement. C'était comme si la tombée de la nuit lui avait enlevé un poids des épaules et se détendit, le clair de lune lui donnant la force d'ignorer les brûlures de l'argent. La porte de la salle à manger s'ouvrit, comme il s'y était attendu, et Tom pénétra dans la pièce. Il parla mais Louis ne prêta pas attention à ce qu'il disait. Ce n'est que lorsqu'il claqua des doigts et que deux esclaves humains défirent les chaînes que Louis se mit à prêter attention. Il s'écroula au sol, atterrissant sur ses genoux et resta ainsi avec la tête baissée.

"Tu sais ce qu'il se passe aujourd'hui ?" chantonna Tom, s'accroupissant devant Louis et relevant sa tête en lui tirant les cheveux. "Non ? Je vais te le dire de toute façon. Ce soir va naître un nouveau rôdeur. Ta magnifique Tess va devenir une d'entre nous, n'est-ce pas fantastique ? Bien sûr, elle ne survivra pas jusqu'au matin. J'ai réfléchi à des façons de la tuer. Que penses-tu de l'attacher dehors et de la laisser jusqu'à ce le soleil se lève ? Enfin, tu peux apparemment survivre au soleil, mais tu es né rôdeur et tu es ancien. Pas elle."

"Tue moi", marmonna Louis, regardant Tom. Ses mains étaient lourdes sur ses cuisses. "Tue moi à sa place."

"J'en avais l'intention, vraiment", répondit Tom, "mais j'ai ensuite pensé 'Qu'est-ce qui est encore mieux que de tuer ses ennemis ? Les humilier.' Donc, Louis, ta punition est beaucoup plus longue que celle de la petite Tess." Les mains de Tom glissèrent autour de la laisse et il se releva, forçant Louis à se lever aussi. "Bienvenue dans ta nouvelle vie en tant que pute de sang."

Tom passa à nouveau ses mains dans les cheveux de Louis. Il pencha la tête de Louis et mordit la chair de son cou, laissant Louis hurler de douleur. Même s'il était resté avec des rôdeurs pendant des centenaires et s'était parfois nourri sur eux, Louis n'avait jamais été mordu. Au début, avec Zayn, il avait presque était obligé, mais jamais personne n'avait bu son sang directement de sa gorge.

Tom but pendant un long moment. Louis était déjà faible, malgré la montée de force qu'il avait ressenti après le coucher du soleil, et cela l'affaiblit davantage. Lorsque Tom finit par s'écarter, léchant ses lèvres, Louis s'effondra. La seule chose le tenant debout étant la poigne de Tom autour de la laisse. Du sang dégoulinait de sa gorge.

Tom se tourna vers la porte, où deux esclaves humains se trouvaient attendant les ordres. Il claqua des doigts. "Allez me chercher Tess. C'est l'heure de la première dose."