"Charlotte, je ne peux pas tout te raconter mais j'aimerai que tu me rendes un service."
Je marquais une pause en baissant mes yeux sur la tasse de thé au jasmin qui fumait.
"J'aimerai que tu te renseignes sur un homme qui s'appelle Paul et qui semble être un habitué de l'hôtel Ivoire. Le serveur au bar semble bien le connaitre."
"Pourquoi? Expliques-moi au moins pourquoi tu as besoin de savoir qui est cette personne? C'est grave? Tu as un problème?"
Elle ne s'arrêtait plus de me poser des questions avec des yeux grands ouverts. Ce n'est que lorsque je posais mes mains sur les siennes qu'elle ralentissait son débit de parole et finissait par se taire."S'il te plaît, fais ça pour moi. Je t'expliquerai plus tard."
Je ne voulais pas qu'elle soit impliquée dans cette histoire au cas où ce Paul s'averrait vraiment être dangereux. Mais elle était la personne à qui il fallait s'adresser quand on voulait avoir des informations dans cette ville. Son mari connaissait tout le monde et toutes les portes lui étaient ouvertes. Charlotte adorait profiter de ce monde de luxe et de pouvoir. Elle aimait tout ce qui était clinquant. Son corps de rêve, sa peau d'ébène et son beau visage d'ange faisaient tourner la tête à plus d'un et elle le savait. Ses longues tresses épaisses et brillantes tombaient sur ses épaules et soulignaient son port altier. Et elle usait souvent de son pouvoir de femme fatale pour obtenir ce qu'elle désirait.
Elle voyait dans mon regard une lueur de peur et de désespoir. Si elle refusait de m'aider j'étais doublement dans les problèmes car non seulement elle risquait d'en parler à son mari Yvan qui lui en parlerait à Charles. Je ne voulais surtout pas que Charles soit au courant de cette histoire. Il avait d'autres chats à fouetter en ce moment et notre couple avait besoin de se reconstruire. Ce problème risquait de tout gacher.
Une petite voix au fond de moi me disait "et le mensonge par omission aiderait peut-être ton couple à se resouder. Ben voyons. Super raisonnement ma belle."
Je taisais rapidement cette voix qui semblait être celle de ma raison. Je ne voulais pas que Charles soit au courant, un point c'est tout."D'accord, décris-le moi. Je vais faire ce que je peux." Disait-elle après un long silence.
"Mais promets-moi que tu me raconteras tout."
"Je te promets. Je te jure que je te raconterai tout dès que tout ça sera resolu."
"Tu peux toujours tout me dire tu sais... Je ne te trahirai jamais. Si tu ne veux pas que Charles soit au courant, ne t'en fais pas je peux comprendre. Jamais je n'en parlerai à Yvan."
"Merci beaucoup Charlotte. Je te revaudrai ça."
"Je sais." Me disait-elle avec un petit sourire espiègle. "Alors tu me le décris?"Je décrivais alors du mieux que je pouvais cet homme qui me faisait de plus en plus peur. J'avais l'impression qu'il m'épiait, qu'il était dans un coin pour m'espionner et connaître tous mes faits et gestes.
Nous continuions à discuter de tout et de rien en finissant nos tasses de thé et je la laissais repartir au travail.
Je devais également rentrer et préparer ma petite soirée en amoureux avec Charles. J'avais hâte, cela faisait tellement longtemps qu'il ne m'avait pas proposé une soiree detente en tête a tête. Depuis que j'étais revenu, tous les soirs nous nous retrouvions chez ses parents pour dîner. Il me disait qu'il voulait que je sois entourée d'amour et soutenue meme si cela faisait déjà un an. Je pensais plutôt qu'il ne voulait pas se retrouver seul avec moi dans cette maison vide. Nous avions espèrer remplir cette maison de cris d'enfants mais maintenant ce n'est plus possible et il semble être celui qui soit le plus malheureux de cette situation. Etant le fils aîné de sa famille, tout le monde s'attendait qu'il ait des enfants (au moins 4 de préférence selon sa mère) pour pouvoir assurer l'avenir de la famille Lo. Un an après notre mariage, ma belle mère me demandait régulièrement quand est-ce que je me déciderai à leur donner un petit fils ou une petite fille. A tous les dejeuners de famille du dimanche j'avais droit à cette question dans la cuisine en train de l'aider à emmener les plats sur la table. Toutes les tantes de Charles s'y sont mises également et cela devenait carrément un sujet de réunion de famille parfois lorsque Charles allait voir ses grands-parents sans moi. Lorsque ma belle mère a su que je ne pouvais plus avoir d'enfant suite à cet accident, elle avait beaucoup pleuré non pas pour elle mais pour nous car elle disait à Charles qu'une vie sans enfant est comme une vie sans but, une vie sans bonheur. Et malgrè cela, elle n'avait pas cessé de m'aimer comme sa propre fille même si elle se disait tout au fond de son coeur que je ne pourrais jamais rendre son fils heureux. Elle me disait qu'elle priait pour nous tous les dimanches à la messe pour que Dieu fasse un miracle. Elle avait la foi pour toute la famille donc on pouvait compter sur elle pour demander un miracle.
Arrivée à la maison après avoir fait quelques courses, je m'activais alors à la cuisine avec l'aide de ma cuisinière pour preparer un bon poisson braise, une sauce gombo et de la pâte. Ce n'est surement pas le genre de plat qu'il faudrait manger pour une soirée en amoureux car ça assomerait une vache vue la lourdeur de la sauce et de la pâte. Mais je voulais lui faire plaisir et je savais qu'il voulait décompresser, se détendre. Rien de mieux qu'un ventre plein et un bon sommeil. Vers 18h30, je donnais congés à la cuisinière pour qu'elle rentre chez elle. Je finissais toute seule de préparer notre repas du soir. Quand je finissais de mettre la table, je partais prendre une douche et me changer pour me mettre à l'aise. Je choisissais de mettre une robe longue avec des tons différents de bleu qui moulait mes seins et mes hanches en faisant découvrir ma jambe gauche à l'aide d'une longue fente partant de la moitié de ma cuisse jusqu'à ma cheville. Elle avait un décolleté dans le dos. Je remontais mes longues rasta en un lourd chignon pour offrir ma nuque à milles baisers. Il me fallait un accessoire pour que ma tenue soit parfaite, un collier ou des boucles d'oreille. J'optais pour des boucles d'oreille en or pendantes et longues. Elles me chatouillaient le cou à chaque fois que je bougeais la tête.
Voilà, c'est parfait. Ce soir j'avais décidé de rester sage, et ne pas le provoquer mais de lui donner tout de même une idée de ce que pouvait être la soirée s'il décidait de changer d'avis.Je m'étais endormie sur le canapé quand Charles me réveillait vers 22h. Il avait posé un baiser sur mon cou et ensuite sur ma joue pour me réveiller.
"Excuses-moi, j'ai rencontré un ami à l'aéroport et nous avons discuté affaire avant qu'il ne prenne son vol. Comment vas-tu?"
"Coucou...hummmmm..." Je m'étirais sur le canapé pour m'asseoir à côté de lui.
"Tu dois avoir faim. Je vais rechauffer ton repas."
"J'ai une faim de loup. Tu as déjà mangé?"
"Non pas encore, je t'attendais."
"C'est gentil. Merci mon coeur mais tu aurais du manger sans moi."
"Non je voulais qu'on passe la soirée ensemble."Il me prenait dans ses bras avant que je ne puisse me lever pour aller à la cuisine.
"Pardonnes-moi. Je sais que nous devions passer la soiree ensemble."
"Pour te faire pardonner, pendant que je nous sers notre repas, tu choisis le film. Et tu choisis un film romantique. Ça c'est pour ta punition."
"Aggggrrrr... Tu es sûre de vouloir voir un film d'amour et de pleur et de... de...?" Disait-il en grimaçant mais en cachant un sourire.
Il ne trouvait plus les mots pour qualifier ce genre de film.
"Oui je suis sûre."
Et je partais à la cuisine pour réchauffer notre repas.Je revenais dans la salle à manger avec nos deux plats chauds. Il était déjà à table. il avait enlevé sa veste et sa cravate. Sa chemise était ouverte aux 2 boutons du haut et il avait retroussé ses manches.
Il commençait à manger quand il me regardait avec un énorme sourire et me lance gaiement:
"Tu ne devineras jamais qui j'ai vu à l'aéroport aujourd'hui. J'ai faillit oublié de te le dire. Il me l'aurait jamais pardonné! Un de tes anciens amis de lycée, il s'appelle Paul!"Ma fourchette tombait de ma main et j'avais faillit m'étouffer avec la pâté que je venais de mettre dans ma bouche.

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Je reprends ma vie
Ficção GeralHélène est enfin de retour chez elle, à Abidjan. Reprendre sa vie là où elle s'est arrêtée il y a un an ne sera pas aussi facile qu'elle le pense surtout que tout a changé. Des situations auxquelles elle ne s'attendait pas vont s'avérer être des épr...