Je reprends ma vie

Chapitre 9

J'arrivais un peu en avance à l'hôtel. Je me disais que j'allais prendre un verre avant de retrouver ce Paul. De plus je comptais préparer dans ma tete mon discours. J'avais au moins un quart d'heure d'avance. Je voulais etre ferme. Je lui donne la clé et je comptais lui dire d'aller se faire voir ailleurs. Qu'il me laisse enfin tranquille.
Je commencais à avoir mal à l'estomac. Une envie urgente d'aller au toilette me prenait. Arrivée au toilette, je me dirigeait tout droit vers celle qui était la plus proche et claquait la porte sans ménagement. Je sentais tout mon petit déjeuner remonter dangereusement. Mon niveau de stress devait être au sommome, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eu un malaise pareil. La dernière fois était lorsque je devais présenter devant plus d'une centaine de personne mon mémoire sur le développement durable dans les pays d'Afrique. J'avais alors vomis tout mon petit dejeuner avant d'aller faire ma présentation. Dès que je m'étais retrouvée devant le jury et les différentes personnes de l'audience, mon stress avait disparu. Je m'en étais très bien sortie. Esperons que ce soit la même chose aujourd'hui. Je me penchais dans la cuvette mais rien ne venait. J'entendais alors une personne entrée dans les toilettes en discutant au téléphone. C'était une femme. Sa voix m'était familière. Elle chuchotait presque et avait l'air furieuse.

"Mais qu'est-ce qui te prend de ne pas me répondre? Je t'ai laissé au moins une vingtaine de message depuis hier soir... Non, non, non, tu ne peux pas faire ça. Tu n'as pas le droit de faire ça... Tu étais censé venir en discuter avec moi avant de faire ça... Oui, je suis à l'hôtel Ivoire... Non,... Elle n'est pas encore arrivée, je n'ai pas vu sa voiture dehors et je ne l'ai pas encore vu au bar. Elle devait m'appeler de toute facon avant de se rendre ici. Je voulais te voir avant qu'elle n'arrive. Où es-tu?... Si elle va venir..."

A ce moment là une autre personne entrait dans les toilettes. Elle s'arrêtait du coup de parler. Je ne savais pas si elle était encore au téléphone ou non mais je l'entendais sortir des toilettes.

Je savais à qui appartenait cette voix. Mon coeur lachait d'un coup, et cette fois tout mon estomac remontait pour de bon. J'avais à peine eu le temps de remettre ma tête dans la direction de la cuvette. Je rendais mon repas, mes larmes coulaient en même temps. Je ne savais pas si c'etait la douleur dans mon estomac ou la douleur de mon coeur qui venait de recevoir un choc. Une trahison. Une trahison que je ne comprenais pas. Mais pourquoi devait-elle me trahir ainsi. Elle est donc à l'origine de toute cette sordide histoire?
Je sortais des toilettes et me rincais la bouche. Mes larmes coulaient toujours. Des perles de sueur se voyaient sur le haut de mon front.
Qu'est-ce que je devais faire maintenant?
Premiere chose me disait ma petite voix interne, ne pas rester là. Si elle revient et te voit là, elle saurait tout de suite que tu étais là bien avant et que tu aurais pu l'entendre discuter au téléphone. Il fallait que je trouve un moyen de sortir d'ici sans qu'elle ait des doutes. Je prenais alors mon téléphone et cherchais son numéro dans la liste des contacts.

"Allo, Charlotte? je suis déjà à l'hôtel."
"Moi aussi, où es-tu?"
"J'étais au bar du restaurant au dernier étage, je viens de descendre aux toilettes du rez de chaussée. Et toi?"
Elle ne pouvait pas me voir quoiqu'il en soit si je venais du dernier etage. L'ascenseur n'était pas visible du bar.
"Je suis au bar. Helene, je pense qu'il est déjà là. Je vois un homme à la tête rasée qui me regarde depuis que je suis arrivée. Assez bel homme j'avoue."
"Ça doit sûrement être lui. J'arrive."
"Ça va aller... Tu as trouvé la clé?"
J'hésitais avant de répondre.
"Non, je n'ai rien trouvé. J'arrive" Et je raccrochais.

Je me regardais une derniere fois dans le miroir et prenais mon courage à deux mains pour me diriger vers le bar de l'hotel. Je ne savais pas encore ce que j'allais faire ou dire.
Je les voyais de loin, chacun de leur côté comme s'ils ne se connaissaient pas. Charlotte se penchait sur son telephone perchée sur une des chaises haute du bar et lui était assis dans un fauteuil à une table tout près du bar. Ma meilleure amie devenait mon ennemi et je ne comprenais toujours pas.