Mon étoile filante

405 26 1
                                    

Believe in your dreams! 🌠

Pour Isis🔏

"Intello, tête de veau!". Les insultes de le journée que m'ont fait subir mes camarades (si je peux les appeler ainsi) résonnaient encore à mes oreilles. Quelle andouille je faisais aussi ! Quelle idée de me porter volontaire afin de préparer un exposé sur notre collège ! Ce n'est pas cela qui améliorera ma réputation de fayot finit auprès des autres. Je sais bien que je devrais faire des efforts, être plus sociable, et moins la tête dans mes livres. Mais je ne peux m'en empêcher ! Étudier chez moi, c'était une seconde nature : j'aimais engranger des connaissances et les partager ensuite avec mes amis. Enfin, si j'avais eu des amis. Je n'avais aucun ami ! Ah si, j'en ai deux ! Mais je ne pense pas que la bibliothécaire et Krokmou, mon chat, comptent comme tels. Au collège, j'étais la bête noire, le fayot de service, l'intello lèche-botte ! Tout ça parce que je passe le plus clair de mon temps dans le travail scolaire ! Mes parents aimeraient bien que je me fasse des amis, mais au collège ou je suis, ma réputation est toute faite et ce serait une véritable perte de temps que d'essayer. Voilà pourquoi mon père me poussait à faire des activités extra-scolaires. Malheureusement, c'est totalement impossible car cela nuirait à ma concentration et avec le brevet qui approchait à grands pas (trois mois, deux semaines et six jours pour être plus précis), ce n'était pas le moment de se relâcher ! Je suis une personne sérieuse mature et responsable et je tenais à le rester. Les autres ne semblaient pas comprendre que si je me faisais bien voir des profs et que je passais le plus clair de mon temps à étudier, c'était simplement pour préparer mon avenir. ! Il suffisait qu'ils comprennent cela et me laissent tranquille. Au lieu de ça, ils me harcelaient chaque jour un peu plus...

C'est sur ces mornes pensées que je sombrai dans le sommeil.

Le lendemain, je me rendis au collège en passant par la place du village comme à mon habitude et me rendis compte avec stupéfaction que des gens du voyage s'y était installés durant la nuit. Mon regard croisa celui d'une fille de mon âge, aux yeux blonds et avec d'incroyable yeux bleus ciel. Soudain, je consultai ma montre et me rendis compte que si je ne me dépêchais pas, je n'aurais pas le temps d'aller au CDI pour réviser mon espagnol.

Finalement, j'avais largement eu le temps de travailler mon espagnol, j'avais même pu finir mes exercices d'algèbre et commencer mon exposé d'histoire. En français, au premier rang afin de ne pas perdre un mot de ce que dit madame DUNBROCH, j'écoutai. Tout à coup, le proviseur fit irruption dans la pièce en compagnie de...la fille de ce matin ! Elle s'excusa de son retard et se présenta : elle s'appelait Astrid, avait quatorze ans, trois frères et resteraient parmi nous jusqu'en mai, puis, elle repartirait vers de nouveaux horizons. La professeure la remercia, puis lui indiqua la seule place dont personne n'avait semblé vouloir, celle à côté de moi. Obéissante, Astrid s'exécuta mais je n'écoutais plus. Je regardais Astrid, ses yeux bleus pétillants de malice et d'intelligence, ses cheveux d'un blond pur qui cascadaient librement sur ses épaules. Je la trouvais merveilleusement belle. La cloche retentit et je me rendis compte que pour la première fois de toute ma vie, je n'avais pas été attentif en cour. C'était le début du changement que Astrid instaura dans ma vie.

Je ne la revis plus de la journée. Le soir pourtant, en rentrant chez moi, je la recroisait. Je m'attendais à ce qu'elle m'ignore, les autres avaient dû se charger de faire ma réputation. Résigné, je lui tournai le dos et enfourcha mon vélo. Pourtant, lorsque je lui accordais un dernier regard, je me rendis compte qu'elle souriait. Pas le sourire hypocrite ou moqueur auquel j'avais souvent droit. Ce sourire ci était chaleureux et sincère. Ce simple sourire me bouleversa. Jamais personne dans ma classe ne m'avait accordé autant de sympathie. Je lui rendis son sourire puis repartit, espérant que le weekend allait filer.

Jamais le weekend n'était passé aussi lentement que celui qui avait précédé ma rencontre avec Astrid. Pour m'occuper, je décidai d'aller lire un livre au bord d'un ruisseau de ma connaissance. C'était un endroit charmant, des lys blancs encadraient un cours d'eau limpide, le tout ombragé par de splendides acacias. C'était mon jardin secret. Un jardin que je n'avais jamais partagé avec personne jusqu'à ce fameux samedi. Adossé contre un arbre, j'étais plongé dans mon livre de sciences naturelles. Tout à coup, une ombre jaillit de nulle part et vint me cacher le soleil. Par réflexe, j'ignorai cette ombre, me cramponnant un peu plus à mon livre en songeant que c'était encore un élève de ma classe venu me tourmenté où me piquer mes affaires. « Salut ! » dit alors une petite voix fluette et pleine de gaité qui me semblait familière. Intrigué, je levai les yeux et vit Astrid, toute de vert pomme vêtue, qui arborait son beau sourire.

« Salut, répondis-je,
-Que fais-tu, me demanda t'elle en s'agenouillant à mes cotes,
-Je lis, dis je
-Mais on à SVT mercredi, tu as le temps de travailler, détends toi ! s''insurgea-t-elle,
-J'aime étudier, grommelai je pour seule réponse,
-Moi aussi, réplique t'elle, mais il faut savoir décompresser,
-Et comment? ripostai-je, le nez dans mon livre. »
Voyant que la réponse ne venait pas, je daignai poser mon livre et lever les yeux vers elle. C'est à ce moment précis que je reçus de l'eau dans la figure. Un rire cristallin s'éleva de la gorge de Astrid. Indigné par cette trahison, je la poussa dans l'eau mais elle m'attrapa le bras et m'entraina dans sa chute. Nous finîmes tout deux trempés mais heureux. Le reste se passa comme dans un rêve : nous sommes restés allongés sous les arbres, parlant de tout et de rien. Puis nous nous sommes quittés. Cet après-midi avec Astrid n'était que le premier d'une longue série. La semaine, je redevenais l'adolescent travailleur et renfermé, mais le weekend, je devenais joueur et intrépide. Je montrais mon vrai visage comme aimait me dire Asty. Plus le temps passait, et plus je me rendais compte que j'en avais marre d'être tout le temps aussi responsable et adulte. Astrid aurait aimé que je reste ainsi toute la semaine, pas seulement lors de nos jeux au bord du ruisseau. Elle me l'avait fait comprendre en me disant : « Tu es beau quand tu souris. » Après quoi, j'avais réfléchi et m'étais dit que, pourquoi être parfait alors que j'étais bien plus heureux lorsque j'étais moi-même ? C'était un nouveau moi, j'avais changé et je le montrerais à la Terre entière, à commencer par mes camarades de classe. Ce que je fis dès que possible. Mes camarades avaient étiquetés sur ma chaise : « ATTENTION : fayot !!! » Habituellement, je prenais tout au premier degré et m'énervait facilement. Mais pas cette fois-ci. Un regard à Astrid me permit de me calmer. Le regard qu'elle me lançait signifiait clairement : « Reste toi-même ! » Alors, prenant mon courage à deux mains, j'éclatai de rire. Reconnaissant l'écriture de Jack Frost, je lui lançai : « Toujours aussi drôle, Jack ! » Le tout accompagné de mon plus beau clin d'œil. Jack fut médusé, puis se reprit et souria pour me remercier.

A partir de ce moment-là, plus personne ne se moqua de moi. Quolibets et sifflements avaient cessés lorsque je passais et c'était nettement plus agréable ! Je me suis même inscrit à un club de maquettes ou j'ai rencontré Vareck et Raiponce. Petit à petit, je me faisais des amis. Lentement mais surement, j'exprimai ma nouvelle personnalité. Je n'étais plus le garçon au visage éteint toujours s plongé dans ses livres et agressif. J'affichai dorénavant un visage rayonnant, passait plus de temps avec mes amis qu'avec mes livres et j'étais bien plus agréable avec tout le monde, y compris mes parents qui en avaient soupés de mon caractère maussade.

Je suis devenu comme je le suis à présent grâce à Asty : sa joie de vivre à déteint sur moi et son humour inspirait le mien chaque jour un peu plus. Elle était mon rayon de soleil. La première amie que je n'avais jamais eu. Mais elle ne se doutait pas qu'il n'y avait pas que de l'amitié dans mes sentiments pour elle...

La nuit, on avait un code secret : chaque soir, à la même heure, on regardait les étoiles et nos esprits se rejoignaient dans la voie lactée.

Un jour, elle m'annonça qu'elle partait le lendemain. Elle était venue me dire au revoir. Nous passâmes notre dernier après-midi ensemble au bord du ruisseau. Avant de nous séparer, je lui demandai comment est-ce que nous resterions en contact. Alors, elle me montra le ciel et dit : « Il nous reste les étoiles ! » Sur ce, elle me fit un baiser sur la joue, m'adressa une dernière fois un de ses splendides sourires et disparut entre les arbres.

Je suis resté celui qu'Astrid à quitter, joyeux et croquant la vie à pleine dent. Elle était apparu dans ma vie, l'avait illuminée et était repartie, comme une étoile filante. Depuis, chaque soir, à la même heure, je contemple les étoiles et je sais que, quelque part, une petite gitane les regarde elle aussi...

Hiccstrid InfinityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant