5.

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Le présent

Il déposa la sorcière sur un lit gigantesque encore plus blanc que le plancher de la chambre. Un duvet épais l'accueillit comme un ange reposant sur un nuage. Un ange ensanglanté qu'il... n'avait pas tué.

Nikolaus se redressa brusquement et se passa une main sur le visage. Tu as failli la tuer.

Mais il ne l'avait pas fait.

Pourquoi ne l'as-tu pas tuée ?

Ravin Crosse, cette... sorcière ? Les vampires et les sorcières étaient des ennemis héréditaires.

Alors pourquoi ?

Nikolaus serra les poings et siffla entre ses dents. La rage l'envahit et il se mit à arpenter la chambre du mur à la porte en résistant à l'envie de hurler sa frustration.

Elle reposait, inerte, ses boucles noires étalées sur le drap blanc. Silencieuse. Incapable de se battre ou de le défier.

C'était cette même sorcière qui l'avait blessé, si cruellement qu'il avait effleuré la mort. Son cœur s'était arrêté et il avait dû vider un ami de son sang pour survivre.

Une vague de chaleur le parcourut du crâne au bout des doigts. Un terrible désir de vengeance réclamait son dû. Pourtant...

Quelque chose était différent, anormal.

Alors que la rage aurait dû devenir
incontrôlable, elle s'apaisa peu à peu et se transforma en une émotion que Nikolaus n'avait pas éprouvée depuis une éternité.

Il sentit son cœur s'accélérer et détendit ses mains. Les muscles de sa nuque se relâchèrent peu à peu.

Ses bras s'enfoncèrent profondément dans le duvet lorsqu'il se pencha au-dessus de son corps inanimé.

Cette sorcière, cette femme sublime mérite...

Il rapprocha son visage du sien, mais s'arrêta juste avant d'effleurer ses lèvres. Son cou était maculé de sang. Il avait une odeur différente de celui des mortels. Il avait toujours un arôme d'herbes. Le parfum du thym l'avait d'abord frappé, mais il y avait autre chose. La cerise ? Le musc ? Nikolaus n'arrivait pas à l'identifier.

Par curiosité, il s'humecta un doigt
de sang et alla l'observer à la lumière de la lampe de chevet.

Dire que cette petite goutte de vie aurait dû être mortelle pour lui... Une fois déjà elle l'avait dévoré jusqu'au cœur. Et elle avait tué cinq membres des Kilas en moins de cinq minutes.

C'était du cocktail de mort. Extrêmement dangereux. A éviter à tout prix. Si douloureux !

Et pourtant... il en voulait davantage.

Vraiment ?

- Quelque chose ne va pas, marmonna-t-il en se léchant les doigts.

Son goût circula dans tout son corps et réveilla son désir. Le besoin de satisfaction charnelle accompagnait toujours la soif de sang.

- Ça ne va pas, murmura-t-il encore. Et pourtant, c'est... normal.

Il revint observer la blessure de la sorcière. Il ne lui avait pas pris beaucoup de sang ; elle allait bientôt revenir à elle.

Ses cheveux noirs s'éparpillaient sur l'oreiller couleur de neige. Son visage en forme de cœur se terminait par un menton pointu. Sa bouche généreuse et entrouverte exhalait de faibles soupirs. Un liquide marron et visqueux lui souillait le front et les joues.Ses sourcils bruns étaient parfaitement dessinés et des taches de rousseur dansaient sur ses joues. Une fine cicatrice courait du coin de sa bouche vers son menton.

La Morsure De La PassionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant