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Ravin savait qu'elle avait tort mais elle n'arrivait pas à émettre la moindre protestation. Parce qu'elle n'avait pas l'impression d'avoir tort - pas physiquement, du moins. Le désir, qu'elle avait longtemps fait taire, commençait à réclamer son dû. C'était un besoin qu'elle avait appris à dompter, mais contre lequel elle n'avait aucune envie de lutter à cet instant.

Cet homme semblait connaître son corps. Il n'y avait pas un endroit qu'il effleurait ou embrassait qui ne la faisait frissonner.

Devait-elle distraire ses sensations en réfléchissant à ce qui était vraiment en train de se passer ?

Mais il y avait des choses qu'une femme sensée ne refusait jamais : les bouquets de roses, les bijoux hors de prix et les aventures érotiques exceptionnelles.

Parce qu'elle s'était longtemps menti à elle-même, son orgasme la prit par surprise. Il se déploya en elle comme une tornade et affola ses sens.

Il n'avait encore touché que ses seins - et les avait un peu embrassés, il fallait le reconnaître. A cet instant précis, il éveillait des torrents de sensations du bout de la langue.

Et elle était étendue sur son lit, bras écartés, prête à faire tomber des barrières qu'elle avait mis des décennies à édifier.

Mais les reproches de sa conscience
pouvaient attendre. Pour le moment, elle goûtait pleinement les sensations qu'elle avait refusées à son corps pour se consacrer davantage à son travail. Apparemment, elle n'avait rien perdu de sa capacité à éprouver du plaisir.

Il lui avait volé le souffle.

Elle allait voler le sien.

Ravin attira sa tête vers elle pour embrasser son amant comme elle n'avait jamais embrassé personne - avec impatience et provocation.C'est mal.

Son âme était en train de plonger du côté des ténèbres à toute vitesse.

Mais elle s'en moquait. Pour le moment, elle ne voulait que se rendre.

Elle se cambra et plongea ses doigts dans la chevelure de Nikolaus tandis qu'il prenait possession de son corps.

* * *

Même si les volets laissaient maintenant passer de nombreux rayons de soleil, tous s'arrêtaient à mi-hauteur entre le plafond de la chambre et le lit. Nikolaus avait l'impression d'être allongé sous un système de sécurité de musée.

Il n'était pas inquiet. Il ne dormait pas plus de quelques heures par jour et laissait parfois les persiennes de son appartement ouvertes dans la journée pour regarder le ciel. Le soleil, qu'il désirait plus que tout, était son pire ennemi.

Il ne fallait que quelques minutes pour que la chair d'un vampire commence à se décomposer au soleil. Il l'avait appris à ses dépens le jour où il avait voulu vérifier cette rumeur en sortant fièrement par un après-midi de juillet.

Pourtant, les rayons du soleil n'étaient dangereux que s'ils l'atteignaient directement.C'est pourquoi il était en train de se reposer à côté d'une sorcière.Tout semblait faux dans ce tableau, mais cela ne le dérangeait pas le moins du monde.

Quelque chose lui plaisait chez cette sorcière, suffisamment en tout cas pour lui faire oublier les préjugés ancestraux.

Puisque Ravin Crosse ne pouvait pas lui faire de mal, il ne pouvait pas la haïr. Mais pourquoi dans ce cas, haïssait-il les autres ? Parce qu'elles pouvaient lui faire du mal ? C'était plutôt le genre des humains de haïr une race tout entière, simplement parce qu'un de ses representants pourrait un jour leur nuire...

La Morsure De La PassionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant