Chapitre 12

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   Je m'écarte doucement de Faustian pour éviter de lui faire mal et me tourne vivement vers lui, tourmentée de son état. J'avais pendant un instant oublié ses blessures, plongée dans mes pensées égoïstes. Je n'arrive pas à comprendre d'où vient la force qu'il a puisée pour se battre contre le bandit après les coups de couteau que l'homme lui a infligé.

   -Tu vas bien ? Demandai-je avec effarement à Faustian.

   -Oui, dit-il tout bas.

   -Montre-moi tes blessures que je puisse les soigner!

   -Non, tu n'as pas besoin de t'en occuper, je te dis que je vais bien.

   -Ouvre ! Criai-je.

   Il ne m'obéit pas, il n'a pas besoin de faire comme si tout allait bien, il est gravement blessé et ceci par ma faute. Je me sens très mal à cause de cela. Alors, comme il se montre retissant, j'ouvre moi-même le vêtement et reste un moment muette, incapable de parler et d'avoir une quelconque réaction dans une telle situation... Ce que je vois... Non, plutôt ce que je ne vois pas.

   Où sont ses blessures ?

   Je regarde son vêtement avec plus d'attention, j'y trouve bien du sang et le vêtement est bien troué. Je ne suis perdue dans mes réflexions, je ne comprends pas du tout ce qu'il se passe à ce moment-là. D'un geste brusque, il referme son habit.

   -Je t'ai dit que j'allais bien !

   Je reste sous le choc.

   Pourtant... Le l'ai bien vu se faire poignarder! Je... Comment est-ce possible! Pourquoi n'y a-t-il aucune blessure, rien! Il y a bien du sang et les endroits troués de son vêtement, que la lame a traversé! Non, s'il n'a pas de blessure c'est qu'il n'a pas reçus ces coups de couteau ! Mais le sang? D'où vient-il?

   J'ai du mal à me concentrer, premièrement parce que je ne comprends pas ce qui vient tout juste de se passer et deuxièmement parce que je suis aussi très gênée d'avoir été obligée d'ouvrir son vêtement contre sa volonté, cela faisait maintenant deux fois et en moins de deux jours que je voyais son corps à demi dénudé, j'espère qu'il ne se forgera pas une mauvaise opinion de moi. Je me retourne, j'ai sans doute les joues pourpres et je ne veux pas qu'il me voit comme ça. Quelque part j'ai honte de moi, je suis vraiment bien trop pudique. La première fois que je l'ai vu dénudé, c'est lui-même qui avait pris l'initiative, pour me donner un de ses vêtements pour me tenir chaud, et là c'est moi qui viens de prendre l'initiative, mais pas pour de mauvaises fins! Je voulais le soigner en pensant qu'il était gravement blessé.

   Je me recroqueville et regarde fixement la route que nous quittons peu à peu. Je veux me changer les idées sur ce qu'il vient de se passer, mais j'ai peur de voir surgir de nouveau le grand blond. Je sais que cela peut paraître complètement fou, mais je ne veux pas le voir sortir de nulle part et de s'en prendre à mes amis, même si cela fait déjà quelques minutes que nous l'avons quitté sur le galop de l'étrange animal.

   Sans vraiment m'en rendre compte, je me suis plongée dans mes pensées. Je me rappelle la conversation qu'il y a eu entre Faustian et ce voleur, je ne comprends pas certaines choses, particulièrement les réactions de mon ami sur certains points durant la conversation. Et puis je ne comprends pas un certain point... Maintenant une question m'obsède et elle finit par m'échapper inconsciemment.

   -Pourquoi vous êtes venus me chercher au péril de votre vie? Dis-je tout bas.

   Personne ne me répond sur le moment. Je ne sais pas s'ils m'ont entendu. Pour Gauston, il est impossible pour lui d'avoir pu entendre quoi que ce soit de là où il est, mais Faustian est juste à côté de moi. Je pose ma tête sur mes genoux, je tente de me cacher comme je le peux. Je sens deux grands bras chauds m'enlacer affectueusement. Cette sensation et agréable et réconfortante, je relâche un peu mon étreinte, je suis moins crispée. J'ai envie de rester comme ça longtemps, aux creux de ses bras. Je sens ensuite quelque chose se poser sur mon épaule et quelques mèches noires me chatouiller doucement ma joue. Mon cœur s'accélère, je ne bouge pas. Mon cœur se serre, comme si tous les sentiments que j'avais pu ressentir durant ces quelques jours me reviennent tous d'un seul coup: la tristesse, la colère, toute cette angoisse qui avait empoignée mon être. Mais pas que, il y avait aussi ces rares moments de joie et de soulagement qui adoucissaient tous ces horribles moments. Je le sens bouger un petit peu, son souffle chaud contre ma peau.

FaustianOù les histoires vivent. Découvrez maintenant