Lettre treize.

223 18 1
                                    

Bruce,

Tu t'es perdu ? Ça fait si longtemps. La prison ne veut plus de moi. La prison a fermée. Je ne suis plus que seul.
Seul avec mes mains.
Seul avec ma voix.
Seul avec ton parfum qui flotte au dessus de ma tête.
Voyons, Jack, qu'est ce qu'il te prend. Reste calme. Doucement. Doucement...Jack ? Non, tu n'as rien lu. Tu n'as rien...je gribouille. Je rature. Tout est noir, maintenant. Tout.

La feuille était blanche avant que je ne me décide à y écrire quelque chose.
Le ciel était bleu avant qu'il ne pleuve.
Et mon coeur était saint avant que je n'entende parler de toi. Tu m'as engendré. Comme une maman lâche un gros foetus moche de son utérus. Mais je ne crois pas que je sois un gros foetus moche. Un gros moche, peut-être. Mais j'ai 27 ans. Et je suis parfaitement constitué de 2 bras, 2 jambes, et une queue. Que j'affectionne par dessus tout.
Ce que j'aime aussi, c'est regarder les murs de briques de ma prison. J'ai compté. Cent douze. Enfin, les visibles. Parce que je ne suis pas portugais, j'en sais rien, moi, de cet arithmétique là.

J'ai le mal de toi.
C'est étrange. J'écris, un peu comme un automatisme. Espèce de petit enculé, hein, t'as mit du poison dans ma soupe. Je le savais. Tu fais tout pour me tuer sans qu'on le voit. Non, car toi, tu dois jamais tuer, hein ! Surtout, surtout jamais tuer. Mais tu vas le faire. Tu vas me tuer. Puis plus personne ne voudra de toi. Plus personne ne voudra de toi, oui, et ils verront enfin que tu n'es rien, rien, rien de chez rien. Tu seras seul. Seul avec ta cape, seul avec ton masque, tu seras seul avec ta mâchoire carrée et ton regard noir. Plus personne ne voudra ni te toucher, ni te regarder. Regardez, le monstre qui a tué le bon vieux Joker. Regardez-le ! C'est un meurtrier.
Moi, je serais mort. J'aurais rien à voir.

J'écris mal. J'écris très très mal. Ça fait si longtemps que je n'ai pas écrit. Mes mots sont trop jolis. Les insultes ne viennent plus. Je suis incapable d'en sortir une seule, là, maintenant. Ah, si. Pute.

C'est court. C'est trop court, ça, c'est pas digne de moi. Alors j'écris. Tiens, je vais t'écrire...des mots. Non, c'est minable. On dirait un gosse. Je deviens maboul. Ça m'énerve. Il faut que j'arrête. Il faut que je m'en aille. Quand ? Je sais pas. Où ? Aucune idée. Ne me suis pas. Surtout pas. Laisse-moi seul. Va t'en.
Je te hais encore plus que moi même.

A-mi-ca-le-ment.

Le bouffon de la reine.

PS : je ne me suis pas relu.
PS2: ne me réponds pas.
PS3 : et arrête de me parler.
PS4 : je préfère la xbox 1, lol.

Le bruit du silenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant