Chapitre 26

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Armand

Tout le monde s'activait autour de moi quand j'ai vu ça.

Ça faisait cinq heures que nous n'avions eu aucune nouvelle de Lilou.
Pierre, notre supérieur, m'avait engueulé quand Tom lui avait dit que je ne m'étais pas assez éloigné d'elle.
Maël, un gars de ma classe et de mon équipe, essayait de géo-localiser le portable de Lilou.
Tom supervisait un nouveau plan.
Claire et moi nous préparions pour partir en repérage.

Quand mon portable a sonné.

C'est un MMS de Lilou. Je croise le regard de Claire : nous savons pertinemment que ce n'est pas une bonne nouvelle et encore moins Lilou l'auteur du message.

"Supérieur ! Armand a reçu un message de la fille." Cria Claire.

Pierre s'approcha suivit de Maël et de Tom.

"Ouvre le Armand, il t'es destiné."

En l'ouvrant, je repensais à tous les moments qu'on avait passé ensembles.

Comme le jour où nous devions nous retrouver au Paquier avec notre groupe d'amis. Mathilde avait envoyé un message sur Facebook en annulant car il était prévu qu'il pleuve.

Lilou et moi n'avions pas vu le message et nous nous sommes, effectivement, retrouvés sous la pluie.

Nous avions trouvé un grand sapin vers le pont des Amours qui nous a abrité pendant un moment. Nous avons parlé pendant un long moment, malgré que nous étions trempés.

Je la revoie sourire à mes taquineries, j'entends son rire que je trouvais ridicule, je pense à son visage si expressif : sourcil froncé, puis sourire, puis éclats de rire, soupire...

Le MMS s'ouvre : "Arrête ton enquête."
Suivi d'une photo. On voit Lilou. Ses yeux sont grands ouverts comme si elle avait peur... Ou surprise ?

Elle est assise, attachée à une chaise.
Il n'y a pas de sang, mais il y a pire...
Ce que Lilou ne peux pas voir c'est la dizaine de personnes qui "posent pour la photo" derrière elle. Ils portent tous des masques mais aussi des armes pointées sur elle.

Au dessus de la tête de Lilou se trouve une corde prête à pendre quelqu'un.
Je lâche mon portable.

Je sens que mon estomac remonte.
Je vomis sur le sol.

"Il faut la sauver, dis-je déterminé.

-Nous faisons notre possible pour les géo-localiser et une fois ça fait nous nous en suivrons au plan initial. Explique Pierre. Nous n'attaquerons pas et...

-Si, nous attaquerons ! Je hurle plein de rage. Ils vont la tuer si ils comprennent que nous continuons le plan initial ! Ils savent ce que nous faisons, ils ont une longueur d'avance sur nous ! Alors, on les géo-localisent, on prend tous les flingues de cette planque et on va les butter ! Je vous laisserais pas continuer votre merde ! Je n'écouterai plus vos plans passifs ! Et si je dois y aller seul, j'irai !"

Ça faisait cinq heures que j'essayais de réfléchir calmement. Ça faisait cinq heures qu'ils attendaient que je craque.
Finalement, mes idées s'éclaircissent.
Je reprends plus calmement en profitant du silence.

"Ce qu'il faut faire, c'est leur laisser croire qu'on va attaquer d'une minute à l'autre et qu'on sait où ils se trouvent. Ils mettront une garde importante autour de Lilou et de leur boss. On aura qu'à étudier leur position et attaquer ensuite.

-C'est risqué, souffle Maël. Justement on ne connaît pas leurs informations... Que savent-ils exactement de notre plan d'attaque ? De nos moyens de fonctionner ?

-Armand a raison, tranche Pierre. Toutes autres actions à l'aveuglette nous amènera à un bain de sang inévitable. Si nous connaissons la position de l'adversaire, nous pourrons organiser notre attaque en fonction. Remettez vous au travail, cette fille doit avoir été localisée dans une heure maximum. Armand viens avec moi."

Pierre m'entraîne dans une autre salle du bunker qu'il referme à double tour.
J'ai confiance en Pierre. Il m'a appris tout ce que je sais sur l'espionnage. C'est lui qui nous a repéré, Tom et moi, à la préparation militaire en seconde. Quand il a su que nous suivions ce stage uniquement pour faire du sport, il nous a convaincu de rentrer dans une armée. J'ai choisi la Marine et Tom l'armée de l'air. Puis, après plusieurs mois, il a commencé à nous parler d'un réseau de drogue très puissant. Ce réseau couvre tout Annecy et sa banlieue, s'étalant jusqu'aux portes de Chambéry. Dans la pensée collective, ce réseau est la "mafia savoyarde". Le boss, ou le parrain, n'est jamais tombé et ce depuis vingt ans. Il ne fait aucune erreur et il a un moyen d'action simple : celui qui dérange disparaît.
Nous, nous dérangions. Mais nous étions des lycéens "innocents". Personne ne savait que nous enquêtions et si nous venions à disparaître, le réseau risquait gros. En effet, nos familles sont des gens influents. Le père de Tom est un euro-député alors que sa mère est directrice d'une grosse entreprise nationale. Le père de Maël est ambassadeur. Quant à moi, ma mère est une juge à la réputation d'être "plus juste que la justice elle-même ." Pierre, en nous choisissant, savait que le réseau ne nous ferais pas disparaître. Celui-ci restait donc en retrait dans le bunker. Le réseau ne sais pas qui est notre cerveau.

Le fait que nous sommes intouchables à mené le réseau à développer d'autres moyens d'actions : les proches.
C'est pourquoi j'ai dû m'éloigner de Lilou pour la protéger...

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