Chapitre 27

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Pierre s'assit et sorti du tiroir un classeur plein à craquer. Il leva les yeux vers moi et me dit d'un ton solennel :

"Ce réseau est le travail de toute une vie. Nous sommes à deux doigts de les avoir, et je suis désolée que cette fille ai été leur victime. Il y a dans ce classeur toutes les informations, articles de journaux, extrait de livres, témoignages, avis de recherches concernant de près où de loin le réseau. Je te le donne, étudie le et fait tomber le boss. J'ai confiance en toi Armand."

C'est le travail de toute une vie...
Fait tomber le boss...
J'ai confiance en toi...

Je ne comprends pas pourquoi il me donne ça. L'important tout de suite est de localiser Lilou, pas d'apprendre l'histoire du réseau. J'ai l'impression qu'il essaie de m'écarter de l'affaire.

"Écoute Pierre, je préfère trouver Lilou. Donne ce job à quelqu'un d'autre.

-Armand, je suis ton supérieur hiérarchique. Si je te donne une mission, tu l'accepte sans broncher.

-Et quel est l'objectif de cette mission ? Perdre un de vos homme qui pourrait travailler sur du concret ? Je ne suis pas une bibliothécaire à ressasser des faits divers !

-Je comprends ta colère Armand !

-Non vous ne comprenez pas ! Lilou, ma Lilou a été enlevée par ces rats par votre faute ! Vous avez choisi le plan de l'éloignement mais, et je m'en rend compte aujourd'hui que, c'était déjà trop tard ! Le réseau avait déjà repéré leur cible ! Vous auriez dû le savoir et me dire de la protéger ! Mais..."

Je m'arrête net. Mes paroles ne lui font rien... Je suis en train de remettre en cause ses ordres et pourtant...

"Étudie ce dossier petit. Je t'éloigner de l'affaire, tu es beaucoup trop proche de la victime.

-Non ! "

Sans que je m'en rende compte, il est sorti de la salle. Je me précipite vers la porte pour qu'il ne puisse pas la fermer.. Mais c'est déjà trop tard.
Je frappe celle-ci de mes poings, j'essaie de la défoncer en m'élançant dessus, en balançant la chaise mais rien n'y fait. Je suis enfermé comme un lion en cage, en train de devenir fou et en pensant à Lilou...

Ma Lilou... Qu'est-elle en train de vivre ? Lui font-ils du mal ? Si c'est le cas, je les retrouverai tous et je les tuerai un par un.

Ma Lilou... Ce matin encore, elle était avec ses amies en train de rire, de "potiner" comme elle disait... Et à cause de moi, elle est là bas...

Ma Lilou... Je l'aime et je pleure sans plus pouvoir me retenir... Je pleure en espérant que je la reverrai sourire...

***

Au bout d'un moment, je me rend compte que la seule façon d'être utile est de lire sa paperasse. Mais je me rend vite compte que ce dossier sur le réseau m'est déjà connu : j'ai déjà étudié feuille par feuille ce truc. Pierre c'est foutu de ma gueule, il a juste voulu m'éloigner de cette affaire, mais pas pour la raison qu'il m'a dite... Si il savait à quel point j'aimais Lilou, il m'aurait drogué et c'est une certitude. J'ai l'impression que quelque chose de gros m'échappe.

Je commence à fouiller le petit bureau, soulever tous les objets sur la commode, vérifier les coins et les pointes afin de voir un bout de papier dépasser... Mais il n'y a rien.
Je m'assois sur le siège de Pierre en regardant l'état de son bureau. Puis en regardant la photo de sa femme, je le dis intérieurement qu'il n'avait pas qu'à cas me laisser là, il connaissait le risque. Il dis toujours d'ailleurs : tout risque est bon à prendre.

Tout risque est bon à prendre.

Je me répète à voix haute en regardant de nouveau sa femme : "tout risque est bon à prendre."

Sa femme. Un risque à prendre. Le réseau. "On pourra indiquer la position de la fille et du boss". Le boss.
Je récupère le classeur, et relis le plus vite possible toutes les feuilles, les témoignages, les articles...

Et je trouve un avis de décès : Anne Jiloprez, née Sanchez. (1969-1995).
Si cette avis de décès figure là, c'est que cette femme (du même nom que Pierre) est morte à cause du réseau.
Mais le réseau n'a débuté qu'en 1996.
Je prends la photo sur le bureau. C'est vrai qu'elle date. C'est un Polaroïd à première vu. Je le retire du cadre et trouve derrière une lettre. C'est une lettre d'amour destiné à Pierre. Elle est signée Anne.

Aucun doute, cette femme est sa femme.

Je recherche de nouveau dans le classeur à la recherche d'un article à propos de cette Anne.

Tout s'assemble avec horreur dans ma tête. Pierre savait que le plan de l'éloignement était déjà trop tard. Le réseau avait déjà repéré Lilou.
Pierre savait que si il me droguait je serai inutil, et donc que je ne trouverai pas d'idée. Motivé par l'envie de retrouver Lilou, je donnerai obligatoirement un plan malin et stratégique.

Sa femme est morte prématurément, sûrement tué par un membre du réseau.

Ou peut être même par le boss...

Pierre sait aussi que le boss ne se trouve pas à l'endroit où est détenu Lilou...

Il appelle Lilou : "la fille" ou "la victime"...

Il dirige les troupes seul...

Il va les conduire vers le boss et pas vers Lilou !

Il va laissé mourir Lilou !

Pierre n'a pas choisi une technique d'éloignement, il a fait la technique de l'appât !

Il faut absolument que je sorte d'ici !
Pierre devait se douter que je comprendrai, alors il a bloqué la porte.
Je regarde en l'air en espérant voir une conduit d'aération mais j'oublie que nous sommes dans un bunker. J'essaie d'ouvrir tout de même la porte avec une carte, puis un trombonne. Mais rien n'y fait, cette porte demeure fermée...

Ma Lilou n'est pas peur... Tom viendra sûrement te sauver... Peut être est tu déjà saine et sauve...

Je t'aime Lilou, je t'aime.. Si tu meurs ma Lilou je ne me le pardonnerai jamais...

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