Epilogue

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Les happys-end n'existent pas dans la vraie vie. J'en suis sûre.

Nous sommes le mardi 24 novembre. Alors que nos amis vont en sport, Tom et moi nous dirigeons vers les gradins des arbitres.

Les balles ont touchées un nerf important de la jambe de Tom. Ce féru de moto ne peut même plus espérer en conduire une pour les années à venir.

Pour moi, on m'a enlevé mon plâtre il y a deux jours, mais j'ai dis adieu à la gymnastique pour cette année. Je voulais rentrer à l'université sous le statut de "sportive de haut niveau". Cette année était la dernière où j'aurais pu espérer monter au niveau de la compétition national.

Quant à Armand, ça fait un mois qu'il a disparu. Personne, ni même Tom ne sait où il se trouve. Je sais pour la fusillade le jour où je suis rentrée à l'hôpital, Tom m'a expliqué.

Chaque mardi, quand je pénètre dans ce gymnase, je repense à lui. À ses dribbles qu'il faisait pour m'aider à m'entraîner. À son sourire qui me rendait folle quand il me narguait, la balle à la main. À toutes les fois où il m'assurait en escalade. Quand j'avais peur de descendre, il me demandait si j'avais confiance en lui. Je lui répondais oui et je sautais. Il était là...

Il me manque.

Je lui en veux. Je n'ai jamais eu autant besoin de lui. Jamais je n'ai autant eu besoin d'une personne.

"Lilou, tu peux me garder mon portable ?"

C'est Mathilde. Je lui prends son portable et le range.

En la voyant partir je me rappelle de la longue discussion que nous avons eu après que je sois rentrée chez moi. Elle n'arrêtait pas de pleurer en disant qu'elle n'arrivait pas à ne pas m'en vouloir... Qu'elle savait que ce n'étais pas ma faute ce qui était arrivé mais que c'était au dessus de ses forces. Elle m'a demander de lui laisser du temps. J'avoue ne pas comprendre sa réaction... Mais à dire vrai, je ne sais pas ce que Tom lui a dit. Ou peut être que comme Armand a disparu de la circulation, elle a besoin d'un fautif... Qui du coup devient une fautive...

C'est la psychologue scolaire qui m'a expliqué ça quand je lui ai dis que j'avais perdu ma meilleure amie et l'homme que j'aime en moins de deux semaines. Elle voulait entendre ma souffrance. En fait, toute l'école retient son souffle : tout le monde pense plus ou moins que je vais sauter du toit.

En fait, la seule chose que je veux c'est du calme. Oui, je voudrais redevenir cette fille souriante et moyenne que j'étais.

La fille banale qu'on croisait dans les couloirs. La quatrième de la bande de fille. La fille maladroite amie de trois bombes.

Alors, pour rassurer tout le monde, je souris, j'écris des articles, je fais me devoirs, je prépare mon projet d'avenir...

Mais comment tenir debout quand je suis sans cesse hantée par toutes ces images ?

Le match a commencé. Maël, qui est de l'équipe rouge, attrape le ballon au vol. Il le réceptionne et dribble avant de faire une passe à Maxence qui a réussit à échapper à Lorie qui défendait.

Maxence fait un passe-et-va avec Eva puis fonce. Il fait un double pas parfait et marque.

Tom hurle à côté de moi. 

Mathilde, de l'équipe bleue, râle contre Lorie puis prend la balle, fièrement brandi par Maxence.

Après un "salop" murmuré par Mathilde, celle-ci relance le jeu.

Alix attrape la balle et sprint jusqu'au panier adverse. Tous les autres joueurs courent derrière sauf Mathilde et Lucie qui hurlent des encouragements.

Après plusieurs allers-retours entre les paniers, Maxence récupère la balle. Mathilde l'empêche de marquer. Maxence perd la balle. Par rage il pousse mon amie qui tombe sur le dos.
Je siffle pendant que Tom fusille du regard Maxence.

Il descend aussi vite que sa jambe lui permet vers sa Mathilde.

Je profite de cette pause improvisée pour aller boire un peu. Je passe par l'arrière des gradins. En descendant les escaliers, j'aperçois une silhouette.

Mon cœur se met à battre plus fort.

La silhouette est assise sur une chaise et observe le match à travers les gradins. Quand je m'approche, la silhouette s'adresse à moi.

"Y a faute.

-Oui.

-L'erreur est humaine.

-Oui..."

Ma voie s'est brisée à mon deuxième oui.

Je sens des larmes couler sur mon visage.

Armand se lève.

"Non, non... Lilou... Ma Lilou... Ne pleure pas... Arrête... S'il te plait."

Il essuie mes larmes avec les paumes de ses mains. Je savoure cette caresse. Mais les larmes ne cessent pas pour autant.

Je pleure de joie de le voir. Ou peut être de tristesse ? Je ne sais pas...

Armand m'enveloppe de ses bras. Ils sont fermes et protecteurs. Il me pose un baiser sur le front alors que j'enfuie mon visage dans le creux de son cou.

Le match à repris. Après quelques minutes, mes larmes ont séchées.

"Où étais tu ?"

Il m'écarte un peu de lui et relève mon menton.

"Veux tu vraiment parler de ça maintenant ?"

Je ne sais pas. Mon envie de savoir est grande, surtout si il compte disparaître à nouveau. Mais justement, mon temps avec lui est limité. Tom va s'impatienter et descendre à son tour pour me chercher. Armand se sauvera.

Il me dira un jour... c'est sur.

Il pose sa main sur ma joue et caresse mes paumettes avec son pouce. Avec son autre main sur ma hanche, il me maintient près de lui.

Je le regarde droit dans les yeux. Je vois de la souffrance et de la sincérité.

Il se penche vers moi et pose ses lèvres sur les miennes.

Je me sens heureuse. Ce simple baiser a réussi à apaiser toute ma haine, mon incompréhension, mon sentiment de solitude.

Ses mains douces posées sur moi me font la promesse de ne plus m'abandonner, même si Armand repart encore.

Doucement, après recule ses lèvres des miennes mais laisse son front collé au mien.

"Lilou ?"

Armand se détache de moi doucement.

"Je t'aime Lilou."

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