Chapitre 53

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Une fois à la maison, tout me semblait fade et sans intérêts. Je pleurais comme une désespérée. Je n'en revenais pas d'être aussi faible et perdue. Ma vie était nulle sans mon mari et ma famille. Momar se sentait aussi mal que moi, nous nous échangions des paroles d'amour et d'espoir. Nous décidions de tout laisser entre les mains d'Allah et de nous concentrer sur notre avenir. En parlant d'avenir, j'avais repris ma session d'automne et j'étais très occupée avec les cours et les devoirs. Étant donné que j'avançais dans ma spécialisation, il me fallait dénicher un stage dans mon domaine, afin de mieux intégrer le marché du travail et surtout avoir de l'expérience à la fin de mon diplôme. J'étais déterminée, malgré les difficultés et les obstacles que je rencontrais. J'avais de bonnes notes et un de mes professeurs, m'avait proposé de postuler à une offre de stage dans un centre pour jeunes défavorisés. Il avait appuyé ma candidature et j'avais eu le poste. Il y'avait une période d'essai de trois mois sans salaires et une fois cette période passée, j'aurais un CDI et un salaire. Grâce à Dieu, toutes ces étapes étaient comme une formalité, je réussissais à mes examens et j'adorais le travail que je faisais. J'aimais parler aux patients et leur procurer un peu de réconfort et de l'espoir. Ils avaient tous un souci dans leurs vies. C'était juste difficile, pourtant ils essayaient de reprendre leurs vies en main.

J'avais hâte de partager mes journées avec mon mari. Il me manquait trop. Je dormais avec ses t-shirts, imprégnés de ses parfums. Ça me procurait beaucoup de bien, mais ce n'était pas assez. J'en voulais plus, j'avais besoin de mon mari à mes cotés. Et la seule façon de revoir Momar le plus vite possible était de déposer une pétition pour lui au U.S. Citizenship and Immigration Services (USCIS). C'était en effet la première étape afin d'obtenir un visa K3. Le visa K3 a été en fait créé pour permettre aux citoyens des États-Unis d'être en mesure d'amener leur conjoint étranger aux États-Unis. Suivant les conseils et recommandations de Tonton Hussein et de ses amis sur place, j'ai obtenu l'aide nécessaire pour y parvenir. Ils m'ont demandé de réunir tous les documents qui prouvaient que Momar et moi étions légalement mariés, et sans aucune contrainte. J'avais heureusement beaucoup de preuves concernant notre relation, notamment les photos que nous avions eu à faire durant le tout début de notre idylle (en 2003).

Lors de l'entrevue pour la pétition, l'agent qui m'avait reçue, tenait à s'assurer que le mariage était de bonne foi et surtout consommé. J'avais heureusement les photos de notre lune de miel et de mon séjour au Sénégal après le mariage religieux. Je croisais les doigts et attendais avec impatience leur décision. Entre temps, je continuais mes cours du soir, et allais à mon stage de fin de session. Tout se passait bien dans ma vie, sauf que mon mari me manquait trop. Je ne quittais jamais mon téléphone, je l'apportais même dans la salle de bain. Je ne voulais pas rater des appels de mon homme. Le fait d'être occupée et surtout d'aimer ce que je faisais au boulot, m'évitais de me morfondre. Le temps passait tellement vite, je ne m'en rendais même pas compte. Tata Cathy et Aminata étaient passées me voir aussi, pour un bref séjour de 15 jours. Je n'avais pas trop de temps pour elles, entre les cours, les examens et le boulot. Je n'avais pas une minute à moi, je courrais de gauche à droite. Tata Cathy m'avait apporté plein de nuisettes et de choses sexy pour rendre Momar fou. J'aime beaucoup cette femme. Elle me prenait tout le temps dans ses bras, c'est comme si j'étais toujours une petite fille devant ses yeux. Aminata avait commencé à travailler en France et elle était devenue une belle jeune fille, pleine d'assurance. J'étais tellement fière d'elle et de ses accomplissements. Elle ne faisait presque rien de répréhensible et obéissait toujours à tata Cathy. J'étais juste émue par tant de joie et d'entente dans notre famille. Il nous arrivait de parler de notre mère, et Aminata demandait à ce qu'on lui envoie de l'argent car elle avait beaucoup de soucis, et ce, bien avant le décès de Mamie Maguette. Tata Cathy, Tata Malaika et mamie Anta nous encourageaient à l'appeler et lui pardonner aussi. Mamie Anta disait qu'elle regrettait beaucoup ce qu'elle m'avait fait subir et souffrait de ne plus avoir de nos nouvelles. Je ne savais pas quoi penser.

Chronique de Maguy : le bout du tunnelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant