Après le divorce, papa a déménagé chez ma mamie Anta et nous a laissées aux Hlm Grand Médine. Il venait nous voir dès qu'il le pouvait et nous apportait beaucoup de cadeaux et biscuits. Mamie Anta aussi nous rendait visite très souvent en apportant du "Mbouraké". Aminata et moi nous battions pour prendre les plus grosses parts. Ma mère continuait à gérer sa vie, d'une façon calme et discrète, et nous laissait aux soins de sa soeur Khady.Elle voyait un homme marié (tonton Médoune) mais nous le présentait comme un "ami". Le divorce de mes parents ne m'affectait pas trop car je n'avais pas l'habitude de voir mon père tout le temps. J'allais à l'école Madibso. J'étais insouciante comme toutes les petites filles de mon âge.
Deux ans après leur séparation, mon père, revenant d'une de ses missions, nous annonça sa décision de se remarier. Maman était folle de rage. Ils se sont encore disputés et ma mère lui a jeté des assiettes.
Après son mariage, papa nous a présentées à sa femme, tata Cathy. Elle était très gentille et souriante. Il a été convenu que nous passerions tous les week-ends chez mon père, ou chez mamie Anta.
Ma mère, bien qu'ayant l'intention de se remarier, voyait d'un très mauvais oeil la complicité naissante entre tata Cathy et nous. J'avais alors 11 ans. Le fait que je sois la copie conforme de mon père commençait à la ronger, elle savait que j'étais la fille préférée de mon père. Elle ne supportait plus de me voir et voulant faire du mal à mon père, elle m'a envoyée à Mbour, chez ma grand-mère maternelle, mon homonyme. Mon père et mamie Anta l'ont su 2 mois après, car elle leur sortait plein d'excuses les week-ends pour expliquer notre absence. Elle a gardé Aminata et tata Khady m'a juste accompagnée jusqu'à Mbour et est revenue à Dakar.
J'ai donc dû aller vivre avec ma grand-mère et la grande sœur de ma mère, tata Kiné, dans la maison familiale à Mbour. Je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait et ma mère m'avait expliqué que c'était juste pour les vacances. La maison de mamie avait une grande cour, entourée par six appartements. Mamie vivait dans le sien, les cinq couples et leurs enfants partageaient les autres. Il n'y avait pas d'étages dans la maison. C'est la chose qui me frappait en premier quand j'y allais. Chaque famille avait construit son appartement dans un coin du vaste terrain. Je me rappelle encore du sable très propre que les femmes prenaient le soin de balayer et tamiser chaque jour, matin et soir. J'ai revu tonton Omar, le petit frère de ma mère et rencontré Moustapha, mon demi- frère.
C'était un choc au début car je ne savais pas que j'avais un frère. Je le rencontrais quand on allait à Mbour pour le fameux Kankourang mais on n'y passait juste deux jours. J'avais toujours pensé que c'était le fils de Tata Kiné. J'ai par la suite su que ma mère sortait avec un homme "casté" (désolée du terme) et que ce dernier a fini par l'engrosser en pensant que ça pousserait feu mon grand père à accepter leur union. Au contraire... Il a donné le bb à ma tante Kiné pour qu'elle l'élève et a envoyé ma mère à Dakar chez des parents pour la séparer définitivement de son amoureux. Le petit bb (Moustapha) devait être remis à la famille de son père, dés qu'il commencerait à marcher. Mais tata Kiné n'a pas voulu le donner, étant donné que son papa ne vivait plus dans la maison familiale.
Moustapha est donc resté avec la famille, élevé avec les enfants de tata Kiné. Il avait 19 ans quand je suis arrivée à Mbour. Il m'a automatiquement détestée. Je n'étais pas vraiment aimée d'ailleurs, ma tante me frappant tout le temps pour rien et ma grand-mère qui m'appelait "domou kharam dji" à chaque occasion. Seul tonton Omar et sa femme me témoignaient de l'affection. Mon père, ayant eu vent de la situation a appelé plusieurs fois sur le fixe, mais on ne me l'a jamais passé.
Un jour, ma tante Kiné m'avait encore battu comme à son habitude, juste parce que j'avais laissé tomber des miettes de pain sur le sable en prenant mon petit déjeuner.
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Chronique de Maguy : le bout du tunnel
Kurgu OlmayanC'est l'histoire de Ndeye Maguette, une jeune fille sénégalaise, dont les parents vont divorcer. Cette séparation sera la cause de tous ses malheurs et tourments.