Je me demande souvent si mes parents auraient aimé ce que je suis devenue. Une jeune femme timide aux cheveux roses, maniaque et sans relation sociale hormis avec sa cousine.Je ne suis pas retournée sur leur tombe depuis le déménagement. D'une certaine manière, je m'en veux. Je m'en veux de partir loin d'eux et de ne pas rentrer le soir pour leur raconter ma journée, mes états d'âme... Il y deux ans, ma vie était tout autre. Mes journées se résumaient à rester au chevet de mon père qui luttait contre son cancer, à soutenir de mes frêles épaules ma mère effondrée devant le visage amaigri de l'amour de sa vie.
A l'époque je savais. Chaque jour, quand mes pieds franchissaient les portes coulissantes de l'hôpital et que la forte odeur du désespoir mélangé aux médicaments et au désinfectant piquait mes narines, je savais que je venais pour lui dire au revoir. Chaque fois que j'entrais dans ces lieux, que les larmes brouillaient ma vue, je faisais un peu plus le deuil de mon père.
Mais il ne fallait pas que je pleure, pour maman je me retenais. Chaque jour je me répétais que si mon père n'était pas heureux, alors il ne vivrait plus longtemps. J'avais entendu des médecins dire que si un patient était heureux, il avait plus de chances de guérison. Alors je me reposais sur cet infime espoir.
Après la mort de mon père, je ne me souviens plus très bien des détails. Mais je sais que la théorie des médecins était fausse. Je me rappelle que maman a beaucoup pleuré, je me rappelle de la pitié dans le regard des gens à son enterrement. Quelques mois plus tard, maman est tombée gravement malade et à rejoint papa dans leur paradis. Je me dis parfois que c'est mieux ainsi. Qu'au moins elle est avec celui qu'elle aime, qu'elle ne souffre plus et lui non plus.
Je me rappelle que je n'ai pas pleuré, pas une seule fois. Les gens ne comprenaient pas et ne comprennent toujours pas. Je ne fais pas partie des personnes qui pleurent quand elles en ont envie, je fais partie de ces personnes qui gardent la douleur à l'intérieur. Peut-être que je garde la douleur pour avoir un souvenir d'eux, je ne sais pas. A cette époque je venais juste d'atteindre la majorité, alors ma cousine Kat plus âgée de cinq ans, m'a pris avec elle.
Et me voilà, un jour de congé bravant la chaleur accablante du soleil à son zénith et la foule bruyante pour aller rejoindre Kat. J'ai horreur de la foule, ce sentiment gênant d'être épié, ces bouffées de chaleur qui vous gagnent quand les corps sont agglutinés et la désagréable impression que vous avancez seulement d'un mètre toutes les minutes. Je pense que je suis légèrement asociale, mais je ne suis pas sure. Comment l'être ?
J'arrive enfin devant ce petit bar-restaurant que nous avons baptisé le Panda, à cause des motifs panda sur les serviettes. Kat, aime s'asseoir sur la terrasse aux chaises multicolores et écouter les bruits de la ville. Elle aime regarder ce pauvre pigeon qui vient manger les miettes qu'on lui lance pour nous distraire. Elle est assise sur une chaise bleue et sirote sa boisson, ses cheveux blonds sont tirés en un longue tresse qui dévale ses épaules dénudées, sa peau halée brille sous le jour qui passe à travers le feuillage des arbres.
Je soupire, soudain complexée par mon teint aussi blanc qu'un cadavre. Pas de ma faute si ma grande passion n'est pas de bronzer ou aller cuire sous le soleil dans l'espoir de prendre des couleurs et me fondre dans la masse.
Je m'assieds lourdement en fasse d'elle.
« T'en as mis du temps. Tu t'es encore perdue dans la foule ? Se moque-t-elle.
- Bonjour à toi aussi Kat.
Elle se penche légèrement au dessus de la table, comme si elle voulait me dire un secret.
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From the other side of the Wall [EN PAUSE]
FanfictionUne cloison. C'est tout ce qui me sépare de mon mystérieux voisin. Je ne connais pas son nom, il ne connait pas le mien et pourtant, nous sommes quand même tombé amoureux. Une courte histoire d'amour qui passe outre les barrières du physique. Car...