From the other side of the Wall [EN PAUSE]

Cinq

Précédemment : 

Sa barbe naissante, qui recouvre ses joues rondes lui donne un certain charme. Mais la chose que j'aime le plus, c'est cette remarquable couleur rouge pétante qui colore ses cheveux.

*****

Michael, c'est son nom.

Il est le neveu de Monsieur Delon. Cela explique son assurance et sa familiarité auprès de la secrétaire, qui écoute d'une oreille attentive les péripéties du jeune homme.

Ayant eu assez d'informations, je me détourne de lui et reprends mon travail. Enfin, je fais semblant d'avoir quelque chose de mieux à faire. Je n'ai pas envie de passer pour cette fille désespérée qui regarde le neveu du patron les yeux pleins d'admiration car il s'assume comme il est. Et puis, ça se trouve c'est pour un pari qu'il a cette couleur...

Finalement, je soupire et me remets au travail. Je fais défiler des photos de lieux paradisiaques, de monuments cultes pour donner un coup de pouce à mes éventuelles idées. Toujours en triturant un élastique, je note quelques ébauches sur un post-it.

Je ne relève toujours pas la tête quand j'entends Michael se présenter à mes collègues. A quoi bon, bientôt il fera partie de leur petit groupe d'hypocrites qui parlent tout bas une fois que vous avez le dos tourné. Je connais trop bien ce genre d'énergumène, c'était pareil au lycée.

Les conversations s'arrêtent, des pas se rapprochent. Je continue de tirer sur ce pauvre élastique en fixant l'écran de l'ordinateur.

«  C'est un élastique antistress ? Me questionne le nouvel arrivant.

Michael est penché au-dessus de mon bureau, visiblement intrigué par mon activité.

- Euh, non. Je réponds simplement.

Un sourire accroché aux lèvres, il se redresse et me tend la main.

- Enchanté, je suis Michael. Ton nouveau collègue. »

Pourquoi faire des efforts avec lui alors que je n'en ai pas fait avec les autres ? C'est ridicule, bientôt il participera à leur petite réunion de potins du mois. Je fixe sa main un instant mais me contente finalement de hocher la tête dans sa direction en signe de « salut ». L'air déçut, il retire sa main et s'assoit dans le bureau en face du mien.

Un silence inconfortable s'installe entre nous. De légers picotements viennent chatouiller ma nuque quand je sens son regard insistant, mais je ne relève pas la tête pour soutenir ses yeux jade.

«  J'aime la couleur de tes cheveux.

Cette fois-ci, je le regarde. Il semble sérieux.

- La tienne n'est pas mal non plus. Je réponds. »

Et c'est ainsi que la conversation s'achève. Nous avons continué chacun de notre côté le boulot que nous avions à faire, se lançant parfois quelques regards curieux. Peut-être que je l'ai jugé à sa couverture moi aussi ?

Ne trouvant pas d'inspiration pour le dossier à rendre je décide de retoucher, retravailler des photos prises lors de voyages, que l'on venait de m'envoyer.

Je n'ai pas vu mon patron de la journée et quelque part, c'est mieux ainsi. Je me voyais mal lui expliquer que c'était mon voisin qui avait mis sa vidéo porno au milieu d'un entretient dans le but de me faire déménager.