PROLOGUE

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Mon nom est Sophie Kalls, j'ai vingt et un an, je suis née le quatre juillet 1995 à Lyon où j'ai vécu une vie parfaitement normale jusqu'à ce qu'un terrible événement se produise il y a de cela quelques mois. Événement que j'ai apparemment moi-même provoqué et qui m'a donc directement conduit dans cette chambre d'hôpital. C'est à peu près la version des médecins, mais la mienne est bien différente...



Je m'appelle Fi mais je ne sais plus si c'est bien mon prénom, j'ai soixante-six ans car ces derniers jours me semblent être des années, ma date de naissance je l'ai oublié mais je vous laisse faire le calcul. J'ai mené une vie très mouvementée, j'ai combattu des pirates en mer, sauvé des enfants de leurs nourrices psychopathes, protégé des bébés chats contre des renards, fais le tour du monde en bateau, visité trois fois chaque pays, acheté dix châteaux, visité la lune et encore tant d'autres choses ! Mais maintenant me voilà enfermée, prisonnière de cette cellule blanche où seule une étroite fenêtre laisse entrer la lumière du monde, du vrai monde.

Plusieurs fois par jour des hommes et des femmes vêtues de blanc viennent me rendre visite, ils me disent des choses que je ne comprends pas, des fois ils s'énervent et me crient que je ne veux pas comprendre. Ils me donnent des pilules qui me font un drôle d'effet et une nourriture plutôt bas de gamme si vous voulez mon avis. Et puis il y a le vendredi, c'est le seul jour où je suis autorisée à aller à l'extérieur, dans le vrai monde. C'est mon jour préféré de la semaine, Irmène, une jeune infirmière, s'occupe de moi tout au long de cette journée spéciale, elle me parle et m'écoute et quelques fois elle m'offre un cadeau. Plusieurs fois j'ai essayé de lui demander pourquoi j'étais là et quand est-ce que je pourrai réintégrer le vrai monde. Elle adopte alors toujours cette moue désolée et me répond qu'elle ne peut pas me le dire, que c'est à moi de me souvenir et qu'elle ne sait pas quand je retrouverai ma liberté.

Il y a aussi cet homme, Joe. Il vient me rendre visite de temps en temps, il est très gentil. Il me demande toujours comment je vais et il me raconte des moments de sa vie. Ça me fait toujours plaisir de le voir. Un jour il m'a dit qu'il était mon père, je ne l'ai pas cru et ça l'a fait pleurer. Il pleure souvent et je n'aime pas ça, ça me rend triste. Une fois aussi j'ai essayé de lui demander pourquoi j'étais là, enfermée dans cet hôpital, il m'a regardé tristement et après un long silence il a répondu qu'il ne savait pas. Il est gentil Joe, mais il ne sait pas mentir. Quand j'ai vu la tristesse dans ses yeux après avoir posé cette question, j'ai compris que j'avais dû faire quelque chose de grave. Mais quoi ?

ThérapieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant