- Salut Jo, lançais-je lorsque la porte s'ouvrit sur un homme de petite taille, mince et aux traits marqués.
- Bonjour Sophie. Comment vas-tu ?
J'ignorais la question, qui était d'ailleurs plus une formule de politesse qu'une réelle question.
Ils'avança jusqu'à la table de chevet et déposa des gentianes dans le vieux vase ébréché. Je n'ignorais pas la signification de ses fleurs, « en me fuyant, vous me faîtes souffrir »,mais je préférais penser que Jo n'y connaissait rien en botanique et qu'il les avait donc choisi par hasard.
Il se tint quelques minutes près du lit, sans bouger, sans oser me regarder. Toute la tristesse du monde semblait reposer dans ses yeux.
- Tu sais, Sophie, je compte finalement vendre la maison. Mon maigre salaire de menuisier ne me permet plus de payer son loyer, et puis sans toi et Francine je ne vois plus l'intérêt d'y habiter. J'ai déjà trouvé un nouvel appartement, ce n'est pas très grand mais ça me convient très bien et ne t'en fais pas, ce n'est pas très loin d'ici alors je pourrai toujours te rendre visite !
Je ne me souvenais pas avoir un jour visité la maison de Jo, pourtant je pouvais parfaitement me la représenter. Elle était assez modeste, éloignée de la route et de la ville en générale, ses volets étaient peints d'un vert flamboyant et les fenêtres étaient entourées de lierre. Lorsque l'on pénétrait dans la maisonnette une odeur singulière nous emplissait les narines ; celle du bonheur éphémère, trop vite consumé. Le salon était peu éclairé et seul le canapé qui trônait au milieu de celui-ci semblait digne d'intérêt. Un couloir étroit menait vers deux chambres, l'une possédait un lit double et une commode, et l'autre, qui attirait particulièrement mon attention était joliment décorée, les murs étaient peints en lilas et le lit simple à baldaquins semblait plongé dans l'attente de son propriétaire.
Une maison bien étrange.
- J'espère que tu comprends ma décision et que tu ne m'en veux pas...continua-t-il.
Il n'y avait rien à comprendre et je n'avais aucune raison de lui en vouloir, c'était sa maison, pas la mienne. J'espérais juste qu'il tiendrait sa promesse et qu'il continuerait à me rendre visite car cela me faisait du bien de parler à quelqu'un de « l'extérieur ».
Jo se racla la gorge, il était sans doute déconcerté devant mon silence, il s'attendait sûrement à une réaction de ma part suite à son annonce. Je lui adressais alors un léger sourire afin de lui signifier que non je ne lui en voulais pas. Il sourit à son tour,visiblement soulagé et reprit :
- Lorsque tu seras sortie d'ici tu pourras venir vivre avec moi, comme avant,ou si tu préfères on pourra te trouver un appartement, pas très loin de chez moi, bien sûr... Et on pourra reprendre nos vies, comme avant !
Je sentis un soupçon de rage envahir mon corps, j'eus envie de lui hurler que non, rien ne redeviendrait comme avant puisqu'il n'y avait pas d'avant. Soudain je souhaitais qu'il quitte ma chambre, lui et tous ses espoirs futiles qui ne mèneraient à rien de concret. Au fond de moi je ne croyais plus que je quitterais un jour cet hôpital,peut-être d'ailleurs ne l'avais-je tout simplement jamais crût.Pour ne pas le vexer je décidais de ne rien laisser paraître de mes terribles pensées.
- Les infirmières organisent une activité demain après-midi, une« séance cinéma » comme elles l'appellent, lançais-je dans l'espoir de changer de sujet.
- C'est une très bonne idée ! Quel sera le film ?
Je ne sais pas encore, mais j'imagine que ce sera un dessin animé ou quelque chose dans le genre puisque même les plus petits y sont conviés.
- Tu envisages d'y participer ? Je veux dire ce serait bien pour toi,Sophie.
- Oui je pense y aller, comme ça je pourrai te raconter le film par la suite.
Il sourit, heureux de constater que je faisais des efforts.
Il me parla des derniers films qu'il avait vu, ce qu'il en avait pensé et ce qu'il avait ressenti, parfois de la tristesse lorsqu'un personnage auquel il s'était attaché mourrait, parfois de la joie lorsque tout finissait bien.
Vint ensuite l'heure pour lui de me quitter et de rentrer chez lui, il me promit de me rendre visite très prochainement et mon cœur se serra.
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Je suis désolée de ma longue absence, j'ai dû réécrire plusieurs fois ce chapitre car je n'en étais pas satisfaite.
J'espère qu'il vous aura plu, je vous encourage à voter pour mon histoire et à me laisser un commentaire !
Merci !
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Thérapie
General FictionMon nom est Sophie Kalls, j'ai vingt et un an, je suis née le quatre juillet 1995 à Lyon où j'ai vécu une vie parfaitement normale jusqu'à ce qu'un terrible événement se produise il y a de cela quelques mois. Événement que j'ai apparemment moi-même...