Chapitre 1

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   Le petit déjeuner avait été horrible une fois de plus. Un gruau infecte servit avec ce qui ressemblait à du pain rassi. Je devais,malheureusement m'en contenter et je doutais fort que le repas du midi soit meilleur... Mais il y avait bien longtemps que j'avais réalisé que je n'étais pas dans un hôtel restaurant cinq étoiles mais bien dans un hôpital. Outre la nourriture peur ragoutante, la propreté laissait elle aussi à désirer, il n'était pas rare de croiser des cafards dans la salle de bain. Inutile d'aborder le sujet de la décoration... Un léger coup à la porte me fit sortir de mes réflexions.

- Bonjour mademoiselle Kalls, je viens pour changer vos draps et nettoyer votre chambre, pendant ce temps vous pouvez attendre dans la salle commune. Une infirmière va vous y conduire, déclara une femme de ménage que je n'avais encore jamais vu.

Je hochais vaguement la tête et attendit l'arrivée de l'infirmière.Je n'eus pas patienter longtemps et fis le trajet en chaise roulante alors que j'étais parfaitement capable de marcher. Arrivée à la salle commune je fus heureuse de constater qu'elle était vide de toute présence humaine. L'infirmière me quitta en promettant de revenir me chercher dans une « petite heure ». Je n'étais pas sûre de savoir ce que signifiait « petite » pour l'infirmière mais j'aurais pu jurer que nous n'en avions pas la même définition.

La salle commune était essentiellement meublée par du vide, des chaises et des livres. Un espace réservé aux enfants y avait été aménagé quelques mois auparavant, il était séparé de celui des adultes par une muraille de cubes en plastique de type Légo. Les murs de la salle étaient peints d'un vert hideux et le sol était recouvert d'une matière inqualifiable. Mais étrangement la laideur des lieux ne me dérangeait pas plus que ça, certes je la voyais,mais au fil du temps j'avais su l'accepter, je trouvais même que les patients finissait par ressembler à l'hôpital, ou peut-être était-ce l'inverse ?

Une fois de plus une infirmière me tira de mes pensées sordides en pénétrant dans la pièce. Elle s'arrêta net en me voyant.

- Bonjour, vous êtes toute seule ici ? Lança-t-elle.

- Apparemment, lui répondis-je.

- Pourquoi n'êtes vous pas dans votre chambre ?

- La femme de ménage la nettoie, une infirmière m'a donc conduite ici.

L'infirmière soupira bruyamment, je comprit en voyant la tasse de café qu'elle tenait entre ses mains qu'elle était venue ici pour se détendre, seule, de préférence. J'avais visiblement compromis son plan. Malheureusement pour elle je ne pouvais pas juste changer de pièce et la laisser en paix puisqu'on avait exigé de moi de rester ici. A contre cœur l'infirmière s'avança jusqu'à l'un des fauteuils défoncés et s'y laissa choir. Elle soupira une fois de plus et porta le café à ses lèvres. Lorsqu'elle eut fini elle posa la tasse sur la table voisine et me fixa.

- Quelle vie de merde, lâcha-t-elle.

Sur ces belles paroles elle se leva et quitta la pièce, laissant là la tasse vide. Je ne compris pas pourquoi elle avait dit cela, mais sur le moment ça me parut tellement juste que je ne me posais pas la moindre question.

Après une « petite heure » la femme qui m'avait conduite à la salle commune finit par venir me chercher et me ramena jusqu'à ma chambre. Je constatais avec joie que la femme de ménage avait bienfait son travail. Une fois seule dans la pièce je me laissais tomber sur le lit. Mes yeux se fixèrent sur une tâche au plafond. Je repensais à ce qu'avait dit l'infirmière de la salle commune.« Quelle vie de merde ». Justement, quelle vie ? La sienne ? La mienne ? Les nôtres ? Une chose m'avait intriguait chez elle, j'avais l'impression qu'elle m'avait reconnu...Ou qu'elle savait, mais quoi ?

ThérapieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant