-Niall n'est qu'un p'tit con ..
Me murmure ma petite soeur. Entre deux sanglots, ses si mauvais mots venant d'une si jeune personne, me font rire.
-Mais non, dis pas ça.
Lui répondis-je, tout aussi fort.
-Alors pourquoi tu pleures ?
-C'est une très longue histoire..
Sa naïveté est très mignonne et me rappelle celle de Niall. Ma mère me serre à souper, même si je n'ai pas faim, malgré que je n'aie pas mangé de la journée. Niall aurait mangé mon assiette à ma place, s'il avait été présent. Je reste silencieuse sous les tas de questions de ma petite soeur. Au bout d'un moment, ma mère elle -même lui demande de me laisser tranquille. Je ne veux rien raconter, même si mon père doit y voir clair grâce au mail que je lui ai envoyé.
Je ne vais me coucher qu'aux petites heures du matin, malgré qu'à force de pleurer je tombe très fatigué. Je passe la soirée et une partie de la nuit avec Sunset, dans son box. J'ai l'impression qu'il me boude d'être parti si longtemps. Il ne vient pas le voir comme il le fait toujours. Ça me fend le coeur, mais je reste quand même à ses côtés. Je vais recommencer à travailler avec lui demain. Parce que je dois me changer les idée de Niall qui est coincé dans ma tête.
Quand je pénètre mon lit froid, je ne peux m'endormir. Je ne fais que penser à Niall. À deux heures du matin, je me dis qu'il doit être bientôt arrivé en Norvège, s'il n'y est pas déjà. J'espère qu'il trouvera sa guitare. J'espère qu'il verra le message. J'espère qu'il ne m'en voudra pas. J'espère qu'il ne pleurera pas. Malheureusement, le dernier choix est le plus improbable. Le voir pleurer me brise habituellement le coeur et seulement l'imaginer faire m'amène à pleurer un peu plus à mon tour.
Finalement, je ne dors pas de la nuit. J'ai le visage de Niall qui vient me hanter et j'entend cette chanson qu'il nous a écrite à répétition. Je le veux à mes côtés. Quelle décision stupide que j'ai pris. Pourquoi suis-je revenue ? Je suis faible. Je n'ai plus de doutes.
Je me lève avec le soleil en sachant que je ne pourrais pas dormir de toute façon. Je suis la première de la maisonnée à me lever. Je me prépare deux toasts à la confiture, mais je n'ai pas assez faim pour déjeuner. Je vais faire un tour dans le box de Sunset qui est encore tout endormir. Il fait le saut et recule quand je vient pour ouvrir la porte, mais s'avance en voyant que c'est moi et que j'ai de la nourriture dans les mains. Je lui donne mes deux toasts, qu'il mange avec envie. C'est un petit goinfre, celui-là.
Je passe l'avant midi avec lui. L'après-midi est particulièrement chaud, pour l'automne. Je décide donc d'aller prendre une marche à la plage, à pied. J'y amène mon poulain qui est particulièrement nerveux, comme à son habitude. Il sera pas un cheval doux et facile comme Gallilé, même dressé. J'adore ça.
La plage est presque vide, puisque les salarier travaillent, les étudiants sont à l'école et les voyageurs saisonniers sont soit parti, soit pas encore arrivé. J'essaie de désensibiliser Sunset avec tout ce que je trouve autour de nous : branches, eau, gazon, sable, roches. Il a une peur obcessive des oiseaux. Dès qu'il en remarque, je le vois se cramper vers le sol, prêt à déguerpir au grand galop. Son caractère me rappel un peu ce grand idiot de Niall.
Je prend l'habitude d'amener Sunset au bord de la plage chaque après midi, jusqu'au couché de soleil. Comme je le faisais avec Niall. Semaine après semaines, il devenait de moins en moins nerveux et ça m'enlevait du travail à faire sur le poulain. Pourtant, chaque jour, j'ai du mal à me lever. Je suis toujours un peu plus fatigué. De plus en plus je développe des courbatures que je ne devrais pas avoir et me sens faible, car je ne mange pas assez. Je continue tout de même à aller à la plage avec Sunset chaque après midi. Je m'y force. Jusqu'à ce que mon père me dise d'arrêter et m'enferme dans ma chambre avec un régime au bouillon de poulet.
J'ai l'impression d'avoir la grippe. La plus grosse que je n'ai jamais eu. Mon père refuse que je sorte de ma chambre en disant que je pourrais contaminer quelqu'un, mais j'ai besoin de sortir. Je le sens au fond de moi, je déteste rester à l'intérieur.
Au beau milieu d'une journée, j'essaie de me lever pour sortir à l'extérieur, mais je n'arrive pas à ma porte que je m'effondre sur le sol. Mon père est venu m'aider à retourner à mon lit, paniqué. Je dépéris.