La petite serveuse du vampire

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Naola et ses parents discutèrent plus d'une heure pour élaborer la solution qui leur sembla la plus viable. L'adolescente retournerait au Mordret's Pub pour la rentrée, puis elle prétexterait ne pouvoir suivre le rythme des cours et de travail pour démissionner. Afin de prévenir tous soupçons de la part de la créature, la jeune fille passerait quelques mois à l'internat avant de retourner vivre avec sa famille. Naola, se garda de préciser qu'elle comptait bien mettre ce temps à profit pour tirer au clair les combines de Mordret. D'une façon ou d'une autre, elle saurait si le vampire l'avait autant baladée que le prétendaient ses parents. Elle aviserait le moment venu, si ces allégations s'avéraient n'être qu'une manœuvre pour la faire revenir chez eux.

« Si le vampire te fait la moindre remarque qui puisse te laisser penser qu'il refusera que tu t'en ailles, tu fuis. Nous sommes bien d'accord ? répéta Hyzerfrid, pour la troisième fois.

— Oui, maman, je ne prendrai pas de risques, répondit Naola.

— Tu me le promets ?

— Promis.

— Viens là », souffla la mère en attirant sa fille contre elle.

Elles avaient toutes les deux leurs capes sur les épaules. La tempête dehors s'était calmée et la journée touchait à sa fin.

« Sois prudente », ordonna son père d'une voix râpeuse.

La jeune fille hocha la tête, la gorge nouée.

« Tout va bien se passer. »

La lieutenante Viickhel, qui avait eu la décence de ne plus interférer dans leurs affaires avec ses conseils alarmistes, tendit son bras au couple et ils disparurent aussitôt. Naola poussa un soupir tremblant et se passa les deux mains sur le visage avant de se retourner vers Jérôme. L'antiquaire, toujours posté près de l'âtre, s'était montré très discret. Il adressa un sourire incertain à la jeune fille, en s'étirant, l'air satisfait.

« Pff. J'aurais jamais cru que tu serais suffisamment concerné par mon sort pour t'embarquer dans un truc pareil, murmura Naola, gênée.

— Faut croire que si.

— Merci.

— Y'a pas de quoi. »

L'adolescente se détourna pour qu'il ne la voie pas rougir. Elle attrapa son hexoplan, puis proposa :

« Un dernier vol et on rentre ?

— Vendu ! »

Après une ultime course au ras des vagues, que Naola gagna haut la main, Jérôme les transféra à Stuttgart, frigorifiés, humides d'une bruine d'embruns salés, mais hilares.

Naola se colla à lui, transie de froid et frissonnante. Il la garda contre son torse pour la réchauffer.

« Je veux voler encore... » souffla la jeune fille, les yeux fermés.

Elle avait besoin de se saouler de vitesse. Elle voulait être ivre pour ne plus penser au lendemain, à Mordret, à ses parents, à sa situation.

« Demain, à ton école, non ? demanda Jérôme en l'écartant doucement de lui.

— Pour les cours, ouais... Mais les cours, c'est pas voler, grogna l'adolescente. Viens, je veux te montrer un truc pour te remercier », ajouta-t-elle en lui prenant la main.

Il les avait transférés non loin de sa boutique, à proximité des Halles Basses. Naola leva la tête. Ici, il faisait beau. Le soleil courait vers son lit, mais il restait encore une bonne heure avant qu'il ne soit vraiment couché. Naola rangea sa machine dans l'espèce de sac dorsal qu'elle avait acheté avec. Des lanières de cuir serrèrent l'engin dont les ailes se plièrent partiellement. Ainsi, elle pouvait le trimbaler n'importe où sans trop perdre de mobilité.

Bienvenue au Mordret's Pub - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant